Notre mère Athènes (deuxième partie)
N.B. : les personnes mentionnées ont été anonymisées.
Bienvenue à Exarcheia
Vendredi est un grand jour : je vais rencontrer un anarchiste grec, un de ces barbares qui brûlent des cinémas à Athènes ou, pire, des banques, un de ces ennemis mortels de la civilisation que tout journaliste bien dressé se doit de dénoncer à l'opinion publique comme un dangereux criminel. Autant vous dire que je tremble de peur. Nous nous donnons rendez-vous à Syntagma. Quand on s'apprête à rencontrer un individu de ce genre, on ne peut pas savoir à quoi s'attendre. En fait la seule chose dont je pouvais être sûre, c'est que je ne serais pas déçue.
M.P. (c'est comme ça qu'on l'appellera) est, d'une certaine manière, exactement comme on peut s'imaginer un anarchiste grec, c'est-à-dire très instruit, très bien éduqué et très politisé, un gentleman comme on dit en charabia anglosaxon. D'un autre côté, j'ai quand même été assez surprise. Il ne ressemble pas aux anarchistes français, qui ont généralement une mentalité petite-bourgeoise et sont pour cette raison assez sectaires. Ce qui me surprend, c'est de rencontrer quelqu'un de vraiment radical. Le radicalisme politique est devenue une chose très rare en France. Il m'emmène boire un verre dans Athènes. Quand je comprends qu'il a l'intention de m'y emmener en moto, je frémis. Je n'étais jamais monté sur une moto auparavant et je n'étais pas venu à Athènes avec l'intention de commencer. Il essaye de me rassurer : « N'aies pas peur. » « Si, j'ai peur. » Quitte à mourir en Grèce, une manifestation à Syntagma aurait été plus classe qu'un accident de la route.
Tous les Athéniens ont une moto. C'est du moins l'impression que donne la circulation à Athènes : une moto, un taxi, une moto, un bus, un taxi, encore un taxi, une moto, une autre moto, etc. Il y a assez peu de voitures et tout particulièrement peu en cette fin de semaine pascale. M.P. m'emmène à Exarcheia, le quartier universitaire bien connu pour ses anarchistes. Il me montre un cinéma local saccagé par des fascistes. Là, pas de drapeau grec, mais le drapeau noir et rouge. Pas de flic en vue, on sent tout de suite que l'atmosphère est beaucoup plus détendue. J'ai l'impression de revenir dans le monde civilisé, qui se définit selon moi par une concentration largement inférieure à un flic pour 10 mètres carrés.
M.P. commence lui aussi par m'interroger sur les élections et les partis français. Il m'explique la composition du champ politique grec. Apparemment, il existe en Grèce une petite dizaine d'organisations qui se réclament à titre divers du communisme. M.P. considère les "communistes" du KKE comme des fascistes parce qu'ils ont aidé les flics à réprimer les anarchistes. Ce sont de vieilles querelles que l'on connaît bien en France. Les staliniens ont même exécuté des communistes oppositionnels dans la Résistance1. Puis il évoque spontanément l'Aube Dorée, ce parti d'extrême-droite néofasciste très violent qui passe des immigrés à tabac dans les rues et qui est en pleine expansion. « Ils disent aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre, m'explique-t-il. Qu'ils vont mettre fin à la corruption, expulser les immigrés, ramener immédiatement les antiquités volées2 à Athènes... » Ça le fait bien rire. « Qu'est-ce qu'ils s'imaginent ? Qu'ils vont se pointer au British Museum et repartir avec la statue sous le bras ? »
J'essaye d'expliquer à M.P. qu'en France, l'élection législative n'a que peu d'importance et que l'une des raisons en est que seuls les deux principaux partis peuvent avoir des sièges à l'Assemblée. « Seuls l'UMP et le PS peuvent avoir des sièges à l'Assemblée, parce que les élections législatives sont des élections uninominales comme les présidentielles. Chaque circonscription élit un député, en général il y a deux tours. Ce n'est pas un scrutin proportionnel. Donc les grands partis sont presque les seuls à pouvoir faire élire des députés. Bien sûr, d'autres partis peuvent aussi avoir des sièges à l'Assemblée, c'est le cas des Verts et des radicaux par exemple, mais seulement s'ils s'allient à l'un des deux principaux partis. Sans accord électoral, même un parti qui fait 10% ou même 20% des voix peut n'avoir aucun représentant à l'Assemblée, comme c'est le cas du Front National par exemple. » Il écarquille les yeux : « En fait on se plaint mais nous vivons en démocratie. » Je remarque le petit sourire férocement ironique qui se dessine au coin de ses lèvres chaque fois qu'il prononce le mot « démocratie ».
