La fin annoncée pour l’Europe ?
L’Europe connaît une période très difficile, notamment dans les problèmes que soulève l’euro.
Au risque de paraître trop souvent pessimiste, je dis toujours ce que je pense en comparant mes idées et mes pensées à celles des autres, qu’ils soient politiques, économistes, philosophes, écrivains, essayistes, ou tout simplement citoyens.
Comme tant d’autres observateurs, j’ai fait une analyse de la situation européenne actuelle dont je redoute les conséquences pour notre avenir et celui des futures générations.
A l’origine, l’Europe fut une grande idée dont l’acte de fondation se situe expressément dans la Déclaration du 9 mai 1950 de Robert Schuman. Cette proclamation résulte essentiellement d’une démarche amorcée au cours de la Seconde Guerre Mondiale, en particulier les milieux démocrates-chrétiens qui rassemblent alors aux côtés de Schuman, des personnalités telles que le français Jean Monnet, l’allemand Konrad Adenauer, ou l’italien Alcide de Gasperi.
Le projet est dès lors exceptionnel pour deux raisons : la première permet de réconcilier les peuples et donc d’éviter la guerre, notamment un nouveau conflit avec l’Allemagne. La seconde accorde une réunification du continent européen, indispensable aux besoins des peuples et de leur avenir.
Au fil des décennies, l’Europe s’est construite dans un contexte positif, et nous ne pouvions que nous réjouir pleinement de sa mission que tout citoyen normalement constitué approuvait bien évidemment :
- sécurité des citoyens,
- développement économique et social et protéger la communauté européenne des défis de la mondialisation,
- rayonnement dans le monde des valeurs auxquelles sont attachés les peuples européens et tout spécialement les Droits de l’Homme, le développement durable, l’économie sociale de marché.
A ce sujet, nous rappellerons brièvement les dix grandes étapes qui ont marqué la fondation et la construction de l’Europe :
1°) La naissance de la communauté européenne (9 mai 1950) limitée à l’ouverture d’un marché commun du charbon et de l’acier entre les six pays fondateurs, à savoir : la Belgique, la République Fédérale d’Allemagne, la France, l’Italie et les Pays-Bas.
2°) l’expansion du marché commun par décision des fondateurs concrétisée avec le traité de Rome du 25 mars 1957 instituant la CEE (Communauté Economique Européenne). Cette nouvelle structure couvrira par la suite toute une gamme de biens et de services ; à noter que les droits de douane industriels seront alors totalement éliminés le 1er juillet 1968, et les politiques communes (principalement agricole et commerciale) seront mises en place durant cette décennie.
3°) En 1973, le succès de l’Europe décide d’autres pays à rejoindre la Communauté, et ce sont le Danemark, l’Irlande et le Royaume-Uni qui viennent s’asseoir aux côtés des premiers fondateurs.
Cet élargissement entraîne également de nouvelles politiques (sociale, environnementale et régionale) avec la création dès 1975 du Fonds européen de développement régional (FEDER).
4°) L’année 1979 voit la première élection au suffrage universel direct du Parlement européen.
5°) En 1981, c’est au tour de la Grèce à entrer dans la communauté européenne, puis c’est l’Espagne et le Portugal qui vont suivre en 1986.
6°) Au début des années 80, la crise économique mondiale secoue l’Europe, mais dès 1985 un nouvel espoir de relance la dynamique européenne. La Communauté décide d’achever la construction du grand marché intérieur pour le 1er janvier 1993. Cet objectif est consacré dans l’Acte unique européen signé en février 1986 et entré en vigueur le 1er juillet 1987.
7°) En décembre 1981, le Conseil européen met en place à Maastricht un nouveau traité qui créé l’Union européenne (UE), telle qu’elle existe aujourd’hui.
Ce traité est mis en vigueur le 1er novembre 1993.
8°) Dès le 1er janvier 1995, trois nouveaux pays rejoignent l’Europe : l’Autriche, la Finlande et la Suède.
9°) C’est alors que l’union des Quinze Pays de l’Europe poursuit sa marche vers un projet très ambitieux mais délicat : le remplacement de leur monnaie nationale par l’euro qui devient donc la monnaie européenne le 1er janvier 2002 pour douze nations rattachées à la zone euro.
