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Accueil du site > Actualités > Europe > Le grand mythe de l’euro protecteur bouge encore

Le grand mythe de l’euro protecteur bouge encore

Faut-il en rire ? Faut-il en pleurer ? Le Monde titrait la semaine dernière : « Ne l’oublions pas, l’euro est un atout  » et publiait deux autres tribunes pour défendre la très malmenée monnaie unique avec des arguments souvent tirés par les cheveux et contredits par l’actualité.

L’euro, veau d’or de la pensée unique

Arnaud Clément a fait un sort à ce papier, mais il est trop caricatural pour ne pas revenir dessus. L’éditorial du Monde avance ainsi que « l’euro est un atout (…) il est l’un des éléments qui font que l’Europe a un avenir dans le monde de demain », sans préciser pourquoi. Il ne serait « pour rien dans l’état désastreux des finances publiques grecques, dans l’endettement bancaire irlandais, ni dans celui des comptes publics du Portugal », alors qu’il est la raison des taux d’intérêt trop faibles.

En fait, Le Monde essaie de faire croire qu’il s’agit seulement d’une crise de la dette. Mais du coup, on se demande pourquoi les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou le Japon ne sont pas touchés. Mieux, il affirme sans rire qu’il a été « un bouclier contre les chocs financiers de l’époque » : l’auteur oublie sans doute l’automne 2008 ou la crise permanente dans laquelle nous sommes depuis le printemps 2010. Evoquer les « taux d’intérêt historiquement bas » est ridicule aujourd’hui.

Mieux, le quotidien vespéral évoque les « précieux points de croissance que nous n’aurions pas eus sans la monnaie unique ». Comment se fait-ce que la zone euro ait eu une croissance si faible dans les années 2000, que la récession y ait été plus forte qu’aux Etats-Unis ou que les pays européens comparables hors zone euro s’en soient mieux sortis ? Je préfère renvoyer à ce très bon papier du Guardian qui dénonce le caractère antisocial de cette monnaie unique.

Alain Frachon évoque une Allemagne « repliée sur elle-même, d’abord attachée à la défense de ses intérêts nationaux ». On nage en pleine schizophrénie avec ces journalistes qui évoquent à la fois la nécessaire rigueur budgétaire tout en intimant à Berlin de lâcher quelques centaines de milliards pour sauver l’édifice baroque et croulant qu’est l’euro. Enfin, Jacques Delors a signé un papier très contradictoire à mille lieues de la « vision claire » qu’il prétend proposer.

L’euro, le château de cartes qui va s’écrouler

Il faut reconnaître un certain panache à Denis Clerc qui affirme dans Alternatives Economiques « Il faut que l’Allemagne paie. Et la France aussi ». Mais par-delà le fait que cette injonction est totalement irréaliste, il y a beaucoup d’angles morts dans son raisonnement. Tout d’abord, il n’est pas du tout évident que « l’Union est infiniment plus forte que chacun des pays qui la composent ». L’Allemagne seule est aujourd’hui plus forte que cette UE tellement hétérogène et dysfonctionnelle.

D’ailleurs, le Monde a ouvert ses colonnes à un économiste allemand, Hans-Werner Sinn, qui préconise une sortie de la Grèce de l’euro. Il souligne que le problème de la Grèce est double : surendettement et manque de compétitivité et que la sortie de l’euro et une dévaluation sont indispensables, ainsi que la restructuration de la dette. Il refuse absolument une « union de transferts », la seule solution pour faire tenir la monnaie unique, après le précédent de l’Allemagne de l’Est.

Plus globalement, l’Allemagne apparaît aujourd’hui comme le point bloquant. Si Berlin jetait tout le poids de son crédit financier, l’euro pourrait sans doute fonctionner pendant quelques années, mais l’opinion refuse de se porter caution à hauteur de plusieurs centaines de milliards après avoir fait tant de sacrifices pour la compétitivité du pays et l’intégration de sa partie orientale. Mieux, la Cour Constitutionnelle pourrait remettre en cause la participation du pays aux plans européens.

Il faut reconnaître aux fédéralistes de l’énergie dans la création de mécanismes de sauvetage de l’euro ou dans leur argumentation surréaliste sur les bienfaits de la monnaie unique européenne. C’est sans doute parce qu’il s’agit de l’énergie du désespoir.


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8 réactions à cet article    


  • PhilVite PhilVite 20 juillet 2011 11:28

    C’est sûr, l’euro est un atout ! au moins autant que la peste ou le choléra !

    Je crois que sans tarder nous allons pouvoir commencer à comptabiliser le nombre de morts dus à l’euro et au désastre économique qu’il a contribué à créer.


