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Notre mère Athènes (deuxième partie)

N.B. : les personnes mentionnées ont été anonymisées.

Bienvenue à Exarcheia

Vendredi est un grand jour : je vais rencontrer un anarchiste grec, un de ces barbares qui brûlent des cinémas à Athènes ou, pire, des banques, un de ces ennemis mortels de la civilisation que tout journaliste bien dressé se doit de dénoncer à l'opinion publique comme un dangereux criminel. Autant vous dire que je tremble de peur. Nous nous donnons rendez-vous à Syntagma. Quand on s'apprête à rencontrer un individu de ce genre, on ne peut pas savoir à quoi s'attendre. En fait la seule chose dont je pouvais être sûre, c'est que je ne serais pas déçue.

M.P. (c'est comme ça qu'on l'appellera) est, d'une certaine manière, exactement comme on peut s'imaginer un anarchiste grec, c'est-à-dire très instruit, très bien éduqué et très politisé, un gentleman comme on dit en charabia anglosaxon. D'un autre côté, j'ai quand même été assez surprise. Il ne ressemble pas aux anarchistes français, qui ont généralement une mentalité petite-bourgeoise et sont pour cette raison assez sectaires. Ce qui me surprend, c'est de rencontrer quelqu'un de vraiment radical. Le radicalisme politique est devenue une chose très rare en France. Il m'emmène boire un verre dans Athènes. Quand je comprends qu'il a l'intention de m'y emmener en moto, je frémis. Je n'étais jamais monté sur une moto auparavant et je n'étais pas venu à Athènes avec l'intention de commencer. Il essaye de me rassurer : « N'aies pas peur. » « Si, j'ai peur. » Quitte à mourir en Grèce, une manifestation à Syntagma aurait été plus classe qu'un accident de la route.

Tous les Athéniens ont une moto. C'est du moins l'impression que donne la circulation à Athènes : une moto, un taxi, une moto, un bus, un taxi, encore un taxi, une moto, une autre moto, etc. Il y a assez peu de voitures et tout particulièrement peu en cette fin de semaine pascale. M.P. m'emmène à Exarcheia, le quartier universitaire bien connu pour ses anarchistes. Il me montre un cinéma local saccagé par des fascistes. Là, pas de drapeau grec, mais le drapeau noir et rouge. Pas de flic en vue, on sent tout de suite que l'atmosphère est beaucoup plus détendue. J'ai l'impression de revenir dans le monde civilisé, qui se définit selon moi par une concentration largement inférieure à un flic pour 10 mètres carrés.

M.P. commence lui aussi par m'interroger sur les élections et les partis français. Il m'explique la composition du champ politique grec. Apparemment, il existe en Grèce une petite dizaine d'organisations qui se réclament à titre divers du communisme. M.P. considère les "communistes" du KKE comme des fascistes parce qu'ils ont aidé les flics à réprimer les anarchistes. Ce sont de vieilles querelles que l'on connaît bien en France. Les staliniens ont même exécuté des communistes oppositionnels dans la Résistance1. Puis il évoque spontanément l'Aube Dorée, ce parti d'extrême-droite néofasciste très violent qui passe des immigrés à tabac dans les rues et qui est en pleine expansion. « Ils disent aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre, m'explique-t-il. Qu'ils vont mettre fin à la corruption, expulser les immigrés, ramener immédiatement les antiquités volées2 à Athènes... » Ça le fait bien rire. « Qu'est-ce qu'ils s'imaginent ? Qu'ils vont se pointer au British Museum et repartir avec la statue sous le bras ? »

J'essaye d'expliquer à M.P. qu'en France, l'élection législative n'a que peu d'importance et que l'une des raisons en est que seuls les deux principaux partis peuvent avoir des sièges à l'Assemblée. « Seuls l'UMP et le PS peuvent avoir des sièges à l'Assemblée, parce que les élections législatives sont des élections uninominales comme les présidentielles. Chaque circonscription élit un député, en général il y a deux tours. Ce n'est pas un scrutin proportionnel. Donc les grands partis sont presque les seuls à pouvoir faire élire des députés. Bien sûr, d'autres partis peuvent aussi avoir des sièges à l'Assemblée, c'est le cas des Verts et des radicaux par exemple, mais seulement s'ils s'allient à l'un des deux principaux partis. Sans accord électoral, même un parti qui fait 10% ou même 20% des voix peut n'avoir aucun représentant à l'Assemblée, comme c'est le cas du Front National par exemple. » Il écarquille les yeux : « En fait on se plaint mais nous vivons en démocratie. » Je remarque le petit sourire férocement ironique qui se dessine au coin de ses lèvres chaque fois qu'il prononce le mot « démocratie ».

Si M.P. choisit de me parler ainsi de l'Aube Dorée, ce n'est pas seulement en raison de ses activités criminelles, mais aussi parce qu'elle pourrait bien entrer pour la première fois au parlement. En Grèce, un parti entre au parlement s'il obtient au moins 3% des voix. Des milices fascistes, dont la principale est l'Aube Dorée, ont fait leur apparition un peu partout en Grèce. Les anarchistes répondent à cette menace en développant leur activité antifasciste. La guerre que se livrent les deux mouvements est manifeste pour quiconque met les pieds à Athènes. Les murs de la ville en témoignent, ils sont recouverts de slogans et de symboles. Les fascistes dessinent leurs symboles partout, les anarchistes les recouvrent avec les leurs, et inversement. Ainsi, la présence des anarchistes, qui contrebalance celle des fasciste, est visible dans l'espace public, comme une protection.

À l'Aube Dorée, on aime les ambiances rétro. Son drapeau évoque la croix gammée.

Des membres de l'Aubre Dorée en Crète.

Des membres de l'Aube Dorée en Épire du Nord.

 

Ces milices fascistes collaborent avec la police pour persécuter les immigrés et réprimer les manifestations.

Des membres de l'Aube Dorée avec les flics.

Des troupes entières de l'Aube Dorée, armées et casquées, au beau milieu des flics.