Ainsi, l’Euro devient la grande monnaie de paiement et de réserve à côté du dollar.
Cependant, les Européens doivent faire face aux nombreux problèmes engendrés par la mondialisation. La « stratégie de Lisbonne » adoptée par l’Union Européenne en mars 2000 s’est fixée d’adapter l’économie de l’Europe aux nouvelles conditions de l’économie mondiale. La concurrence des Etats-Unis et des pays nouvellement industrialisés pose des difficultés aux pays européens et les profondes mutations que subit l’économie entraînent de nombreuses déchirures sociales.
Il faut donc favoriser l’innovation et les investissements dans les entreprises. Les réformes sont d’autant plus indispensables que les problèmes du chômage et du coût croissant des régimes de retraite pèsent très lourd sur les économies des Etats membres.
Et face à ces embarras, les dirigeants et responsables de l’administration européenne s’avèrent incapables de prendre des décisions sérieuses.
10°) Mais lancée par ce mouvement rapide que veulent les Chefs d’Etat européens, l’Europe s’impose désormais un élargissement de grande ampleur : la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, comme l’Estonie, la Lettonie, la Slovaquie, la Slovénie, Chypre et Malte entrent dans l’Union Européenne.
Et c’est donc aujourd’hui 27 pays qui constituent désormais l’Europe dans laquelle nous vivons à l’heure actuelle.
L’Europe en détresse
Aujourd’hui, nous sommes entrés dans un tunnel dont personne ne voit le bout, mais qui pourrait bien aboutir sur une impasse, sans même une possibilité correcte de retour en arrière.
Personne n’ignore le chaos provoqué par la Grèce et l’Irlande. L’Espagne et le Portugal sont entrés dans la crise et 2011 pourrait réserver encore de très grosses surprises. L’Italie non plus n’est pas en bonne forme. Quant à la France, l’année 2012 pourrait lui être très difficile, compte tenu des contextes de tension résultant des élections présidentielles et législatives.
La certitude actuelle est que l’Europe ne va pas bien du tout. L’Europe est malade, et même très malade. Malade de son administration et de sa gestion, malade de ses dirigeants qui sont incapables de « redresser la barre » et qui persistent dans leurs erreurs sans se soucier des difficultés des peuples et de leur avenir.
L’Europe est au bord du gouffre, et je réponds par avance à ceux ou celles qui m’opposeront des arguments contraires, en leur donnant rendez-vous en décembre 2011. La fin de la présente année sera encore plus difficile que fut l’année 2010.
Alors que faut-il faire ? Hélas, à titre individuel, nous n’avons aucun pouvoir pour mettre un terme à la destruction programmée de nos nations qui s’enlisent face aux pays émergeants.
Le seul moyen que nous possédons encore, nous citoyens de l’Europe, réside seulement dans le pouvoir des urnes, pour éliminer en temps utile tous ceux qui cautionnent une politique néfaste au développement économique et social.
A moins qu’une révolution populaire comme cela vient d’arriver en Tunisie permette au peuple de se prendre en main, désormais.
Sauver l’Europe …
Personnellement, je suis un européen convaincu. J’ai toujours pensé que l’Europe était utile pour notre avenir comme pour celui des générations futures.
Il faut donc sauver l’Europe et donc redresser les graves erreurs qui ont été faites par les dirigeants de l’Union.
Pour éviter l’explosion de l’Europe à court terme, il est impératif dès maintenant qu’il y ait un consensus entre les Pays de la Communauté pour sortir de l’Euro et donc supprimer rapidement cette monnaie qui a entraîné le désordre social et économique de l’Union.
L’Euro, c’est l’effondrement de nos marchés et la montée du chômage.
L’Euro, c’est le déclin de l’économie de chaque pays et la banqueroute des Etats membres.
L’Euro, c’est un facteur de régression, et à moyen terme la fin de la C.E. et de notre société.
Pour pallier aux désastres annoncés, une sortie de l’Euro organisée sera largement préférable au départ sauvage d’un pays membre qui partirait dans la confusion et la discorde.
Mais faute de stopper une telle situation, la grande idée de fondation de l’Europe qui vit le jour en 1950 disparaitra alors pour laisser la place à un bouleversement politique et social où aucune nation européenne ne sortira indemne.
Pierre-Alain Reynaud
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