Plus de cinq mois après les élections législatives (anticipées) du 13 juin, la crise politique belge poursuit son petit bonhomme de chemin, tranquille, comme s’il n’y avait pas la moindre urgence. Le gouvernement démissionnaire - « en affaires courantes » - continue son petit bonhomme de chemin avec des hauts et des bas, comme si de rien n’était, alors que ses pouvoirs sont limités, particulièrement en matière budgétaire.
Les Flamands, emmenés par la N-VA suivie de son caniche CD&V, osent affirmer sans complexe leurs exigences autonomistes. Les francophones, emmenés par le PS suivi de ses deux caniches CDH et Ecolo, n’osent pas poser les leurs, tétanisés qu’ils sont par l’image du futur que leur impose la Flandre.
Depuis le 13 juin, on a palabré, la plupart du temps dans le vide. Les trois précédentes missions dites « royales » ont échoué et il est à prévoir que celle en cours échouera elle aussi. Il y a eu un pré-formateur (Elio Di Rupo, président du PS), un clarificateur (Bart De Wever, président de la N-VA) ; deux médiateurs (les présidents de la Chambre et du Sénat) et depuis un bon mois un conciliateur (socialiste flamand) dont la mission première était de restaurer la confiance entre les sept partis négociateurs (quatre flamands et trois francophones).
Une feuille de route semée de chausse-trapes
La première pierre d’achoppement, en fait la priorité des priorités flamandes, n’est autre que la réforme « copernicienne » du financement des régions qui verrait le centre de gravité de l’Etat Belgique passer du pouvoir fédéral vers celui des Régions et Communautés. Tant qu’il n’y aura pas de consensus sur une formule… imposée par les nordistes, on n’ira pas plus loin.
Après cette première étape – un passage du Rubicon pour les sudistes – deux gros obstacles devront être franchis : les transferts de compétences fédérales aux Régions et l’inénarrable scission de « BHV », le dernier bastion bilingue de la Belgique de papa. C’est seulement ensuite que devrait être abordé l’importantissime volet socio-économique et son corollaire, une économie de 22 milliards d’euros à réaliser en trois ou quatre ans.
La route est donc encore longue et difficile. Alors, pourquoi se presser ? D’autant que le résultat est plus qu’aléatoire.
Un long fleuve tranquille
Les crises font tellement partie du paysage politique en Belgique qu’elles n’effraient plus personne. L’opinion publique, résignée et saturée de ce divorce qui n’en finit pas, se désintéresse de plus en plus de la chose publique. Quant au monde politique, il paraît se complaire dans une guerre de tranchées où toutes les astuces dilatoires sont bonnes pour faire durer le plaisir de ne pas devoir agir.
L’accord n’est pas pour demain
Il est de coutume de dire que « tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout il n’y a d’accord sur rien ». Le paquet est à prendre ou à laisser. Dans ces conditions, il est évident qu’il n’y aura pas de nouveau gouvernement en 2010 tant il reste de points très chauds à négocier entre le nord et le sud. Le record de durée – 189 jours en 2007 - sera ainsi pulvérisé. Un triste record.