Il est en effet, en plus de sa charge de ministre, vice-président du Parti populaire européen, auquel l’UMP est affilié. Ancien commissaire européen, il connaît bien les enjeux que portent la construction communautaire.
Son parti, le PPE donc, présentera un programme commun pour éviter que ce ne soit l’agrégation de 27 programmes nationaux différents et créer un débat « transnational ».
Sur la question de savoir si les partis européens doivent présenter un candidat au poste de président de la Commission, il trouve l’idée « intéressante », mais il faut que celle-ci soit portée par tous les partis en même temps.
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Son interview
Le Taurillon : Pour créer un espace public européen, ne faut-il pas que les partis politiques européens présentent un programme commun dans les 27 pays ?
Michel Barnier : On doit réconcilier les Européens avec le projet européen. Il y a des raisons à ce besoin de réconciliation car il y a des inquiétudes. La France l’a démontré avec le référendum en 2005, les Pays-Bas un peu plus tard et plus récemment l’Irlande. Il y a un risque de divergence entre les citoyens et le projet européen alors même que ce projet n’est pas une option ou une alternative, c’est une obligation pour toutes les raisons qui nous interpellent dans le monde : la sécurité, l’environnement, l’emploi ou le développement.
Comment réconcilier les citoyens avec le projet européen ? A coup sûr en ayant un débat public européen, un débat démocratique européen et pas 27 débats nationaux juxtaposés et indifférents les uns des autres. Oui, je souhaite que les partis politiques continuent ce travail de mutualisation. Nous le faisons au Parti populaire européen, dont je suis l’un des vice-présidents aux côtés de Wilfried Martens. Nous avons l’intention à l’occasion des élections européennes de présenter un projet politique commun aux 27 pays qui seront dans ce débat aux élections européennes.
Le Taurillon : Faut-il que les partis européens présentent un candidat au poste de président de la Commission européenne ?
Michel Barnier : C’est une autre étape que de personnaliser cette élection européenne. C’est Jacques Delors qui a eu, je crois, cette idée le premier : que les listes européennes travaillent ensemble, animent ce débat public « transnational » (je ne dis pas « supranational ») et personnalisent ce débat en soutenant un candidat au poste de président de la Commission européenne. Nous avons chacun nos opinions et le président de la Commission qui est José Manuel Barroso appartient au Parti populaire européen, tout le monde le sait. Il prendra sa part à ce travail d’explication… mais nous avons encore besoin de travailler entre nous, pour dire la vérité.
C’est une idée sur laquelle je peux travailler. Je la trouve intéressante. Il faut naturellement qu’elle soit retenue par tous les partis politiques. Il ne s’agit pas qu’un seul soutienne cette idée et pas les autres. Donc probablement il faut qu’on travaille encore pour voir si cette personnalisation est souhaitable et possible avec un accord commun de toutes les listes et de tous les partis politiques européens.
En attendant, oui, le Parti populaire européen va construire ce projet, animer et participer à ce débat commun politique dans toute l’Europe.