Si M.P. choisit de me parler ainsi de l'Aube Dorée, ce n'est pas seulement en raison de ses activités criminelles, mais aussi parce qu'elle pourrait bien entrer pour la première fois au parlement. En Grèce, un parti entre au parlement s'il obtient au moins 3% des voix. Des milices fascistes, dont la principale est l'Aube Dorée, ont fait leur apparition un peu partout en Grèce. Les anarchistes répondent à cette menace en développant leur activité antifasciste. La guerre que se livrent les deux mouvements est manifeste pour quiconque met les pieds à Athènes. Les murs de la ville en témoignent, ils sont recouverts de slogans et de symboles. Les fascistes dessinent leurs symboles partout, les anarchistes les recouvrent avec les leurs, et inversement. Ainsi, la présence des anarchistes, qui contrebalance celle des fasciste, est visible dans l'espace public, comme une protection.
À l'Aube Dorée, on aime les ambiances rétro. Son drapeau évoque la croix gammée.
Des membres de l'Aubre Dorée en Crète.
Des membres de l'Aube Dorée en Épire du Nord.
Ces milices fascistes collaborent avec la police pour persécuter les immigrés et réprimer les manifestations.
Des membres de l'Aube Dorée avec les flics.
Des troupes entières de l'Aube Dorée, armées et casquées, au beau milieu des flics.
Des flics tapent tranquillement la causette avec d'étranges "manifestants". Sur le t-shirt noir à droite, on peut lire "Chrysi Avgi", c'est-à-dire Aube Dorée.
Des militants de l'Aube Dorée servent d'auxiliaires de police pour charger les manifestants.
Des flics devant le parlement en compagnie de "manifestants" armés, casqués et masqués. À votre avis, que fait tout ce beau petit monde ensemble ? un piquet de grève ? un pique-nique ? une pétanque ?
Alors que Syntagma est en état de siège, des militants de l'Aube Dorée (ou des flics en civils, mais y a-t-il vraiment une différence, c'est la question) sont invités VIP au parlement.
Pour en savoir plus sur les liens entre la police grecque et ces mistérieux manifestants, voir le dossier réalisé par jaiundoute.com3.
De leur côté, les anarchistes font œuvre de salubrité publique : ils nettoient l'espace public des ordures fascistes.
Dans la cité portuaire de Patras, un groupe d'anarchistes ferme le local de l'Aube Dorée ouvert deux jours plus tôt.
Un groupe d'anarchistes attaque avec du yaourt et des œufs le présentateur d'une chaîne de télévision durant une interview en direct. Ils le punissent ainsi pour avoir invité dans son émission un représentant du parti néonazi Aube Dorée.
