Les étrangers dans l’Union européenne
Eurostat publie une série statistique sur la présence de ressortissants étrangers ou d'origine étrangère dans l'Union européenne à 27 (Ue27) qui permet des comparaisons entre les différents États.
La notion d'étranger varie beaucoup, d'un pays à l'autre, en fonction de la législation sur la nationalité. De ce fait, la diversité des origines de la population est mieux appréciée et plus judicieusement comparable en prenant en compte les personnes, nées à l'étranger et résidant sur le territoire. Eurostat permet aussi de savoir d'où, pays membres d l'UE ou États hors Ue27 proviennent ces résidents étrangers ou d'origine étrangère
Le nombre d'étrangers est peu comparable d'un pays à l'autre à cause de la différence de législation concernant l'attribution ou l'acquisition de la nationalité suivant le pays de résidence (absence de droit du sol, plus ou moins grande facilité de naturalisation...). Pour une population ayant les mêmes caractéristiques « objectives », nombre d'immigrés, ancienneté de l'immigration... le nombre d'étrangers peut être très différent.
Lors du recensement de 1999, 'il y avait en France 3 263 000 étrangers. Hervé Le Bras notait qu'avec le droit du sol tel qu'il est appliqué aux États-Unis, 510 000 de ces étrangers nés en France seraient français. Appliquant la législation de certains pays d'Amérique du Sud, 2 110 OOO qui étaient déjà en France au recensement de 1990, auraient la nationalité française. Le nombre d'étrangers en France aurait alors été de 643 000. On peut ajouter qu'avec le droit de la nationalité suisse appliqué à la même population, ils seraient plus de 6 millions !!! Ainsi, prenant la même population, suivant la législation appliquée, le nombre d'étrangers peut varier de 600 000 à 6 000 000 !!!
Cette prudence dans la comparaison des chiffres vaut aussi pour les statistiques d'un même pays qui peuvent être très modifiés par un changement de législation comme il y en a eu par exemple en Belgique ou en Allemagne, il y a quelques années.
En gardant à l'esprit ces réflexions, Eurostat permet de constater que si le pourcentage d'étrangers par rapport à la population de l'Ue27 est de 6,5%, il varie fortement d'un pays à l'autre. Les pays qui ont le plus fort pourcentage sont le Luxembourg 43%, la Lettonie 17,4, Chypre et l'Estonie 15,9, l'Espagne 12,3, l'Autriche 10,5. La France n'arrive, avec 5,8% qu'en 15 ème position.
En Lettonie et en Estonie, l'importante présence « étrangère » est due au nombre de « non-citoyens reconnus », résidents permanents de l'ancienne Union soviétique. En Espagne, en Italie de façon moindre, longtemps pays d'émigration, l'augmentation de la population immigrée a été très rapide.
Eurostat classe les étrangers en originaires de l'Ue27 et extra-communautaires. Si la moyenne des résidents étrangers de l'Ue27 est de 6,5%, 2,5% sont des Européens et 4% des extra-communautaires. Mais ces proportions varient, aussi, beaucoup suivant les pays.
Dans quelques pays, la proportion de ressortissants de l'Ue27 est supérieure à celle des extra-communautaires : le Luxembourg arrive nettement en tête avec 37,1 % de ressortissants de l'Ue contre 5,9% d'extra-communautaires. Dans les autres pays, ces écarts sont moins importants : Irlande, 9% contre 1,7%, Chypre 10,4/5,5, Belgique 6,6/3,1, Hongrie 1,2/0,8.
Dit autrement, près de 40% de la population étrangère de l'Ue sont des nationaux d'un autre État membre de l’Ue27. Ces proportions sont plus élevées au Luxembourg (86% de la population étrangère), en Irlande (80%), en Belgique (68%), à Chypre (66%)...
Dans les autres États, ce sont les extra-communautaires qui sont les plus nombreux : Grèce 7,0% d'extra-communautaires pour 1,4% de ressortissants d'un des pays de l'Ue27, Italie 5,0/2,1, Portugal 3,4/O,9.
La France est dans ce cas avec 3,8 extra-communautaires contre 2,0 Ue27.
En nombres absolus, en 2010, 32,5 millions de ressortissants étrangers vivaient dans l’Ue27, 12,3 millions d’entre eux étaient ressortissants d’un autre État membre et 20,2 provenaient de pays hors de l'Ue27.
