Les fruits de la colère
Cette affaire appelle plusieurs remarques :
- Tout d’abord, elle est révélée par le ministre de l’agriculture au mois d’août, au beau milieu des vacances.
On ne pouvait pas faire mieux pour tuer dans l’oeuf toute tentative de mobilisation, et éviter que le sujet ne fasse trop de bruit. A la limite, le ministre est dans son rôle, triste mais désormais habituel, d’enfumeur. En revanche, on ne peut admettre que les syndicats agricoles et les médias, au courant depuis janvier dernier, n’aient rien dit plus tôt. En agissant ainsi, ils se sont faits complices de la stratégie de communication gouvernementale. Les producteurs de fruits et légumes apprennent pour la plupart la nouvelle aujourd’hui, alors qu’ils auraient pu se préparer bien avant.
- Sur le fond, la question n’est pas de savoir si l’Etat est coupable d’avoir enfreint les règles européennes de la concurrence. Elle consiste à se demander jusqu’à quand nous accepterons de telles règles, aussi dogmatiques que stupides.
Que reste-t-il de la politique et de la démocratie quand un Etat n’a même plus la possibilité de venir en aide à un secteur en difficulté de son économie nationale ? La vraie question est bien celle-là, et non pas la première, sur laquelle s’empressent de se jeter les tenants habituels de la pensée unique pour noyer un débat qui les dérange d’avance. A cet égard, l’éditorial du Monde du 5 août est très significatif, se faisant l’écho parfait de cette pensée unique pour qui l’Europe de Bruxelles reste une vache sacrée inattaquable.
Il est grand temps de se débarrasser des règles européennes de la concurrence. Les réformer ne semble pas envisageable, parce qu’elles sont la clé de voûte de l’Europe, que leur philosophie ultralibérale imprègne sa construction. Il faut donc s’en extraire, et le plus vite possible.
Si l’Europe persiste dans cette voie, avec la complicité d’un gouvernement français qui a renoncé à promouvoir ses intérêts, la filière française de fruits et légumes sera demain à terre. Il ne nous restera plus qu’à consommer marocain ou israélien.
Les fruits et légumes sont touchés aujourd’hui par cette folle idéologie. En 1996, ce fut le textile, que le gouvernement français n’avait pas eu le droit d’aider. Plus récemment, il n’a pas été possible d’assortir le plan d’aide à l’automobile d’une interdiction de délocaliser et d’une promotion des sous-traitants français.
Un délire ne se réforme pas. L’Union européenne ne se réformera pas. Elle doit être défaite, dans l’intérêt du plus grand nombre, et le plus vite possible.
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