En France, on en est pas encore arrivé là. Je donne mon point de vue à M.P. sur la question : « Évidemment, on fait peur aux gens avec l'extrême-droite, en France par exemple avec le Front National. Mais l'extrême-droite ne fait que servir le système. Elle travaille avec la police. Les vrais dirigeants fascistes ne sont pas d'extrême-droite. Je considère par exemple le PASOK comme un parti fasciste. Les vrais fascistes, ce sont ceux qui nous gouvernent actuellement, au niveau de l'Union Européenne et dans nos pays, ceux qui s'emploient à détruire toutes nos libertés, nos droits et nos organisations. »
Je demande ensuite à M.P. de me raconter son "accident". Le 10 février, au cours d'une manifestation, il a été passé à tabac par les flics. « J'étais près de Syntagma, au bout de la rue Stadiou, quand j'ai été attaqué. 3-4 flics des MAT [unités pour le rétablissement de l'ordre] me sont tombés dessus et j'ai essayé de me protéger. Quelques personnes sont venues à mon secours mais elles ont été attaquées par toute une esquade, 12 à 15 flics. Elles ont été gazées, battues et au même moment davantage de flics se sont jetés sur moi pour que je ne m'échappe pas. Ensuite je me suis retrouvé seul, battus par tous ces flics. Quand ils ont essayé de me passer les menottes, j'ai dit "il n'y a aucune raison à ça" et ils m'ont cassé les côtes. Je savais qu'ils m'avaient brisé des côtes parce que je suis thérapeute [masseur] mais je n'imaginais pas qu'ils m'en avaient cassé six ! Quand je les ai senties casser, il était clair que je n'avais qu'une seule possibilité, ne pas aggraver mon état : je les ai donc suivi en attendant d'avoir une occasion de leur échapper. Mais je n'ai pas eu de chance parce qu'ils me voulaient absolument. Durant tout ce temps, ils racontaient des conneries sur ma mère et comment ils allaient me baiser, en me crachant au visage. Tout cela jusqu'à la rue du 3 Septembre où ils m'ont frappé encore davantage avec des côtes déjà cassées. En allant en direction de la rue du 3 Septembre, ils m'ont fait passer au-devant de l'escouade parce que des gens jetaient des pierres, de sorte que je sois touché par les pierres. Ces connards me disaient : tu vas voir, tes copains vont te frapper. Ensuite les vieux flics ont dit aux jeunes : crachez sur ce salaud ! Avec moi, il y avait un Français qui avait été arrêté. Je l'avais rencontré auparavant sur la place Syntagma et j'avais discuté avec lui. Il avait un masque à gaz et je lui avait demandé s'il marchait bien. Pendant la nuit, il était effrayé, il avait peur que les flics viennent pour nous battre.
- Une tradition française, probablement.
- Je l'ai rassuré, je lui ai dit qu'il pouvait dormir tranquille. Ici en Grèce, les flics battent les gens dans la rue, mais pas au commissariat.
- Chez nous, c'est le contraire. Quand les flics frappent les gens, ils ne faut pas que ça se voit, ils font ça loin des caméras, en cachette.
- Toute la nuit, au poste, j'ai demandé à aller à l'hôpital, en vain. Un flic prenait des photos de moi avec son protable. Ils sont venu me voir en me disant : tu veux aller à l'hôpital maintenant ou plus tard ? J'ai dit : maintenant. Mais rien. Ensuite, ils m'ont demandé à nouveau, j'ai dit maintenant ou jamais. Finalement, ils m'ont gardé 24h et je suis allé à l'hôpital par moi-même quand ils m'ont relâché. J'ai été bien soutenu par les gens et ça m'a beaucoup aidé psychologiquement. Un flic m'a dit que j'avais eu de la chance, parce que je ne suis pas mort. »
Vidéo des incidents du 10 février. On aperçoit l'arrestation de M.P. tout à la fin.
L'arrestation de M.P.
M.P. m'explique qu'il a dû en outre être opéré par la suite parce qu'à l'hôpital, on a trouvé d'étranges nodules dans ses poumons. Il me dit que ça peut être dû à la pression. Il fume, mais ce n'est pas la seule cause de ses problèmes respiratoires. Les flics déversent énormément de gaz sur les manifestants. « Ce sont des gaz militaires qu'ils utilisent », me dit-il. « La haine grandit envers les flics. Moi avant, je n'avais pas de sentiment envers eux. » Maintenant, il en a.
« Il y a pleins de flics en civils dans les manifestations. C'est très dangereux. Ils ont brûlé des gens dans une banque.
- Ah oui, j'ai entendu parler de cette histoire. Les médias ont dit que c'étaient des manifestants qui y avaient mis le feu.4
- Oui, des anarchistes...
