Modèle allemand : Et moins longtemps la pauvreté durera
Une étude publiée récemment par le gouvernement fédéral allemand révèle que l'espérance de vie des citoyens les moins payés avait diminué de deux ans entre 2001 et 2010.
En Allemagne, l’espérance de vie globale ne connaît pas la crise et ne cesse de s’allonger depuis des années, toutes catégories sociales confondues.
Cependant, pour la première fois, les statistiques publiées par le gouvernement fédéral courant décembre révèlent que « L’espérance de vie des Allemands aux revenus les plus faibles a fortement chuté depuis dix ans »
Selon le media suisse emploi.letemps.ch, l’espérance de vie des personnes aux revenus les plus faibles est passée de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2010, diminuant de 2 ans.
« Dans les anciens länder d’Allemagne de l’Est, la chute de l’espérance de vie des petits revenus —ceux qui touchent moins des trois quarts du revenu moyen— est encore plus marquée : elle passe de 77,9 ans à 74,1 ans, sur la même période. »
Selon l’humanité du 13/12/2011 : « Les liens sont patents entre ce recul dûment enregistré de l’espérance de vie des plus pauvres et la formidable entreprise d’écrasement des coûts salariaux qu(ont constitués les réformes antisociales mises en œuvre par Gerhard Schröder puis par Angela Merkel .
Quand le recul de l’âge de départ à la retraite était justifié par l’allongement de l’espérance de vie...
Toujours selon le media suisse « Le spécialiste des retraites au sein du groupe parlementaire Die Linke, Matthias Birkwald, a souligné qu’en Allemagne « le recul de l’âge de la retraite à 67 ans avait été justifié par un allongement de l’espérance de vie », dans un communiqué. L’âge de la retraite va y passer graduellement de 65 à 67 ans, en vertu d’une réforme adoptée en 2007 par le gouvernement de coalition de l’époque qui rassemblait sociaux-démocrates et conservateurs. »
Partez plus tard, mourez plus tôt = moins de retraites à payer ?
« Selon M. Birkwald, ces chiffres signifient que l’augmentation de l’âge de la retraite « ne représente rien d’autre qu’un grand plan de réduction des retraites qui touche avant tout les plus faibles revenus et ceux qui occupent les emplois les plus pénibles ».
Quand l’UMP vante le modèle allemand...
Le 22 novembre 2011, le secrétaire général de l'UMP, invité sur France info, a estimé « qu'il faut s'inspirer du modèle allemand » (Ecouter l’interview http://dai.ly/sgzSjD).
Propos qu’il a tenus également en 2010 dans une chronique publiée sur slate.fr intitulé "Jean-François Copé : les leçons du modèle allemand en matière d'emploi".
Reconnaissons lui de nuancer ses propos en mettant en évidence le coût social des lois Hartz qui ont permis une réduction du chômage mais au prix d'un accroissement de la précarité. Cependant, son idée est bien de s'inspirer du modèle allemand en dépit de ce constat. S'il reconnaît le coût social des lois de Hartz, il ne le cite qu'après avoir évoqué la baisse du chômage induite et conclut "S'il ne faut pas réformer notre marché du travail sur l'exemple des lois Hartz, nous devons poursuivre notre réflexion, à la lumière des leçons du modèle allemand, pour parvenir au plus vite à un système qui sécurise au mieux les parcours professionnels tout en incitant au travail." (sic)
Mais il n'est pas le seul à admirer le modèle allemand, et en voici un petit florilège (extrait de cet article)
Nicolas Sarkozy : " J’admire le modèle économique allemand"
François Fillon : " Il faudra aller vers un temps de travail commun, vers un âge de retraite commun […], c’est la clé de la survie de la zone euro"
Laurence Parisot : « il est indispensable que la France et l’Allemagne aient une approche économique et sociale de plus en plus similaire, pas forcément identique mais similaire et ce que veut dire le mot convergence, c’est réduire les divergences »
Nul doute que l’UMP a de grands projets pour les plus pauvres : Leur éviter d'être pauvres trop longtemps tout en réduisant les déficits publics. Car, sans vouloir être cynique, en extrapolant la courbe (année-espérance de vie) de l'étude allemande sur les prochaines décennies, avec l'hypothèse :
- d'une réduction de l'espérance de vie de 2 ans tous les 10 ans
- d'un départ à l'âge de 67 ans
On peut craindre qu'à partir de 2046, un citoyen allemand de la frange des moins payés vivra en moyenne 6 mois après son départ en retraite et sera mort deux ans avant dés l’année 2055.
Et ce, sans prendre en compte la péniblité..
Image : Manifestation du 3 janvier 2005 contre les propositions d'ajustements économiques proposées par une commission présidée par l'ancien responsable des ressources humaines de Volswagen, Peter Hartz, à Hambourg. Christian Charisius/Reuters
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