Des flics tapent tranquillement la causette avec d'étranges "manifestants". Sur le t-shirt noir à droite, on peut lire "Chrysi Avgi", c'est-à-dire Aube Dorée.

Des militants de l'Aube Dorée servent d'auxiliaires de police pour charger les manifestants.

Des flics devant le parlement en compagnie de "manifestants" armés, casqués et masqués. À votre avis, que fait tout ce beau petit monde ensemble ? un piquet de grève ? un pique-nique ? une pétanque ?

Alors que Syntagma est en état de siège, des militants de l'Aube Dorée (ou des flics en civils, mais y a-t-il vraiment une différence, c'est la question) sont invités VIP au parlement.

Pour en savoir plus sur les liens entre la police grecque et ces mistérieux manifestants, voir le dossier réalisé par jaiundoute.com3.

De leur côté, les anarchistes font œuvre de salubrité publique : ils nettoient l'espace public des ordures fascistes.

Dans la cité portuaire de Patras, un groupe d'anarchistes ferme le local de l'Aube Dorée ouvert deux jours plus tôt.

Un groupe d'anarchistes attaque avec du yaourt et des œufs le présentateur d'une chaîne de télévision durant une interview en direct. Ils le punissent ainsi pour avoir invité dans son émission un représentant du parti néonazi Aube Dorée.

En France, on en est pas encore arrivé là. Je donne mon point de vue à M.P. sur la question : « Évidemment, on fait peur aux gens avec l'extrême-droite, en France par exemple avec le Front National. Mais l'extrême-droite ne fait que servir le système. Elle travaille avec la police. Les vrais dirigeants fascistes ne sont pas d'extrême-droite. Je considère par exemple le PASOK comme un parti fasciste. Les vrais fascistes, ce sont ceux qui nous gouvernent actuellement, au niveau de l'Union Européenne et dans nos pays, ceux qui s'emploient à détruire toutes nos libertés, nos droits et nos organisations. »

Je demande ensuite à M.P. de me raconter son "accident". Le 10 février, au cours d'une manifestation, il a été passé à tabac par les flics. « J'étais près de Syntagma, au bout de la rue Stadiou, quand j'ai été attaqué. 3-4 flics des MAT [unités pour le rétablissement de l'ordre] me sont tombés dessus et j'ai essayé de me protéger. Quelques personnes sont venues à mon secours mais elles ont été attaquées par toute une esquade, 12 à 15 flics. Elles ont été gazées, battues et au même moment davantage de flics se sont jetés sur moi pour que je ne m'échappe pas. Ensuite je me suis retrouvé seul, battus par tous ces flics. Quand ils ont essayé de me passer les menottes, j'ai dit "il n'y a aucune raison à ça" et ils m'ont cassé les côtes. Je savais qu'ils m'avaient brisé des côtes parce que je suis thérapeute [masseur] mais je n'imaginais pas qu'ils m'en avaient cassé six ! Quand je les ai senties casser, il était clair que je n'avais qu'une seule possibilité, ne pas aggraver mon état : je les ai donc suivi en attendant d'avoir une occasion de leur échapper. Mais je n'ai pas eu de chance parce qu'ils me voulaient absolument. Durant tout ce temps, ils racontaient des conneries sur ma mère et comment ils allaient me baiser, en me crachant au visage. Tout cela jusqu'à la rue du 3 Septembre où ils m'ont frappé encore davantage avec des côtes déjà cassées. En allant en direction de la rue du 3 Septembre, ils m'ont fait passer au-devant de l'escouade parce que des gens jetaient des pierres, de sorte que je sois touché par les pierres. Ces connards me disaient : tu vas voir, tes copains vont te frapper. Ensuite les vieux flics ont dit aux jeunes : crachez sur ce salaud ! Avec moi, il y avait un Français qui avait été arrêté. Je l'avais rencontré auparavant sur la place Syntagma et j'avais discuté avec lui. Il avait un masque à gaz et je lui avait demandé s'il marchait bien. Pendant la nuit, il était effrayé, il avait peur que les flics viennent pour nous battre.

- Une tradition française, probablement.

- Je l'ai rassuré, je lui ai dit qu'il pouvait dormir tranquille. Ici en Grèce, les flics battent les gens dans la rue, mais pas au commissariat.

- Chez nous, c'est le contraire. Quand les flics frappent les gens, ils ne faut pas que ça se voit, ils font ça loin des caméras, en cachette.

- Toute la nuit, au poste, j'ai demandé à aller à l'hôpital, en vain. Un flic prenait des photos de moi avec son protable. Ils sont venu me voir en me disant : tu veux aller à l'hôpital maintenant ou plus tard ? J'ai dit : maintenant. Mais rien. Ensuite, ils m'ont demandé à nouveau, j'ai dit maintenant ou jamais. Finalement, ils m'ont gardé 24h et je suis allé à l'hôpital par moi-même quand ils m'ont relâché. J'ai été bien soutenu par les gens et ça m'a beaucoup aidé psychologiquement. Un flic m'a dit que j'avais eu de la chance, parce que je ne suis pas mort. »

Vidéo des incidents du 10 février. On aperçoit l'arrestation de M.P. tout à la fin.

L'arrestation de M.P.

 

M.P. m'explique qu'il a dû en outre être opéré par la suite parce qu'à l'hôpital, on a trouvé d'étranges nodules dans ses poumons. Il me dit que ça peut être dû à la pression. Il fume, mais ce n'est pas la seule cause de ses problèmes respiratoires. Les flics déversent énormément de gaz sur les manifestants. « Ce sont des gaz militaires qu'ils utilisent », me dit-il. « La haine grandit envers les flics. Moi avant, je n'avais pas de sentiment envers eux. » Maintenant, il en a.

« Il y a pleins de flics en civils dans les manifestations. C'est très dangereux. Ils ont brûlé des gens dans une banque.

- Ah oui, j'ai entendu parler de cette histoire. Les médias ont dit que c'étaient des manifestants qui y avaient mis le feu.4

- Oui, des anarchistes...