- Il y a des rumeurs qui circulent selon lesquelles des policiers provenant d'autres États de l'Union Européenne seraient en Grèce pour aider la police grecque. Des gens ont dit qu'ils avaient entendu des flics parler en Anglais entre eux. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Oui, j'ai entendu parler de ces rumeurs. Mais les flics ne restent pas tout le temps à la caserne. S'il y a des flics étrangers en Grèce, ils doivent sortir, aller au café. Les gens s'en seraient rendu compte. C'est pour ça que je pense que c'est des conneries. »
Évidemment, les flics poursuivent M.P. en justice, sinon la farce de la pseudodémocratie et de sa pseudolégalité ne pourrait pas être jouée jusqu'au bout. Il va être jugé en juin pour quatre chefs d'accusation : pour trouble à l'ordre public, pour résistance lors de son arrestation (ne riez pas !), pour usage d'armes par destination et pour avoir tenté de causer une atteinte grave à la santé, celle des flics en l'occurrence (non, ne riez pas je vous dis). Les accusations d'atteinte à la santé et d'usage d'armes consistent plus concrètement à le poursuivre pour avoir prétendument lancé du marbre et... porté un casque de moto. Les flics grecs ne manquent pas d'humour. La Grèce fait partie de ces pays où quand un flic te plante un couteau dans le dos, un juge te poursuit pour port d'arme illicite. M.P. veut lui aussi porter plainte contre les flics. Mais il attend encore, il craint des représailles contre lui-même ou contre son avocat.5 Il me dit que le procès des flics aura lieu probablement dans trois ans. « Mais c'est complètement absurde, on ne peut pas juger les deux affaires séparément ! Si les flics sont coupables, alors l'arrestation était illégale et tu ne peux pas être condamné. » Il me répond par le même petit sourire en coin qui se dessine sur son visage quand il prononce le mot "démocratie".
En théorie, le droit de manifester existe en Grèce. Mais comme les flics inondent les manifestants de gaz lacrymogènes, ils doivent se protèger en se couvrant le visage comme ils peuvent, le mieux étant d'avoir un masque à gaz. Et en Grèce, il est interdit de cacher son visage dans une manifestation (ce qui explique qu'on puisse être accusé de port d'arme et d'atteinte grave à la santé quand on porte un casque de moto). Cette trouvaille permet d'interdire les manifestations en faisant semblant de ne pas les interdire. Certains humoristes appellent ça la démocratie. Les violences policières telles que celles dont M.P. a fait l'expérience sont courantes, elles se produisent à chaque manifestation. À chaque fois les manifestants reviennent pourtant à Syntagma. Pour M.P. ça n'a pas de sens. « À chaque fois, les gens se rassemblent à Syntagma, passent une journée devant le parlement, pour quoi ? Et ensuite ils repartent. Ça ne sert à rien. Ou alors, il faudrait qu'ils y restent tout le temps, qu'ils fassent grève, qu'ils s'y mettent vraiment. Dans ce cas, je suis prêt à les aider, à leur apporter de la nourriture. »
En passant, il me montre l'université polytechnique où, un fameux jour de novembre 1973, un char est entré pour mater la révolte des étudiants. C'est une sorte de lieu saint de l'anarchisme grec. Il me retrace l'histoire du mouvement anarchiste. Il m'explique qu'en 1995, l'État "démocratique" a fait le grand ménage : il y a eu des milliers de militants arrêtés. Ça a été un coup très dur pour le mouvement, qui est tombé en sommeil. « Quand ils ont tué Alex, les gens se sont réveillés. Il a fallu qu'il y ait un mort pour qu'ils comprennent. » Nul besoin d'expliquer qui est Alex. M.P. n'en a pas dit plus et, d'ailleurs, ce n'était pas nécessaire car j'ai immédiatement compris de qui il parlait. Alex, c'est Alex. Tout le monde ici comprend tout de suite qu'il s'agit d'Alexis Grigoropoulos, le jeune adolescent de 15 ans assassiné par des flics le 6 décembre 2008, que tout le monde ne désigne plus que par son petit nom. C'est son assassinat qui avait provoqué le premier soulèvement grec, dès la nuit même, au tout début de la crise systémique du capitalisme. M.P. remonte plus loin dans l'histoire, à l'époque où la guerre civile s'est terminée par la reddition des insurgés, des communistes, qui ont livré leurs armes. Il n'en revient pas qu'ils aient pu être assez stupides pour rendre leurs armes. Exactement comme en France, où la direction du parti communiste officiel ordonna aux résistants communistes de rendre leurs armes, ce qui permit à la bourgeoisie de réinstaurer sa dictature sous la direction d'un nouveau général, alors que les occupants étrangers avaient changé de nationalité. « Chaque fois que ce pays a voulu se gouverner pour lui-même, dit-il en parlant de la Grèce, des connards sont venus de l'étranger pour l'en empêcher. »
Un jour, comme nous montons sur une des collines qui surplombent Athènes, M.P. me montre des piscines et s'irrite du fait que leurs propriétaires ne paient pas d'impôts. « Oui je sais, tout le monde a entendu parler des piscines d'Athènes, les médias européens n'arrêtent pas de dire que les Grecs ne paient pas d'impôts.