    • Roosevelt_vs_Keynes 20 juillet 2011 18:02

      Poussons le raisonnement jusqu’au bout :

      Le génocide opéré par la Couronne britannique via La City de Londres par la dérégulation financière qui a été opérée depuis la prise de pouvoir de Truman en 1945, puis la fin de Bretton Woods en 1971 jusqu’à aujourd’hui, est sans commune mesure avec Tchernobyl+Fukushima réunis.

      La destruction culturelle qui a permis la destruction économique ces 60 dernières années a créé les conditions pour que l’humanité ne puisse s’en relever avant plusieurs centaines d’années. A moins qu’une politique rooseveltienne à l’échelle du monde ne soit instaurée d’ici cet automne.


      • plancherDesVaches 20 juillet 2011 20:54

        Bonjour, souverainiste Dupont-Aignan.

        Tu vas bien.. ???

        Veux-tu plutôt plaire à l’UMP ou au FN... ???
        (chassé de l’UMP et capable de faire de l’ombre à Marine, je dis : bravo !!!!)

        Sinon, la question à laquelle tu ne répondras jamais : A quoi tu la raccroches, ta monnaie, pauvre cloche.. ?????????????????


        • Laurent_K 21 juillet 2011 00:29

          Hé, grand génie, à quoi donc est rattaché l’Euro ?

          Rien ne t’oblige à être d’accord avec Laurent Pinsolle mais utilises au moins des arguments qui tiennent la route.


        • Laurent Herblay Laurent Pinsolle 21 juillet 2011 10:26

          @ Plancherdesvaches


          J’ai rejoint DLR au printemps 2007, une fois que le mouvement avait quitté l’UMP.

          Je ne crois pas à un système basé sur l’or et / ou l’argent car cela ferait dépendre la valeur de la monnaie de métaux côtés sur les marchés, avec tous les aléas que cela représente.

          Bravo pour l’argumentation !

          @ Laurent K

          Merci.

          • lloreen 21 juillet 2011 11:29

            Pour ceux qui veulent comprendre le rôle de l’argent en tant qu’outil d’asservissement, tel qu’il fonctionne actuellement (il existe d’autres fonctionnements possibles mais certainement pas tant que les structures de fonctionnement de notre société, telle que nous les connaissons sous leurs formes actuelles, persisteront).

            http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/1/67/15/03/Rothschild/Conf-Ed-Griffin-Creation-FED.pdf

            Sinon, d’autres interventions très intéressantes à ce sujet.
            http://www.dailymotion.com/video/xhiymd_entretien-avec-etienne-chouard-1-l-argent-dette_news
            http://www.youtube.com/watch?v=FxzQrPmTClg

            Faites tourner ces informations autour de vous, c’est capital.En effet, la grande majorité de nos concitoyens ne comprend pas le fonctionnement de l’argent et cette opacité est voulue.
            D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’un fondateur du système a déclaré :
            « Si la masse des gens comprenait le fonctionnement du système monétaire nous aurions la révolution dès demain matin. »

            La révolution est là.Mais elle doit consister non pas à mettre tout à feu et à sang.Juste à extirper les parasites de leurs positions pour retrouver des bases saines pour une société équitable.


            • elec 42 elec 42 24 juillet 2011 11:38

              rappelez vos,l’euro devait résoudre tous nos problèmes:chomage,inflation,compétitivitée,pouvoir d’achat,on nous aurait menti ?


              • Piotrek Piotrek 25 juillet 2011 02:03

                « sans préciser pourquoi »

                L’Euro a été crée à une époque ou l’on pensait à l’unanimité européenne que :
                - Une monnaie forte donnait confience et attirerait les investisements, les épargnes
                - Qu’une monnaie commune aux pays d’Europe aurait suffisement d’inertie pour lutter contre l’emballement de la presse à dollars
                - Empecherait les Soros de spéculer sur les monnaies nationales
                - Sécuriserait les échanges de biens inter-européens face aux fluctuations des monnaies locales

                Certains de ces buts ont été atteints, mais l’Euro maglré quelques baroud d’honneur ne s’est pas imposée en tant que monnaie d’echange internationale

                "En fait, Le Monde essaie de faire croire qu’il s’agit seulement d’une crise de la dette. Mais du coup, on se demande pourquoi les Etats-Unis, [...] ne sont pas touchés« 

                Pardon ? Là j’ai sursautté, bon ca se voit moins car la Chine les sponsorise, mais quand même !

                 »alors qu’il (l’Euro) est la raison des taux d’intérêt trop faibles.« 

                Non l’Euro ne fait pas baisser les taux d’interets de lui même, à la rigueur vous pouviez dire »qui a amélioré la note de crédit de certains pays qui ne le méritait pas" mais en aucun cas cela n’aurait fait disparaitre le problème de surendettement de la quasi-totalité des pays (dont celui de la Fance n’est ce pas ?)

                Sinon je suis d’accord que l’Euro est en passe de se casser la tronche sévère, volonté politique ou pas

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