La discrète victoire commerciale de Londres sur Bruxelles
En début d’année, les Bremainers contrariés avaient sauté sur les statistiques du commerce extérieur de la Grande-Bretagne du mois de janvier (avec la chute de 41% des exportations britanniques vers l’UE) pour montrer les prétendues conséquences néfastes du Brexit. Non seulement leur interprétation d’alors était mauvaise, mais les statistiques suivantes sont toujours favorables à la Grande-Bretagne…
Plus de croissance après le Brexit
Bien sûr, comme je le précisais en avril, les statistiques mensuelles doivent être prises avec des pincettes, surtout quand il y a beaucoup d’évènements importants qui peuvent les affecter. Et il faut reconnaître qu’entre le Brexit et la pandémie, nous avons notre lot de circonstances totalement extraordinaires. Les statistiques du commerce extérieur britannique pourront être mieux évaluées en fin d’année. Mais le discours des Bremainers à la première statistique mensuelle était doublement ridicule. Vouloir tirer une quelconque leçon de ce mois totalement atypique était absurde. Il était évident qu’importateurs et exportateurs avaient anticipé l’échéance, rendant la forte baisse des échanges en janvier totalement prévisible.
Ensuite, par une subtilité statistique que des partisans trop peu objectifs de l’UE ne pouvaient saisir, un recul plus fort des exportations britanniques vers l’UE que le recul des importations de Londres n’est pas forcément négatif pour la Grande-Bretagne. En effet, en janvier, les premières avaient baissé de 41%, contre 30% pour les secondes. Sauf que, comme le pays importe beaucoup plus de l’UE qu’il n’y exporte, en valeur absolue, la chute des importations était finalement plus importante que la chute des exportations. Résultat, le déficit commercial de la Grande-Bretagne à l’égard de l’UE s’était réduit d’un milliard de livres en janvier ! Or, c’est l’évolution du solde en valeur absolue qui compte pour un pays : un solde qui s’améliore, fût-ce un déficit qui se réduit, contribue à la croissance, quand un solde qui se dégrade, fût-ce un excédent qui se réduit, a un impact négatif sur la croissance économique, et réduit le PIB.
Dès janvier, le commerce avec l’UE avait une contribution positive au PIB britannique. Cela pourrait être totalement anecdotique, du fait du caractère exceptionnel de ce mois. Sauf que, mois après mois, toutes les statistiques commerciales confirment la réduction du déficit britannique à l’égard de ses anciens partenaires européens. Déjà, en février, le rebond de 46% des exportations, quand les importations n’avaient progressé que de 7%, avait permis de réduire de 2,5 milliards de livres le déficit commercial britannique à l’égard de l’UE. Bien évidemment, la plupart des Bremainers s’étaient alors abstenus de rapporter les nouvelles statistiques, trop contradictoires avec l’histoire qu’ils veulent raconter sur le prétendu naufrage économique que devrait provoquer la sortie de l’UE par la Grande-Bretagne.
Et s’ils ne parlent plus du tout de ces statistiques, c’est parce que, mois après mois, elles continuent d’être favorables à la Grande-Bretagne. Les derniers chiffres rapportés par l’ONS sont ceux du mois d’avril. L’analyse des trois derniers mois est particulièrement frappante. Bien sûr, sur trois mois, la Grande-Bretagne a un déficit de 15,9 milliards avec l’UE, mais avec des exportations en hausse de 7% et des importations en recul de 12%, le déficit recule de 9,9 milliards de livres ! Même si le déficit avec le reste du monde progresse de 6 milliards, la balance commerciale britannique contribuera positivement au PIB en ce début d’année, du fait d’échanges plus équilibrés avec l’UE. Sur trois mois, on peut estimer que la seule évolution du commerce avec l’UE apporte un supplément de croissance de 2% du PIB au pays !
Par-delà le départ réel de banquiers, plus limité que bien des prévisions, à date, l’impact économique du Brexit est en réalité positif pour la Grande-Bretagne, du fait du rééquilibrage de sa balance commerciale avec ses anciens partenaires ! En outre, bien des prévisions les plus sombres ont été infirmées. Unilever a fini par choisir la Grande-Bretagne comme seul siège, au détriment des Pays-Bas, et Nissan vient tout juste d’annoncer des investissements massifs dans son site de Sunderland…
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