- Il y a des rumeurs qui circulent selon lesquelles des policiers provenant d'autres États de l'Union Européenne seraient en Grèce pour aider la police grecque. Des gens ont dit qu'ils avaient entendu des flics parler en Anglais entre eux. Qu'est-ce que tu en penses ?

- Oui, j'ai entendu parler de ces rumeurs. Mais les flics ne restent pas tout le temps à la caserne. S'il y a des flics étrangers en Grèce, ils doivent sortir, aller au café. Les gens s'en seraient rendu compte. C'est pour ça que je pense que c'est des conneries. »

Évidemment, les flics poursuivent M.P. en justice, sinon la farce de la pseudodémocratie et de sa pseudolégalité ne pourrait pas être jouée jusqu'au bout. Il va être jugé en juin pour quatre chefs d'accusation : pour trouble à l'ordre public, pour résistance lors de son arrestation (ne riez pas !), pour usage d'armes par destination et pour avoir tenté de causer une atteinte grave à la santé, celle des flics en l'occurrence (non, ne riez pas je vous dis). Les accusations d'atteinte à la santé et d'usage d'armes consistent plus concrètement à le poursuivre pour avoir prétendument lancé du marbre et... porté un casque de moto. Les flics grecs ne manquent pas d'humour. La Grèce fait partie de ces pays où quand un flic te plante un couteau dans le dos, un juge te poursuit pour port d'arme illicite. M.P. veut lui aussi porter plainte contre les flics. Mais il attend encore, il craint des représailles contre lui-même ou contre son avocat.5 Il me dit que le procès des flics aura lieu probablement dans trois ans. « Mais c'est complètement absurde, on ne peut pas juger les deux affaires séparément ! Si les flics sont coupables, alors l'arrestation était illégale et tu ne peux pas être condamné. » Il me répond par le même petit sourire en coin qui se dessine sur son visage quand il prononce le mot "démocratie".

En théorie, le droit de manifester existe en Grèce. Mais comme les flics inondent les manifestants de gaz lacrymogènes, ils doivent se protèger en se couvrant le visage comme ils peuvent, le mieux étant d'avoir un masque à gaz. Et en Grèce, il est interdit de cacher son visage dans une manifestation (ce qui explique qu'on puisse être accusé de port d'arme et d'atteinte grave à la santé quand on porte un casque de moto). Cette trouvaille permet d'interdire les manifestations en faisant semblant de ne pas les interdire. Certains humoristes appellent ça la démocratie. Les violences policières telles que celles dont M.P. a fait l'expérience sont courantes, elles se produisent à chaque manifestation. À chaque fois les manifestants reviennent pourtant à Syntagma. Pour M.P. ça n'a pas de sens. « À chaque fois, les gens se rassemblent à Syntagma, passent une journée devant le parlement, pour quoi ? Et ensuite ils repartent. Ça ne sert à rien. Ou alors, il faudrait qu'ils y restent tout le temps, qu'ils fassent grève, qu'ils s'y mettent vraiment. Dans ce cas, je suis prêt à les aider, à leur apporter de la nourriture. »

En passant, il me montre l'université polytechnique où, un fameux jour de novembre 1973, un char est entré pour mater la révolte des étudiants. C'est une sorte de lieu saint de l'anarchisme grec. Il me retrace l'histoire du mouvement anarchiste. Il m'explique qu'en 1995, l'État "démocratique" a fait le grand ménage : il y a eu des milliers de militants arrêtés. Ça a été un coup très dur pour le mouvement, qui est tombé en sommeil. « Quand ils ont tué Alex, les gens se sont réveillés. Il a fallu qu'il y ait un mort pour qu'ils comprennent. » Nul besoin d'expliquer qui est Alex. M.P. n'en a pas dit plus et, d'ailleurs, ce n'était pas nécessaire car j'ai immédiatement compris de qui il parlait. Alex, c'est Alex. Tout le monde ici comprend tout de suite qu'il s'agit d'Alexis Grigoropoulos, le jeune adolescent de 15 ans assassiné par des flics le 6 décembre 2008, que tout le monde ne désigne plus que par son petit nom. C'est son assassinat qui avait provoqué le premier soulèvement grec, dès la nuit même, au tout début de la crise systémique du capitalisme. M.P. remonte plus loin dans l'histoire, à l'époque où la guerre civile s'est terminée par la reddition des insurgés, des communistes, qui ont livré leurs armes. Il n'en revient pas qu'ils aient pu être assez stupides pour rendre leurs armes. Exactement comme en France, où la direction du parti communiste officiel ordonna aux résistants communistes de rendre leurs armes, ce qui permit à la bourgeoisie de réinstaurer sa dictature sous la direction d'un nouveau général, alors que les occupants étrangers avaient changé de nationalité. « Chaque fois que ce pays a voulu se gouverner pour lui-même, dit-il en parlant de la Grèce, des connards sont venus de l'étranger pour l'en empêcher. »

Un jour, comme nous montons sur une des collines qui surplombent Athènes, M.P. me montre des piscines et s'irrite du fait que leurs propriétaires ne paient pas d'impôts. « Oui je sais, tout le monde a entendu parler des piscines d'Athènes, les médias européens n'arrêtent pas de dire que les Grecs ne paient pas d'impôts.

- Tu sais, il y a une différence entre ces gars-là et quelqu'un comme moi.

- Oui je sais bien, mais les médias disent : les Grecs ne travaillent pas et ne paient pas d'impôts.

- Nous travaillons énormément et nous payons énormément d'impôts. »

Et ce n'est pas prêt de finir. Le gouvernement grec saigne son peuple avec des impôts et des taxes de plus en plus lourds pour rembourser la dette infâme. Les réformes les plus délirantes sont envisagées pour obliger les Grecs à donner jusqu'au dernier euro. M.P. me dit qu'une réforme obligerait bientôt tous les Grecs à avoir un compte en banque et leur interdirait de garder leur argent chez eux. Il s'agirait pour l'État grec d'espionner littéralement l'ensemble de la population et de ficher les dépenses de chaque Grec6. C'est délirant, mais pour qui a vu la Grèce en ces jours obscurs, ça n'est pas si surprenant.