C'est en Allemagne que les étrangers étaient les plus nombreux avec 7,1 millions de personnes, en Espagne (5,7 millions), au Royaume-Uni (4,4 millions), en Italie (4,2 millions) et en France (3,8 millions). Plus de 75% des ressortissants étrangers de l’UE27 vivaient dans ces cinq États membres. En moyenne, ces étrangers étaient plus jeunes que les nationaux (âge médian de 34,4 ans contre 41,5 ans).
Au total, la France est en 14ème position pour le pourcentage d'étrangers dans sa population. En 12ème position avec la Slovénie si on ne rend en considération que les étrangers hors Ue27.
Les chiffres concernant les personnes vivant sur le territoire et nées à l'étranger sont beaucoup plus comparable d'un État à l'autre car ils ne dépendent pas de la législation. Même si des différences, probablement peu importantes, peuvent exister en fonction de l'histoire de chaque État : familles de colons, de fonctionnaires coloniaux, de cadres d'entreprises expatriés...
La proportion de personnes nées à l'étranger est plus importante que celle des étrangers : 9,4% au niveau de l'Ue27. Ces personnes, nées à l'étranger et venues sur le territoire d'un État, peuvent avoir pris la nationalité du pays de résidence (nationaux par acquisition de la nationalité, par naturalisation) ou non et être demeurées simplement des « étrangers ».
Les personnes qui ont pris la nationalité du pays de résidence ont pu conserver ou non leur nationalité d'origine suivant la législation, d'une part des pays d'origine - qui autorisent ou non l'abandon de cette nationalité - et d'autre part de celle des pays d'accueil - qui acceptent ou non la double nationalité.
Les personnes nées à l'étranger ne sont pas toutes étrangères, elles ont pu prendre la nationalité du pays de résidence. Et tous les étrangers ne sont pas nés à l'étranger : personnes nées sur le territoire de résidence et n'ayant pas la nationalité de ce cet État (absence d'un droit du sol complet). En France, les enfants nés de parents étrangers eux-mêmes nés à l'étranger ne deviennent françaises qu'à leur majorité.
Les personnes nées à l'étranger est un groupe juridiquement disparate mais comparable d'un pays à l'autre malgré des législations différentes.
Le nombre de personnes nées à l'étranger dépasse le nombre de ressortissants étrangers dans tous les État membres, sauf au Luxembourg, en Lettonie et en République tchèque.
Cela tient à la législation sur l'acquisition de la nationalité (Luxembourg) ou à des circonstances politiques particulières, scission de la Tchécoslovaquie, Russes sur le territoire de la Lettonie et dans une moindre mesure de l'Estonie.
En 2010, vivaient dans l'Ue27 47,3 millions de personnes nés à l'étranger dont 16,0 millions nés dans un autre État membre (soit environ 1/3) et 31,4 millions nés dans un pays hors de l'Ue27 : au Luxembourg, 83% des personnes nées à l'étranger sont nées dans un pays del'Ue27, cette proportion est de 77 en Irlande et 67 en Hongrie.
Ont une proportion de personnes nées à l'étranger supérieure à la moyenne de l'Ue27 , dans l'ordre : Luxembourg (32,5%), Chypre (18 ;8), Estonie (16,3), Lettonie (15,3), Autriche (15,2), Suède (14,3), Espagne (14), Irlande (12,7), Slovénie (12,4), Allemagne (12), Royaume-Uni (11,3,). La France avec un pourcentage de 11,1% de personnes nées à l'étranger arrive en 12ème position, ex-aequo avec la Grèce et les Pays-Bas.
Ne prenant en compte que les ressortissants nés dans des États hors de l'Ue27, la moyenne est de 6,3% et la France avec 7,8% arrive en 10ème position ex-aequo avec l'Allemagne, après l'Estonie (15), la Lettonie (13,6), Chypre (13,5), la Slovénie (11,0), la Suède (9,2), l'Autriche (9,1), l'Espagne (8,9), les Pays-Bas (8,5) et la Grèce (8,3).
Au total, 47 347 800 personnes sur 501 098 000 habitants de l'Ue27, soit 9,4%, ne sont pas nées dans leur pays de résidence et 31 637 900 proviennent de pays hors de l'Ue27 (6,5% de la population). Bien entendu, la proportion de ces personnes nées à l'étranger varie de façon significative d'un État à l'autre. Il n'en reste pas moins que ces chiffres montrent que l'Ue27 est confrontée à la question de la diversité des origines à l'échelle de l'Union et dans des proportions diverses dans l'ensemble de ses États membres.
La France, quel que soit le mode utilisé (résidents étrangers ou d'origine étrangère,) se situe dans la partie moyenne du classement.
Les communiqués de presse d’Eurostat sur internet : http://ec.europa.eu/eurostat
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