Orban un précurseur en Europe ?
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Le premier ministre Hongrois, Viktor Orban, est ainsi venu au parlement européen pour essayer de faire passer la pilule de la nouvelle constitution hongroise entrée en vigueur dimanche dernier et qui fait de nombreuses vagues au sein de l’UE. La plupart des commentateurs font l’analyse de ce texte comme un renforcement du pouvoir autoritaire pourtant déjà affirmé dans ce pays. Ils y voient un texte ne permettant que très difficilement l’alternance démocratique.
Les dispositions les plus critiquées sont ainsi : - La disparition dans cette constitution du terme « république » au profit de la seule appellation « Hongrie » - Le « Dieu bénisse les Hongrois » qui s’inscrit dans le texte avec dans le même temps des communautés religieuses éligibles à des subventions qui se réduisent comme peau de chagrin - Le mandat des titulaires de postes importants de l'appareil d'Etat : économie, justice, police et armée, est porté à neuf ou douze ans. - La Constitution décrète que l'embryon est un être humain dès le début de la grossesse. - Une loi rend les sans-abri éventuellement passibles de peines de prison. - Radio-télévision et agence de presse MTI sont regroupés en une seule entité. L'unique radio d'opposition Klubradio s'est vu retirer sa fréquence. Les thuriféraires du régime expliquent que la politique actuelle du gouvernement Orbán prend ses racines dans la nécessaire revanche contre l’internationalisme communisme, et l’enrichissement des élites issues du communisme …
On retrouve des accents connus sous d’autres cieux : face aux puissances étrangères de l’argent et à celles du mal politique (nationales), il faut utiliser l’État national pour contrôler l’économie au nom du peuple. Nous ne pouvons pas dire que nous ne connaissons pas ce type de propos. Orban est malin, il appuie partout où ça fait mal : la corruption des partis, les banques, le putsch technocratique sur les institutions européennes etc. Les mêmes dialectiques sont entendues ici avec bien souvent le même succès et pas seulement au FN de Marine Le Pen.
Daniel Cohn-Bendit n’a pas complètement tort de comparer Viktor Orban à une sorte de Hugo Chavez européen en devenir. Bien d’autres comparaisons pourraient venir effleurer nos esprits. Certes, il ne s’agit pas encore d’une attaque frontale contre la démocratie, mais d’une offensive par petites touches, comme savent le faire les régimes autoritaires intelligents. Quant au chef de file des socialistes (PSE), le social-démocrate autrichien Hannes Swoboda, il a été timoré : il a simplement estimé que la Hongrie de 2012 n'aurait « pas été admise » dans l'Union européenne si elle avait posé sa candidature aujourd'hui. Selon un journaliste de « Libération » Jean Quatremer, la gauche avait alors « largement déserté l'hémicycle. "Je ne vois plus de socialistes français... » écrit-il sur twitter.
Certains osent encore évoquer une "Europe fédérale" !
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