Une crise de folie a saisi la Grèce, mais ce n'est pas la folie des Grecs, c'est celle des eurofascistes. Des criminels capitalistes et bureaucrates ont décidé d'asphyxier l'économie grecque en la privant de monnaie, en lui suçant jusqu'au dernier centime de monnaie, telles des sangsues et des tiques accorchées à leur proie. Pour survivre, les Grecs seront bientôt obligés de faire du troc. « Qui a dit qu'on ne pouvait pas avoir la drachme ? s'interrogeait M.P.  » De faux économistes et de vrais propagandistes. En Grèce, tout n'est qu'illusions, tout marche sur la tête. Les travailleurs sont au chômage ; les chômeurs enchaînent les petits boulots ; les employés ne sont pas rémunérés ; les commerçants ont bien du mal à commercer ; le gouvernement multiplie les taxes, mais le fisc parvient à lever de moins en moins d'impôts ; l'État paye à des banquiers et des riches une dette imaginaire tout à fait extravagante, mais il ne paye pas la dette réelle qu'il a contracté auprès de milliers de travailleurs grecs ; il n'y a plus de différence entre les fascistes et les flics en civil, qui sèment le chaos et la terreur dans les rues ; et finalement ce sont les anarchistes qui font du maintien de l'ordre. En fin de compte, les seules choses qui sont vraies en Grèce, ce sont les flics et les bourgeois. Les flics fliquent et les bourgeois bourgeoisent.

Au moment de se quitter, je dis à M.P. : « Tu sais, votre Exarcheia, vous devriez la renommer Anarcheia. » « Ce serait beau ! »

1 Voir à ce sujet P. Broué et R. Vacheron : Meutres au maquis, 1997

2 La question des antiquités dérobées par les Britanniques sur l'Acropole d'Athènes (notamment des sections considérables de la frise du Parthénon et une Caryatide) fait partie des sujets extrêmement sensibles en ce moment aux côtés de l'emprunt forcé contracté par l'Allemagne nazie auprès de la Banque de Grèce, alors que le pays était occupé, et jamais remboursé. Beaucoup de Grecs considèrent comme une question d'honneur national, surtout en cette période où la presse européenne ne cesse de les injurier, de rapatrier ces pièces dérobées et qui se trouvent maintenant au British Museum.

5 Il a finalement renoncé à poursuivre ces flics en justice.


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16 réactions à cet article    


  • Le taulier Le taulier 22 mai 2012 09:44

    Bonjour,

    Tes photos ne montrent mais ne démontrent pas. Un mec en tenue civile au milieu de flics cela peut être n’importe qui en particulier un flic sans uniforme. Dire que c’est un militant de l’Aube dorée c’est prendre le lecteur pour un gogo.

    Pour Notre mère Athènes (3ème partie) tu pourrais nous montrer des photos d’anars en train de foutre le bordel en Grèce et de faire perdre des milliers d’emplois à des Grecs qui bossent dans le tourisme en particulier.


    • Hermes Hermes 22 mai 2012 14:26

      Bonjour,

      Effectivement d’accord sur le manque de preuves, mais celà n’a aucun intérêt pour un article général comme celui-ci de le noyer de détails sur chaque individu concerné, ce qui serait le seul moyen de tenter de « prouver » (on reproche beaucoup à Morice ses articles trop fouillés sur cet aspect).

      Sans doute aurait-il mieux valu joindre des liens vers les Blogs des athéniens qui montrent et démontrent, et celà aurait permis à des lecteurs exigeants comme vous Le Taulier de vous assurer de la véracité des allégations.

      Sinon sur la seconde partie de votre commentaire, faites nous un article   smiley

      Hors tout humour, je suis porté à penser que l’antifascisme vindicatif et ennervé ne sert pas la cause « humaniste » en ce sens qu’il exacerbe les positions des deux parties. Si on ne souhaite pas que les conflits armés soient le dernier recours des sociétés humaines en perdition, les prises de position passionnées sont à éviter, car la seule chose qu’elles permettent, c’est de jeter de l’huile sur le feu. Le passionnel est en quelque sorte un « faux réveil », c’est la deuxième face du sommeil, celle qui mène au choc frontal de façon mécanique et incontrôlable.

      Aujourd’hui les mensonges et les tromperies sont de plus en plus difficiles à cacher, et celà provoque de plus en plus de positions passionnelles qui focalisent le peu d’attention qui soit restée en éveil. Les émissaires de rassemblement ou de réconciliation ont pour le moment peu de succés. C’est une sorte de cyclicité historique.

      Bonne journée.


    • Le taulier Le taulier 22 mai 2012 15:02

      Salut,

      Je ne suis pas d’accord, le manque de preuves est essentiel puisque l’article tourne autour de ce sujet ; la collusion entre police et Aube Dorée. Par ailleurs je ne suis pas « exigeant » mais j’aime pas me faire manipuler par un article.

      Je n’ai pas assez de connaissances sur les conséquences des mouvements sociaux sur le tourisme mais ayant vécu en Égypte je peut témoigner qu’après chaque attentats le nombre de touriste chute de manière vertigineuse. par contre je viens de poster un article sur un scénario de sortie de la Grèce de la zone euro.

      http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/detricotage-de-la-zone-euro-mode-d-117196


    • wesson wesson 23 mai 2012 00:34
      bonsoir le Taulier,

      vous détournez le sujet. Que la personne en civil soit un militant ou non d’aube dorée, c’est ostensiblement un casseur, et il est clairement de mèche avec la police. 

      Alors qu’il soit de Aube dorée, du Laos ou même du club Mickey sur la plage, reste la vrai question qui se pose : comment se fait-il que l’état Grec protège des casseurs ???

      Ou pour le dire autrement, les bonnes vieilles méthodes des appariteurs sont toujours à l’ordre du jour !

