La crise en Irlande est une occasion de devenir réellement libéral
La situation du pays au trèfle ouvre la possibilité que l’Irlande devienne un pays réellement libéral pour son plus grand bienfait et celui du reste de l’Europe. Hélas il semble que l’on n’en prenne pas le chemin au vu des dernières heures de discussion. Dommage.
Un système qui pratique un pseudo-libéralisme et un vrai égoisme social et national
Pourtant l’Irlande se réclame du libéralisme. Combien de soi-disant apôtres du joli-marché-qui-rend-heureux pour piquer une expression au blog de CSP, nous bassinaient les oreilles à longueur de temps avec le modèle irlandais ? En faisant peu d’impôts donc peu de solidarité et de redistribution, en laissant tout se marchandiser, tout va bien dans ce pays disaient-ils. Il y avait aussi ces français qui partaient pestant trouver meilleur destin entre les dents du tigre celtique, tout en revenant tout de même, faut pas déconner, se faire soigner en France. Il y avait les délocalisations de sièges d’autres parties de l’Union Européenne vers Dublin. Oh il ne s’agissait pas seulement d’entreprises françaises, belges ou allemandes, horribles modèles à forte protection sociale, qui partaient la-bas mais aussi par exemple du britannique Essenta Foods.
Et puis le pays n’avait que des gouvernements se réclamant du libéralisme de droite, l’alternance se faisant entre FIne Gael ( Droite européenne et libérale) et le Fianna Fail (Droite eurotiède et libérale), actuellement en charge du pays. Du côté des autres partis, les verts locaux tenant plus plus de Brice Lalonde et Corinne Lepage que de Cohn-Bendit ou Cécile Duflot, le parti travailliste joue les seconds rôles et l’extrême-gauche est surtout composée des extrêmistes allumés du Sinn Fein.
Bien mais voila que le super système Irlandais se réclamant du libéralisme qui n’a pas besoin de l’état ressent pourtant un besoin de sous publics. De beaucoup de sous.90 milliards d’euros. De nos sous, de ceux des contribuables Européens notamment. De cette Europe à qui l’Irlande a dit non plusieurs fois. De ces Etats qu’on accusait d’être trop gros. Contre qui on faisait jusqu’alors du dumping fiscal. Aujourd’hui l’Irlande, après, comme le rappelait la une du Guardian d’hier, avoir baratiné pendant une semaine (façon droite grecque lorsqu’elle était au pouvoir) sollicite pour renflouer ses banques, dirigées généralement par des types ayant fait la promotion de la liberté de faire tout et n’importe quoi.
Bien mais où est ma défense du libéralisme dans tout ça ?
J’y viens. La crise Irlandaise n’est pas une crise du libéralisme mais d’une tartufferie ou disons le plus clairement d’un grand foutage de gueule : Les profits sont privés, les pertes sont publiques, les chômeurs se doivent d’être responsables, les banquiers jamais, les Etats se doivent d’être modestes mais on a besoin de l’argent d’autrui en cas de coup dur, l’Europe c’est moyen sauf quand il s’agit d’appeler à l’aide etc...
Ce qu’est le libéralisme
Il serait temps de redonner au libéralisme sa vertu première : La liberté d’agir n’est conjuguée qu’à la responsabilité quand on fait des bêtises.
Par exemple, l’Irlande, qui s’y refuse pour l’instant et préfère faire payer sa population, ne devrait pas avoir pas un centime d’euro ou pas un penny britannique avant de réformer son système fiscal qui est l’une des raisons pour laquelle elle a besoin de sommes aussi colossales.
Il faudra aussi que ce pays, l’un des plus eurosceptiques de l’Union, cesse absolument de demander systématiquement des exceptions en matière financières et freiner l’harmonisation fiscale européenne. C’est justement parce que d’autres ont été moins irresponsables et plus européens que la nation au trèfle va pouvoir s’en sortir espérons-le. DSK a raison lorsqu’il souhaite une Europe avec plus de cohésion fiscale et sociale.
Si l’Irlande avait été réellement libérale, elle n’aurait pas fonctionné sans filet de sécurité, ni pour ses banques, qui se tournent vers l’Etat honni, ni pour ses millions de citoyens avec une protection réduite au minimum, qui affrontent et vont être de plus en plus nombreux à affronter le chômage.
Le vrai libéralisme c’est permettre à chacun de maitriser son destin, pas permettre à une poignée de banquiers de faire n’importe quoi avec l’argent des autres en toute impunité et faisant payer le reste de la population. Le vrai libéralisme, c’est que ceux qui ont fauté soient punis.Le vrai libéralisme c’est oui à la liberté d’entreprendre mais aussi à l’éducation pour tous, y compris dans le supérieur si besoin, pour que tous soient sur la ligne de départ. Le vrai libéralisme c’est jouer avec les même armes que les autres dans la compétition économique. Le vrai libéralisme, c’est un impôt sur les successions non spoliateur mais qui permette aussi plus d’égalité à la naissance.
Et si la crise était l’occasion pour l’Irlande de devenir réellement libérale ?
ps : rien à voir mais une excellente nouvelle est tombée sur un cas tragique que j’avais évoqué il y a quelques jours : Asia Bibi est libre !
31 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON