La mafia menace de mort un acteur de théâtre. L’Etat le met sous escorte
Giulio Cavalli est un acteur engagé contre la mafia et depuis 6 mois il fait une émission RadioMafiopoli, su AgoraVox Italie, qui reprend la tradition de Onda Pazza, l’émission radio de Peppino Impastato tué par la mafia le 9 mai 1978. RadioMafiopoli veut se moquer de la mafia, de ses parrains, de ses folies. Mais cela n’est pas sans risque...
Lundi 27 Avril 2009 est un jour dont Giulio Cavalli va se souvenir. Dans un pays normal, pour un acteur de théâtre, le lundi c’est le jour du repos. Mais l’Italie n’est pas un pays normal. Il peut se passer, donc, qu’un acteur pendant son jour off voit une voiture de la police se rapprocher de chez lui. Cette voiture ne va plus jamais le quitter : elle sera son escorte, sa “tutelle totale” comme on dit en langage technique. Giulio Cavalli devient le premier acteur italien a vivre sous protection de l’Etat car il est menacé de mort par la mafia.
La décision a été prise, par le Préfet, la Police et les Carabinieri, vendredi 24 avril le même jour que la Procure de Caltanissetta (Sicile) arrêtait un plan de mafieux siciliens résidents au nord de l’Italie pour tuer le maire de Gela (Sicile) Rosario Crocetta. La stidda (nom de la mafia du sud de la Sicile) a décidé que Cavalli est un problème, il est un problème pour ce qu’il dit et parce que il est trop proche de ce Maire que a déjà échappé trois fois aux mains de la mafia.
Une longue amitié naît du spectacle Do ut Des mis en scène par l’acteur même le 28 août à Gela. Une amitié qui naît par la commune passion pour la lutte civile, conduite par Cavalli à travers le théâtre, et par Crocetta à travers la politique. C’est comme cela qu’en 2009 un acteur voit sa vie bouleversé parce qu’il a osé se moquer d’un système, tel que celui de la mafia, qui tient en échec un pays entier. Après journalistes et écrivains la mafia menace les acteurs. Si Giulio est un problème, c’est parce qu’il parle des mafieux comme d’hommes sans honneur. Car Giulio nous fait voir nos fantômes et il se moque d’eux.
Giulio Cavalli depuis sa Lodi (Lombardie) a fait ce qu’aucun mafieux peut accepter, il a dit : « le roi est nu ». Il a montré des personnages qui rassemblent plus à un film de Tod Browing, plongé entre fromages et chemises tachées d’huile, que à ceux du roman de Puzo. Giulio Cavalli est l’héritier de la tradition des Villon, des Rabelais, des Angiolieri, de tous ceux qui face au pouvoir ne baissent pas la tête.
Cela confirme qu’en Lombardie « on respire une air bizarre » - comme affirmé par le Maire Moratti -, un air où les intérêts mafieux coïncident avec les intérêts économiques ; un air que respire la Lombardie et la Sicile unie pour faire du « business ». Mais il y a aussi une autre Sicile et une autre Lombardie qui se réunissent, ce sont celles de Rosario Crocetta et Giulio Cavalli. Deux hommes si différents et pourtant si proches. Fils d’une Italie qui oublie trop vite ses « martyrs » ces hommes rêvent d’un pays différent, et d’être membres d’une société civile qui ne baisse pas la tête.
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