    • Le taulier Le taulier 23 mai 2012 10:40

      Salut Wesson,

      Je ne détourne rien du tout. Qu’est-ce qui te fait dire que les personnes en civil sur les photos sur des casseurs ? Tu me fais penser à cet américain qui a tué un homme pour les motifs suivants : Le mec était noir, le mec était en basket et tenu de sport, il marchait dans un quartier habité par des blancs. Donc a ses yeux c’était un voleur.

      toute les polices du monde utilisent des policiers en civil.

      Et puis de toi à moi je ne crois pas que les flics aient besoin de pousser certains manifestants grecs à bruler des immeubles.


    • Éleutheria 23 mai 2012 22:58

      Bonjour,

      L’objet central de la deuxième partie de mon article est l’anarchiste grec, M.P. Mon but n’était donc pas de démontrer mais plutôt de donner au lecteur le contexte.

      Cela dit, vous avez tort quand vous écrivez :
      « Un mec en tenue civile au milieu de flics cela peut être n’importe qui en particulier un flic sans uniforme. »

      Trois choses prouvent que ces « mecs en tenue civile » sont bien des militants de l’Aube Dorée (ou éventuellement de mouvements similaires, mais les autres ne pèsent rien en comparaison de l’Aube Dorée) :

      1°) J’ai pris ces photographies sur divers sites grecs antifascistes, anarchistes ou similaires. Il s’agit de photographies de documentation indiquant bien clairement que les « mecs en tenue civile » sont des membres de l’Aube Dorée. Les personnes qui ont pris ou en tout cas repris ces photographies ne l’ont pas fait au hasard : elles font un travail de surveillance des activités de l’Aube Dorée et d’information sur ce mouvement. Ces personnes connaissent bien l’Aube Dorée et ses principaux militants, car elles les « fréquentent » régulièrement, si j’ose dire. Ces « mecs en tenue civile » ont donc bien été identifiés comme étant des membres de l’Aube Dorée.

      2°) Il ne vous aura pas échappé que l’une des photographies montre un de ces « mecs en tenue civile » avec un t-shirt noir portant l’inscription « Aube Dorée » en Grec. L’Aube Dorée, c’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus.

      3°) Si vous vous serviez un peu de votre cerveau, vous auriez pu démontrer vous-même qu’il ne peut pas s’agir de flics en civil. Le rôle d’un flic en civil est de s’infiltrer dans une manifestation, de se fondre dans le décors, de passer inaperçu. On ne doit pas pouvoir l’identifier comme un flic. Par ailleurs l’intérêt de mettre des flics en civil dans une manifestation est justement qu’ils soient DANS la manifestation afin de pouvoir espionner les manifestants, organiser des provocations, casser (ensuite la police, le gouvernement et les médias diront que ce sont les manifestants qui ont cassé) et procéder à des arrestations surprises.

      Sachant cela, quelle degré de stupidité pourrait bien pousser la police grecque, selon vous, à 1°) mettre ses flics en civil du côté des flics en uniforme au lieu des les infiltrer dans la manifestation et 2°) les affubler de bâtons portant un drapeau grec, signe ostensible de l’opinion politique de celui qui le porte (les combattants, dans les manifestations en Grèce, y viennent très souvent armé d’un bâton qu’ils mettent à leurs couleurs afin de pouvoir être identifiés : les communistes mettent un drapeau rouge, les anarchistes un drapeau rouge et noir ou noir, les militants de l’Aube Dorée ou autres fascistes un drapeau grec), de sorte que ces « flics en civil » soient immédiatement repérés par les manifestants comme des ennemis ?

      Venir à une manifestation grecque avec ce bâton décoré d’un drapeau grec, c’est un peu comme s’y rendre avec un gyrophare, une sirène et une gigantesque pancarte indiquant « JE SUIS UN FASCISTE ». En matière de discrétion, on fait mieux. Une telle personne ne peut en aucun cas infiltrer une manifestation grecque, elle serait immédiatement repérée et tous les anarchistes, antifascistes et autres communistes présents dans la manifestation lui tomberaient dessus. On ne voit donc pas l’intérêt pour un « flic en civil ».

      Cela dit, sans pour autant avoir raison, vous n’avez pas non plus tout à fait tort, dans le sens où énormément de flics sont membres ou sympathisants de l’Aube Dorée et où l’Aube Dorée sert d’auxiliaire de police. Il n’y a donc pratiquement pas de différence entre la police grecque et l’Aube Dorée. Evidemment, il y a aussi des flics en civil dans les manifestations, comme l’indique l’article, mais ceux-ci se font plus discrets (ils ne portent pas le drapeau grec en tout cas) et il peut arriver qu’on les voie aussi en compagnie des gros bras de l’Aube Dorée. Certains « mecs en civil » présents sur les photographies sont peut-être des policiers en civil mais la plupart sont bien présents dans les manifestations en tant que militants de l’Aube Dorée.

      Pour en savoir plus sur les liens entre la police et l’Aube Dorée, voir aussi :
      http://greece.greekreporter.com/2012/05/11/more-than-half-of-police-officers-voted-for-neo-nazi-party/

      Pour ce qui est des anars, ils ne foutent pas le bordel, bien au contraire. Défendre une manifestation contre la police et les fascistes, ce n’est pas foutre le bordel. Et ils ne font pas non plus perdre des milliers d’emplois aux Grecs. Mais si vous pouvez prouver que cette ineptie est vraie, ne vous retenez pas de nous faire un article sur la question.


    • Éleutheria 23 mai 2012 23:04

      Une manifestation n’est pas un attentat terroriste.

      Les anarchistes grecs, lorsqu’ils font usage de la violence, le font toujours contre une cible bien précise : la police ou les fascistes, plus rarement le gouvernement. Ils ne s’en prennent jamais à des civils. D’ailleurs, ils font un usage essentiellement défensif de la violence (à l’exception de quelques groupes très minoritaires qui peuvent s’en prendre à des cibles gouvernementales ne représentant pas une menace de violence directe, par exemple, mais là encore ils ne viseront jamais des civils).