- Tu sais, il y a une différence entre ces gars-là et quelqu'un comme moi.
- Oui je sais bien, mais les médias disent : les Grecs ne travaillent pas et ne paient pas d'impôts.
- Nous travaillons énormément et nous payons énormément d'impôts. »
Et ce n'est pas prêt de finir. Le gouvernement grec saigne son peuple avec des impôts et des taxes de plus en plus lourds pour rembourser la dette infâme. Les réformes les plus délirantes sont envisagées pour obliger les Grecs à donner jusqu'au dernier euro. M.P. me dit qu'une réforme obligerait bientôt tous les Grecs à avoir un compte en banque et leur interdirait de garder leur argent chez eux. Il s'agirait pour l'État grec d'espionner littéralement l'ensemble de la population et de ficher les dépenses de chaque Grec6. C'est délirant, mais pour qui a vu la Grèce en ces jours obscurs, ça n'est pas si surprenant.
Une crise de folie a saisi la Grèce, mais ce n'est pas la folie des Grecs, c'est celle des eurofascistes. Des criminels capitalistes et bureaucrates ont décidé d'asphyxier l'économie grecque en la privant de monnaie, en lui suçant jusqu'au dernier centime de monnaie, telles des sangsues et des tiques accorchées à leur proie. Pour survivre, les Grecs seront bientôt obligés de faire du troc. « Qui a dit qu'on ne pouvait pas avoir la drachme ? s'interrogeait M.P. » De faux économistes et de vrais propagandistes. En Grèce, tout n'est qu'illusions, tout marche sur la tête. Les travailleurs sont au chômage ; les chômeurs enchaînent les petits boulots ; les employés ne sont pas rémunérés ; les commerçants ont bien du mal à commercer ; le gouvernement multiplie les taxes, mais le fisc parvient à lever de moins en moins d'impôts ; l'État paye à des banquiers et des riches une dette imaginaire tout à fait extravagante, mais il ne paye pas la dette réelle qu'il a contracté auprès de milliers de travailleurs grecs ; il n'y a plus de différence entre les fascistes et les flics en civil, qui sèment le chaos et la terreur dans les rues ; et finalement ce sont les anarchistes qui font du maintien de l'ordre. En fin de compte, les seules choses qui sont vraies en Grèce, ce sont les flics et les bourgeois. Les flics fliquent et les bourgeois bourgeoisent.
Au moment de se quitter, je dis à M.P. : « Tu sais, votre Exarcheia, vous devriez la renommer Anarcheia. » « Ce serait beau ! »
1 Voir à ce sujet P. Broué et R. Vacheron : Meutres au maquis, 1997
2 La question des antiquités dérobées par les Britanniques sur l'Acropole d'Athènes (notamment des sections considérables de la frise du Parthénon et une Caryatide) fait partie des sujets extrêmement sensibles en ce moment aux côtés de l'emprunt forcé contracté par l'Allemagne nazie auprès de la Banque de Grèce, alors que le pays était occupé, et jamais remboursé. Beaucoup de Grecs considèrent comme une question d'honneur national, surtout en cette période où la presse européenne ne cesse de les injurier, de rapatrier ces pièces dérobées et qui se trouvent maintenant au British Museum.
3 http://jaiundoute.com/actualites/actualite-politique/02/2012/manifestation-du-12-fevrier-casseurs-et-la-police-en-grece/
Voir aussi : http://www.mecanopolis.org/?tag=exarchia où l'on voit des flics, non pas en civil, mais en uniforme, "casser".
4 Voir par exemple : http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20100505.OBS3465/athenes-3-morts-dans-un-incendie-en-marge-des-manifestations.html
5 Il a finalement renoncé à poursuivre ces flics en justice.
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