La Grèce à la recherche de son destin : Assemblée constituante ?
Hier, de nouveau, la Grèce a connu une forte mobilisation populaire, en particulier à travers une grève générale très suivie, pour protester contre les nouvelles mesures d’austérité présentées par le gouvernement « socialiste » de Georges Papandréou, président de l’Internationale « socialiste », dont le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, vient de participer à la dernière réunion du groupe Bilderberg.

Afin d’empêcher les députés de débattre des nouvelles contre-réformes dictées par le FMI et l’Union européenne, le cœur de la contestation s’est situé devant le Parlement grec - η Βουλή -, précisément place de la Constitution - το Σύνταγμα - qui était submergée par des banderoles où on pouvait lire « No pasaran » (« ils ne passeront pas », en espagnol) et « Résistez ». Cette dernière est le lieu de rassemblement depuis trois semaines des Indignés - Αγανακτισμένοι - grecs qui ont voulu former une chaîne humaine afin d’encercler le Parlement protégé par la police [1]. D’après la journaliste Angélique Kourounis, « 1200 motos de policiers ont dû faire une allée spécifique dans les rues adjacentes pour permettre au Premier ministre et au Président de la République d’atteindre le Parlement. 15 000 policiers ont été également mobilisés autour du Parlement pour permettre cette fois-ci aux députés d’entrer dans le bâtiment. Ils y sont rentrés sous les jets d’œufs, de yaourts, de bouteilles d’eau. Même le Président de la République, qui est généralement quelqu’un de très populaire a eu son lot de yaourts. La colère est immense en Grèce. Cela ne s’est jamais vue toutes ces dernières années. » [2]
Bien que le Pasok dispose de la majorité au Parlement, des incertitudes régnaient sur la solidarité parlementaire après la défection d'un député mardi. « Il faut avoir la cruauté d'un tigre pour adopter de telles mesures. Ce n'est pas mon cas », avait expliqué George Lianis [3]. Après cette première fissure, le mur Pasok a commencé hier à s’effondrer avec la décision, annoncée dans une brève allocution télévisée, du Premier ministre « socialiste » de former un nouveau gouvernement et de demander dès aujourd’hui un vote de confiance au Parlement, prenant acte du refus de l'opposition conservatrice de parvenir à un accord pour former un gouvernement d'union nationale [4]. « Nous avons dit au Premier ministre lors d'une conversation téléphonique que nous n'accepterions un gouvernement élargi qu'à deux conditions : le départ de George Papandréou et (...) la renégociation des conditions fixées par l'UE et le FMI » selon une source proche de la « Nouvelle Démocratie » [5]. On peut ainsi constater que le fond du problème est occulté par l’organisation UMPS grecque, mais également s’apercevoir que les deux principales formations politiques sont en train de serrer les rangs à l’approche de leur effondrement. Et pourtant, aux dernières élections, le Peuple grec avait envoyé un message fort avec une abstention record alors que le vote est en principe obligatoire, sans oublier bien évidemment la multiplication des grèves générales.
La Grèce sacrifiée
Le 5 juin dernier sur i-Téle, un échange vigoureux eut lieu entre deux partisans du libéralisme économique, à savoir Natacha Valla, chef économiste chez Goldmann Sachs, et l’économiste Marc de Scitivaux. A partir de 5min 35s, la discussion fut particulièrement intéressante et Marc de Scitivaux lâcha à un moment : « Il ne s’agit pas d’aider les Grecs ! Il s’agit de sauver l’euro jusqu’au dernier Grec vivant ! » [6]. Le reportage ci-dessous nous donne également un bon complément et constitue une bonne synthèse de certains événements en cours.
Les Grecs recherchent une solution pour s’en sortir. Mikis Theodorakis, symbole de la résistance contre la dictature des colonels, a lancé un mouvement de citoyens indépendants, nommé "Spitha" (Etincelle), dans le but de résister directement aux pressions imposées par les USA, le FMI et l’UE. Il considère que la souveraineté nationale est cédée aux puissances étrangères [7]. En effet, que devient la nation grecque ? Comme l’avait exprimé Robespierre, « Esclave ; car la liberté consiste à obéir aux lois qu’on s’est données, et la servitude à être contraint de se soumettre à une volonté étrangère » [8]
Place de la Constitution, une Assemblée populaire a vu le jour… La Grèce s’engagera-t-elle à moyen terme comme la Tunisie vers le chemin d’une Assemblée constituante, symbole d’une remise à plat des règles institutionnelles, économiques et politiques ? Peut-être…
« Et en cette heure où la Grèce se sait à la recherche de son destin et de sa vérité, c’est à vous, plus qu’à moi, qu’il appartient de la donner au monde » André Malraux, discours prononcé à Athènes le 28/05/59
J.G., Septidi 27 Prairial an CCXIX
Article également publié par l'Association pour une Constituante :
http://www.pouruneconstituante.fr/
[1] Article de france24.com, À Athènes, les manifestants ne veulent pas entendre parler d'austérité, publié le 15/06/11.
[2] Article de france-info.com, Le parlement d’Athènes cerné par les "indignés" grecs, publié le 15/06/11.
[3] Article de lexpress.fr, Grève et manifestation en Grèce avant un vote d'austérité, publié le 15/06/11.
[4] Article de tempsreel.nouvelobs.com, Grèce : Papandreou va remanier le gouvernement après les manifestations, publié le 16/06/11.
[5] Source : Reuters et France24.
[6] http://www.itele.fr/emissions/magazine/les-cles-de-leco/video/10585
[7] Voir le commentaire de Nikos dans l'article suivant : http://www.xn—lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?article335
[8] Robespierre théoricien du droit naturel à l’existence de Florence Gauthier, publié par Le Canard Républicain le 29/07/10.
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