      En fait ce sont les anarchistes qui défendent les civils contre la violence des flics et des fascistes.


    • Éleutheria 23 mai 2012 23:07

      « Qu’est-ce qui te fait dire que les personnes en civil sur les photos sur des casseurs ? »

      Ils sont armés et masqués mais sinon y’a aucun problème.


    • Éleutheria 24 mai 2012 00:44

      Les mêmes, venus à bus à Patras, le 22 mai, pour faire un pogrome anti-immigrés (anti-afghans en l’occurrence).

      http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=WF19VvS1fhE

      Je pense que c’est suffisamment clair vu qu’ils crient « Chrysi Avgi » (Aube Dorée). smiley


    • Hermes Hermes 24 mai 2012 18:19

      Bonjour, merci pour ces précisions, explications et liens. Ce qui était évident pour vous ne l’apparaissait pas nécessairement à la première lecture.

      Cdt.


    • Éleutheria 27 mai 2012 20:33

      Vous mélangez tout. Un nationaliste n’est pas un fasciste et je ne suis pas une fanatique de gauche, je suis communiste.

      Ce n’est pas parce que vous aimez l’Aube Dorée que ceux qui dénoncent ses crimes sont malhonnêtes.

      Pour le reste, voir mes réponses à Le taulier ci-dessus.


    • BA 22 mai 2012 23:47
      Mardi 22 mai 2012 :

      Wall Street tirée vers le bas par les propos de Lucas Papademos.

      Challenges décrypte la séance du jour à Wall Street. Les indices ont fortement reculé pendant la dernière heure de cotation suite à la déclaration de l’ancien Premier Ministre grec, Lucas Papademos, selon qui le risque de la sortie de la Grèce de la zone euro est réel. 

      Les indices évoluaient ce mardi sans direction réelle, à l’exception de la fin de la séance quand ils ont soudainement reculé. La raison de ce repli a été la déclaration de l’ancien Premier Ministre grec, Lucas Papademos à Dow Jones Newswires selon qui le risque de la sortie de la Grèce de la zone euro était réel et que l’on réfléchissait aux préparations d’une telle éventualité. 

      Ses propos, publiés par le Wall Street Journal, ont donc fait chuter les indices ainsi que la paire EUR/USD qui s’est de nouveau retrouvée au-dessous de la barre de 1,26.


      • maximus 27 mai 2012 10:30

        Comme beaucoup , j’ai aimé la première partie du reportage.
        Ces descriptions saisissantes de la vie, de la situation en Grèce .
        Un quotidien douloureux ,caché du grand public par des médias aux ordres.
        Un constat sans appel du drame que vit le peuple Grec .
        Sur le deuxième volet grosse déception.
        Un regard appuyé sur les mouvements anarchistes, seule force à défendre le peuple grec. La mention sans preuves ( à part quelques photos de civils casqués ) d’ Aube Dorée , milice du gouvernement affectée aux basses oeuvres d’ épuration ( bastonnades et terreur ).
        Vous ne mentionnez à aucun moment l’hypothèse de policiers civils infiltrés destinés à la déstabilisation des manifestations ( ce qui est le cas dans de nombreux pays ).
        Vous ne mentionnez pas le degré d’immigration ahurissant que connait la Grèce actuellement et qui complique les problèmes de société.
        Vous mentionnez à mots couverts les inquiétantes forces de police internationale déjà stationnées en Grèce prêtes à réagir à toute tentative de rébellion( Grèce ou autres pays de l’Union voir « eurogenforce » ).
        Il faut arrêter ce délire journalistique et je demande à l’auteur de revoir ce jugement forgé sur les dires partisans de cet ami « anar » d’un soir.
        En poussant plus loin l’investigation, l’auteur aurait pu également interviewer les différents camps et confronter les idéologies.
        En vérité ,qui est responsable de la Grèce et de l’état de décomposition de l’économie et de sa politique, de ces échecs  ?
        Les colonels ? Les mouvements d’extrême droite ? Aube Dorée ?
        Ou plus objectivement les partis de gauche notamment les socialistes qui depuis Papandréou ont amenés la Grèce au malheur et aujourd’hui au bord de la guerre civile.
        Allez chercher les responsables directs, les financiers, les politiciens véreux , expliquez nous les compromis, les alliances qui ont ruinées ce petit pays qui n’avait pas besoin de cet euro de malheur.
        Un pays martyrisé par une Europe qui agite le spectre du fascisme, de la montée « new age »des chemises brunes du national-socialisme et le retour à des pages d’histoire que personne ne veut revivre (bla bla bla ).
        Mais en vérité que vivent à l’heure actuelle ces peuples abandonnés, forcés, violentés.
        si ce n’est cette réalité des faits déguisés sous label et mention « démocratie ».
        Comme elle a bon dos cette démocratie n’est en Grèce qui permet de tout justifier,de tout expliquer et aujourd’hui de tout imposer aux peuples trahis et humiliés.
        Attention aux Dieux de l’Olympe qui pourraient bien un jour se réveiller et rétablir les fondements de la belle et vraie démocratie.
        Des lois faites pour les hommes et leur bonheur tout simplement.


        • Éleutheria 27 mai 2012 19:30

          Bonjour maximus,

          Votre commentaire me désole vraiment, car il contient des objections auxquelles j’ai déjà répondues et d’autres qui ne me semblent pas justifiées.

          Tout d’abord, j’ai bien conscience qu’en tant que lecteur, vous avez droit à une réponse individuelle, mais essayez de vous mettre à ma place : j’aurais apprécié que vous lisiez mes réponses aux commentaires précédents, d’autant plus que j’ai passé pas mal de temps à les écrire. Donc en ce qui concerne la question de savoir si les hommes armés, masqués et en civil sur les photographies sont des policiers en civil ou bien des militants de l’Aube Dorée, je vous renvoie à mes réponses à Le taulier ci-dessus.

