Pavillon noir sur le parlement Européen
Le pari était insensé, fou même auraient pu avancer certains observateurs en 2006 lorsque fut enregistré ce parti par Rickard Falkvinge pour participer aux élections Suédoises en septembre. Pourtant, du modeste départ opéré par celui-ci après l’appel aux urnes nationales, le voici trois ans après capable de claironner en savourant les 7,1% obtenus aux élections Européennes. Une performance lui octroyant le droit d’envoyer un représentant au sein de l’hémicycle de Strasbourg dès la prochaine legislature.

Alors que tous les regards Français étaient tournés en direction des résultats assez stupéfiants survenus dans l’hexagone, la Suède, elle, apprenait la confirmation de sondages publiés précédemment à la tenue de cette journée. Ces derniers annonçant régulièrement la montée en puissance du parti pirate [1] au point d’en faire la troisième force politique du moment au sein du royaume. A cette heure, Christian Engström peut jubiler : la mobilisation de ses militants malgré des moyens des plus réduits lui permettra de bénéficier de l’un des 18 sièges disponibles par cet Etat scandinave.
Une genèse née de l’exaspération des mesures anti-Internet
Cet essor peut s’expliquer pour plusieurs raisons, celui de l’essoufflement généralisé des partis traditionnels que l’on constate dans toute l’Europe par ailleurs mais aussi et surtout par les récentes pressions des lobbies du secteur culturel pour faire adopter une réglementation Européenne restreignant les droits inhérents à l’usage d’Internet au nom de la lutte contre la contrefaçon (directive 2004/48/EC transposée en France par la loi 2007-1544 et le décret n° 2008-624) ainsi que le procès à l’encontre des responsables du site hébergeant des liens torrents, Pirate Bay. Procès qui se singularisa par la présence d’un juge soupçonné de partialité du fait de liens avec des sociétés affairées à la défense de la propriété intellectuelle. Pour beaucoup choqués d’une telle décision judiciaire (1 an d’emprisonnement et 3 millions d’euros en guise de dommages et intérêts pour les gérants) renforcé par les soupçons relatifs sur le conflit d’intérêts lié au magistrat de la cour de Stockholm, le nombre d’adhérents grimpa prodigieusement en flèche, de manière quasi-virale, pour atteindre 40 000 quelques jours après le prononcé du jugement !
Signalons aussi une timide percée (229 000 votants, soit 0,9%) du parti pirate en Allemagne qui se sent de plus en plus concernée par le sujet.
Aujourd’hui l’Europe, demain le monde ?
Demeurent plusieurs inconnues pour la suite : le parti pirate arrivera-t-il à essaimer électoralement dans d’autres pays que la Suède ? ; ne lui faudra-t-il pas étoffer son programme au risque de paraître monomaniaque ? ; quelles alliances devra-t-il nouer pour gagner en influence auprès des poids lourds du parlement Européen ?
Il n’en reste pas moins que les partis frères fleurissent désormais de par le monde, et que récemment l’antenne Française a obtenu le 1er juin 2009 son statut d’association si l’on en croit l’annonce sur le site du parti pirate international. Un statut qui pourrait lui permettre à l’avenir de tenter l’abordage d’élections nationales s’il arrive à agréger suffisamment d’Internautes à sa cause. Ce faisant, il pourra d’ores et déjà compter sur le soutien actif d’un eurodéputé.
[1] Lire à ce sujet, l’article de Numerama paru le 05/06/2009
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