La tentation séparatiste en Europe
Outre les traditionnelles poussées indépendantistes qui secouent régulièrement l’Europe et la France, il y en a cinq qui posent aujourd’hui problème, tant elles sortent du folklore habituel pour prendre un tour offensif et soutenu électoralement par les populations. Que peut en faire l’Europe ?

Les deux dernières en date nous viennent d’Espagne. En octobre c’est la coalition des partis indépendantistes de gauche qui s’est installée comme deuxième force politique au Pays Basque espagnol, juste derrière le Parti nationaliste basque de droite. En novembre c’était à la Catalogne de faire des siennes, le parti indépendantiste de gauche (ERC) a doublé ses effectifs au parlement régional en se positionnant comme deuxième force politique régionale. C’est Artur Mas le président du gouvernement qui a organisé une telle consultation, juste après l’incroyable manifestation du 11 septembre 2012 qui a rassemblé des centaines de milliers de catalans dans les rues des principales villes.
A la même période, c’est en Belgique que s’est allumé un autre foyer de contestation. Le parti indépendantiste de Bart de Wever (Nouvelle alliance flamande) a emporté l’élection municipale d’Anvers, ce qui laisse présager de futurs scrutins prometteurs pour ces partisans acharnés de l’indépendance de leur région face à la Wallonie.
C’est en 2014 que les écossais vont se prononcer à l’occasion d’un référendum sur leur indépendance. C’est David Cameron, le Premier ministre qui ouvert la boite de Pandore en signant avec Alex Salmond (le leader indépendantiste écossais) un protocole pour autoriser cette consultation. C’est le Scottish National Party qui est à l’avant-garde de cette tentation indépendantiste qui séduit un nombre important électeurs écossais, tout en inquiétant une toute aussi importante partie de l’opinion qui ne voit pas bien comment l’Ecosse pourrait survivre sans l’argent de Londres.
Cette union avec le Royaume Uni date de seulement 1707. La spécificité écossaise ne peut être contestée : l’accent, la musique, la gastronomie, les paysages, l’histoire et les 117 km de mur érigé par l’empereur romain Hadrien au nord de l’Angleterre en l’an 122 sont là pour le rappeler. Enfin l’église d’écosse est séparée de celle d’Angleterre. Mais économiquement les faits sont là, alors que l’Ecosse lève 50 milliards d’euros en 2010, elle en reçoit 74 milliards de Londres. L’indépendance a donc un prix. Mais le leader nationaliste Alex Salmond rappelle que ce compte présente par le 10 Downing Street occulte les revenus de pétrole de la mer du Nord qui devrait pourtant relever de l’Ecosse. La question du partage des eaux territoriales risque d’être épineuse.
Mais rassurons nous à ce jour les sondages ne donnent qu’un tiers des voix aux séparatistes alors que les indépendantistes ont remporté une victoire historique en 2011, la majorité des sièges au Parlement écossais. Cette victoire ils la doivent surtout à l’extraordinaire charisme de leur leader Alex Salmond.
Enfin l’Italie n’est pas épargnée par ce mouvement avec La ligue du nord qui prône la création d’une Eurorégion du nord autour d’un nouveau concept géographique la Padanie (inventée dans les années 1990). Umberto Bossi leader de ce parti régionaliste lançait comme un défi : « L’Italie ne compte pas ! » C’est bien d’une partition du pays entre le sud et le Nord dont il s’agit.
Que peut faire l’Europe ?
Ces régions bénéficient déjà d’importantes marges de manœuvres. Sont-elles en mesure d’aller plus, loin ? Les enquêtes d’opinion donnent des résultats négatifs, hormis la Catalogne où depuis peu des sondages donnent jusqu’à 54,8% d’opinions favorables.
La Catalogne et l’Ecosse proclament haut et fort leur volonté de rester membres de l’Europe.
Pour l’instant Monsieur Barosso est resté on ne peut plus vague à l’évocation de ces éventualités. Mais en tout état de cause une future adhésion d’une Ecosse et d’une Catalogne libre et indépendante ne pourrait se faire qu’avec l’assentiment de tous les états membres. On imagine ce que pourrait être les positions de l’Espagne et du Royaume Uni face à une telle alternative. Comment de telle manœuvre pourraient être perçue à un moment où les initiatives de toute part concourent à une unification encore plus forte de l’Europe. ?
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