          Pour ce qui est du reste, il est vrai que je n’ai pas parlé de tout. Mais comment aurais-je pu tout évoquer dans un article ? L’article est déjà suffisamment long pour que j’ai été obligée de le couper en deux. Je n’ai pas parlé de l’immigration, il est vrai, et c’est un sujet très intéressant. J’espère pouvoir faire un article sur la question en rentrant de mon prochain voyage en Grèce.

          Mais écrire sur un sujet n’est pas aussi aisé que vous pouvez le penser. Encore faut-il pouvoir recueillir des informations et des témoignages. Si la deuxième partie de l’article porte sur les anarchistes grecs, c’est parce que j’ai pu avoir des informations de première main sur ce sujet, notamment grâce à mon contact. Quand j’écris un article, mon but n’est pas de remâcher des idées reçues ou de redécouvrir ce que tout le monde peut déjà lire sur la toile. J’ai voulu donner la parole à des Grecs et ainsi publier des informations inédites et peut-être plus intéressantes que ce qu’on trouve la plupart du temps dans les grands médias ou même sur internet.

          Pour moi, il était important d’écrire sur les anarchistes grecs, d’abord parce que j’ai pu en rencontrer un, et ensuite parce qu’ils sont constamment l’objet de diffamations de la part des médias occidentaux. Faut-il rappeler que ce sont les anarchistes grecs qui, le 22 mai à Patras, ont protégé les immigrés retranchés dans un bâtiment, qui se trouvaient assiégés par la milice de l’Aube Dorée venue en bus de plusieurs villes de Grèce pour faire un pogrome d’Afghans ?

          Vous ne semblez pas porter les immigrés dans votre coeur et en revanche il me semble que vous êtes bien complaisant avec l’Aube Dorée. Dans ce cas, je comprends que vous n’ayez pas apprécié la deuxième partie de mon article. Il faudra que j’écrive quelque chose de plus détaillé sur l’Aube Dorée un jour, car il s’agit bien d’une milice néonazie, quoi que puissent en dire ceux qui veulent la réhabiliter. C’est une organisation criminelle.

          "En poussant plus loin l’investigation, l’auteur aurait pu également interviewer les différents camps et confronter les idéologies.« 
          Oui mais pour ça il aurait fallu que je passe plus d’une semaine en Grèce et que je trouve davantage de contacts, ce qui ne se fait pas en claquant des doigts. Et puis ce n’était pas tellement les idéologies qui m’intéressaient en l’occurrence, mais ça pourrait faire l’objet d’un prochain article. Et si vous comptez que je fasse une interview de l’Aube Dorée, je pense que vous allez être déçu, car je ne vois pas comment je pourrais concilier ça avec ma sécurité physique, d’une part, et d’autre part je ne vois pas comment je pourrais convaincre un néonazi de répondre à mes questions.

           »Vous mentionnez à mots couverts les inquiétantes forces de police internationale déjà stationnées en Grèce prêtes à réagir à toute tentative de rébellion( Grèce ou autres pays de l’Union voir « eurogenforce » ).
          Il faut arrêter ce délire journalistique et je demande à l’auteur de revoir ce jugement forgé sur les dires partisans de cet ami « anar » d’un soir."

          Alors là, je suis tout simplement sidérée. D’abord je ne mentionne pas à mots couverts, je pose la question de façon tout à fait claire à M.P. Je pense que vous devriez tout simplement relire ce passage de l’article, car il semble que vous l’ayez survolé bien rapidement.

          Voilà le contenu fidèle de notre conversation (je n’ai fait que traduire de l’Anglais, mais c’est bien ce qui s’est dit) reproduit dans mon article :

          - Il y a des rumeurs qui circulent selon lesquelles des policiers provenant d’autres États de l’Union Européenne seraient en Grèce pour aider la police grecque. Des gens ont dit qu’ils avaient entendu des flics parler en Anglais entre eux. Qu’est-ce que tu en penses ?

          - Oui, j’ai entendu parler de ces rumeurs. Mais les flics ne restent pas tout le temps à la caserne. S’il y a des flics étrangers en Grèce, ils doivent sortir, aller au café. Les gens s’en seraient rendu compte. C’est pour ça que je pense que c’est des conneries. »

          Donc l’anar que vous accusez de répandre des rumeurs sur la présence de forces de police étrangères en Grèce pense que ce sont des « conneries », c’est bien la traduction exacte de ce qu’il a dit : « I think it’s bullshit ». Et il explique pourquoi.

          Pour ma part, je ne serais pas aussi catégorique, car il y a bien des témoins (un au moins) qui affirment que certains policiers ne parlaient pas le Grec. Et ce ne sont pas du tout des anars qui sont à l’origine de cette rumeur, mais bien des journalistes qui en ont témoigné. Les anars eux, ne semblent rien avoir remarqué. Et cela s’explique sans doute par le fait que d’après les informations fournies par les journalistes qui ont relayé la « rumeur », les forces de police étrangères présentes en Grèce ne participeraient pas à la répression des manifestations mais auraient seulement pour objectif de protéger des personnalités étrangères et grecques (travaillant notamment pour la BCE et la Commission) et de se faire le plus discrètes possible. Ce qui explique que les anarchistes n’aient rien remarqué.

          Mais l’important en l’occurrence pour moi n’était pas ce que je pensais, ni de reproduire les informations déjà propagées sur internet, mais au contraire de recueillir de nouvelles informations, de nouveaux témoignages. Pour l’anarchiste que j’ai interrogé, il n’y a aucune trace de présence de forces de police étrangères en Grèce, ce qui ne prouve pas qu’il n’y en a pas, mais ça montre au moins que s’il y en a, elles sont très discrètes.

          Il n’empêche qu’en fin de compte, vous faites dire à mon article et à mon « ami anar d’un soir » exactement le contraire de ce qu’ils disent. Ce qui n’est pas franchement honnête !

