Pendant les vacances, beaucoup d’entre nous faisons des kilomètres sur la route. L’occasion d’observer les plaques d’immatriculation de nos véhicules, actuelles, mais aussi anciennes. Une des meilleures illustrations
de ce qui ne va pas dans cette construction européenne.
Petit rappel historique
Bien sûr, les eurobéats trouveront que les plaques d’immatriculation ne sont qu’un détail insignifiant de nos vies. Cependant,
il n’est pas inintéressant de constater l’évolution d’un de ces symboles de notre vie en société. Il y a quelques décennies, les plaques françaises étaient noires, avec l’immatriculation indiquée en blanc. Déjà, il y a environ 20 ans, au nom de l’Europe, une première standardisation fut instaurée, avec des plaques blanches devant, et l’immatriculation en noir, avec un petit bandeau bleu comprenant en haut les étoiles européennes et en dessous la lettre du pays. On peut déjà voir dans cette première évolution un double sens. Le premier, qui place l’Europe au-dessus du pays, semble instaurer une hiérarchie entre les deux. Ensuite, le pays est ravalé à une simple lettre quand l’UE est représentée par son drapeau, comme si le seul pays d’attachement des citoyens de l’UE était l’Europe.
Déjà, quand j’ai eu ma première voiture, la première chose que j’ai faite a été de cacher ce drapeau dont je ne voulais pas. Puis,
est venue la nouvelle plaque d’immatriculation européenne, avec la standardisation de l’immatriculation des véhicules dans l’UE. Dans un premier temps, elle devait supprimer toute référence au numéro du département et ne comporter que le bandeau bleu de gauche, où les étoiles européennes trônent au-dessus de l’Etat, ravalé à une simple lettre. Après d’intenses polémiques, la France a décidé d’ajouter un second bandeau bleu, à droite, avec la mention de la région mais aussi le numéro du département. Cette dernière trône au dessus du second, un autre symbole
qui montre bien les préférences des concepteurs de cette nouvelle plaque d’immatriculation, d’inspiration euro-régionaliste.
Ce que cela dit de cette Europe
Ce petit rappel historique permet de saisir beaucoup de choses au sujet de l’Union Européenne. D’abord, il faut quand même rappeler que le processus d’uniformisation des plaques d’immatriculation n’apporte sans doute strictement rien aux européens, si ce n’est peut-être aux entreprises dominantes qui les fabriquent. Car qu’est ce que cela apporte aux citoyens des pays européens d’avoir la même plaque d’immatriculation de Naples à Hambourg, en passant par Bayonne ? D’abord, cela apporte le désagrément de devoir changer de référence et de plaque. Ensuite, cela fait perdre cette diversité qui nous permettait de reconnaître d’un coup d’œil le pays d’origine à sa plaque il y a vingt ans. Et en France, cela nous a fait perdre la référence historique aux départements, qui nous a occupé pendant des décennies. Autant certaines uniformisations semblent apporter quelques bénéfices, autant ici, non.
Pire, comment ne pas y voir
une allégorie de cette mauvaise Europe ? En effet, on y voit une volonté maladive d’uniformiser tout ce qui existe, même si cela revient à effacer les cultures et créer des désagréments, uniquement pour uniformiser sous le drapeau étoilé. Comment ne pas y voir une forme de volonté de créer un nouvel homme européen derrière cette plaque d’immatriculation unique, sans aspérité, sans personnalité ? Cette plaque met également l’Europe au premier plan, devant la nation et en France, elle submerge les citoyens de quatre allégeances. Il s’agit sans doute d’un moyen de plus, aussi insignifiant soit-il, pour essayer de distendre le lien si fort qu’il y a avec la première d’entre elle, celle à la nation ? Bref, il est difficile de ne pas y voir un agenda politique précis.
Voilà pourquoi, même si cela est un détail, outre le fait de remiser tous les drapeaux européens des bâtiments officiels de notre pays, comme l’avait proposé NDA, il faudra définir de nouvelles plaques d’immatriculation, qui pourront alors incorporer à nouveau le numéro du département à la fin.