          « En vérité ,qui est responsable de la Grèce et de l’état de décomposition de l’économie et de sa politique, de ces échecs ?
          Les colonels ? Les mouvements d’extrême droite ? Aube Dorée ? »

          C’était bien un des rôles de mon article de pointer les vrais responsables, mais il faut franchement l’avoir lu en diagonale pour affirmer que j’attribue à l’extrême-droite ou à l’Aube Dorée la responsabilité de la décomposition de l’économie grecque ! L’Aube Dorée et l’extrême-droite en général jouent un rôle important dans le processus de décomposition non pas de l’économie, mais de la société, puisqu’ils pointent eux-même l’immigration comme responsable ou en tout cas, comme principal problème, et aussi parce qu’ils mènent un travail de répression féroce contre les immigrés et ceux qui les aident et contre les anarchistes et autres mouvements de gauche.

          "Ou plus objectivement les partis de gauche notamment les socialistes qui depuis Papandréou ont amenés la Grèce au malheur et aujourd’hui au bord de la guerre civile.« 
          Vous n’avez pas tort (mon article ne dit pas le contraire !) mais je trouve votre indignation bien sélective et même pas franchement honnête, encore une fois. Dans le gouvernement d’union nationale qui a dirigé la Grèce ces derniers mois, il n’y avait pas la gauche (SYRIZA et autres petits partis) en revanche il y avait bien la droite (Néa Dimokratia) et même l’extrême-droite (LAOS) au début. Les Grecs avec lesquels j’ai parlé ne qualifient pas le PASOK de parti de gauche.

           »Allez chercher les responsables directs, les financiers, les politiciens véreux , expliquez nous les compromis, les alliances qui ont ruinées ce petit pays qui n’avait pas besoin de cet euro de malheur.
          Un pays martyrisé par une Europe qui agite le spectre du fascisme, de la montée " new age "des chemises brunes du national-socialisme et le retour à des pages d’histoire que personne ne veut revivre (bla bla bla ).
          Mais en vérité que vivent à l’heure actuelle ces peuples abandonnés, forcés, violentés.
          si ce n’est cette réalité des faits déguisés sous label et mention « démocratie ».
          Comme elle a bon dos cette démocratie n’est en Grèce qui permet de tout justifier,de tout expliquer et aujourd’hui de tout imposer aux peuples trahis et humiliés.« 

          Là aussi, je suis sidérée, parce que c’est précisément ce que j’ai fait dans mon article : pointer les vrais responsables, c’est-à-dire la troïka et l’euro. C’est ce que je n’arrête pas de faire ! Et si vous relisez bien la deuxième partie de l’article, vous verrez ce que j’ai dit à M.P. à propos des »socialistes« du PASOK et de tous ces »politiciens véreux" qui agitent le spectre de l’extrême-droite :
          « Évidemment, on fait peur aux gens avec l’extrême-droite, en France par exemple avec le Front National. Mais l’extrême-droite ne fait que servir le système. Elle travaille avec la police. Les vrais dirigeants fascistes ne sont pas d’extrême-droite. Je considère par exemple le PASOK comme un parti fasciste. Les vrais fascistes, ce sont ceux qui nous gouvernent actuellement, au niveau de l’Union Européenne et dans nos pays, ceux qui s’emploient à détruire toutes nos libertés, nos droits et nos organisations. »

          C’est ce que je lui ai dit et il a approuvé la caractérisation du PASOK comme fasciste. Il faut dire que les anarchistes grecs qualifient de fascistes tous les partis responsables de la répression, indépendamment de leur idéologie, ce qui se comprend. Il n’y a pas de différence pour les anarchistes entre la violence et la répression policières sous la domination de ND ou du PASOK ou d’un autre parti.

          Au risque de vous décevoir : l’Aube Dorée est bien le chien de garde (le plus dangereux de tous avec la police) de ces politiciens véreux, de ces financiers et de cette « Europe » que vous détestez.

          Cordialement.


        • maximus 28 mai 2012 00:51

          Éleutheria

          Avant tout, merci pour cette réponse et ce texte dans lequel vous expliquez, vous m’expliquez votre démarche.
          La mienne est celle d’un amoureux de ce pays que j’ai connu à vingt ans, d’Athènes à Héraklion , pendant quinze ans.
          De ce pays, de ce pays béni des Dieux j’ai ramené tant de souvenirs aux parfums de thym et de romarin, de ciel bleu , de mer cristalline de rencontres.
          J’ai avant tout aimé ces gens, ces hommes si fiers si humbles , si humains, ; Partageant souvent avec l’étranger de passage le pain et l’amour du pays,
          Toujours, à chaque instant, comme un besoin essentiel d’amour et de fraternité continuellement partagé.
          Avec nous les étrangers qu’ils acceptaient comme des frères, ils ont perdu soudainement leur fierté, l’espoir d’un avenir, comme une trahison.
          Il y a deux ans déjà , j’avais ressenti cette peine, cet accablement .Des iles au Pyrée , pour tous , des tonnes de tristesse, ressassant le passé et les bonheurs disparus.
          Je vous comprends mieux comme vous devez comprendre que je n’ai moi non plus pas plus d’admiration pour l’Aube dorée que pour les autres.
          J’ai honte tout simplement , j’ai honte aussi pour les coupables d’aujourd’hui et d’hier.
          Bonne soirée


          • brieli67 29 mai 2012 18:21

            c ksa ça foisonne autour de la Grèce !!


            On oublie le passé récent « feux & flammes » 


            Les US et autres forces unies ont mis main basse en Morée ( Péloponnèse)

            pour construire le futur big centre de gestion et de logistique des guerres prochaines diection Moyen-Orient

            Les feux de l’été 2007 en Grèce prennent une toute autre saveur : 
            qu’un seul Canadair pendant une semaine et en plus c’était un vieux coucou italien. 

            Le marasme grec actuel ? - étape nécessaire et non suffisante -
            pour accélérer la mise en place de cette plate-forme dirigée contre le MO
            ( de surcroît la Turquie peut devenir cible....... et une bouffée d’air pour les Kurdes)

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