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Accueil du site > Actualités > Europe > Pourquoi n’y a-t-il pas de « vraie » vie démocratique européenne (...)

Pourquoi n’y a-t-il pas de « vraie » vie démocratique européenne ?

 L'aiguille d'une horloge parcourt le cadran sur lequel se succèdent les heures, et de même, la vie d'une « vraie » démocratie représentative peut être décomposée en cinq moments successifs qui se répètent indéfiniment. Dans un premier temps, les membres de la population s'engagent les uns envers les autres par un « contrat social », semblable à celui que conçoit Rousseau dans son livre du même nom. Chacun accepte de considérer comme légitimes les choix collectifs qu'ils auront fait ensemble, même si lui même n'aurait pas forcément fait ces choix si cela n'avait tenu qu'à lui, et pourvu que ces choix soient faits dans un certain esprit de fraternité. Le second temps est celui d'un débat au cours duquel tous les membres de la population se parlent et s'écoutent. Ce débat se tient bien sûr dans un espace de débat dans lequel se réunissent tous les membres de la population. Au troisième temps, les membres de la population choisissent tous ensemble leurs élus, sur la base du projet politique que ces élus proposent de mettre en œuvre lors de leur mandat. Lors du quatrième temps, les élus gouvernent, sous le contrôle de la population qui vérifie que leurs actions s'inscrivent dans le projet politique pour lequel ils ont été élus. Enfin, le cinquième temps est celui du renouvellement du cycle, garantissant aux membres de la population la possibilité de revenir régulièrement sur leurs choix antérieurs.

 Cela paraît élémentaire, et pourtant de très importants pouvoirs détenus auparavant par les démocraties des pays européens, ont été transférés à l'Union Européenne, institution qui n'est animée d'aucun des cinq moments de la vie d'une « vraie » démocratie représentative, ce qui n'empêche pas à beaucoup de gens de croire qu'elle est « vraiment » démocratique, du simple fait qu'elle a à sa tête des élus (et des magistrats).

 Faut-il imputer la responsabilité de cette absence de « vraie » vie démocratique, aux « citoyens européens », qui sont souvent plus sensibles à l'intérêt de leur pays qu'à un « intérêt général européen », qui s'abstiennent massivement aux « élections européennes », et qui ne participent pas à un espace de débat européen ? Est-ce de la faute des partis des pays européens, unis dans des grands « partis européens » qui ne font pas ce que font normalement des partis, c'est à dire, qui n'élaborent ni ne proposent des projets politiques européens ? Est-ce de la faute des journaux des pays européens, qui ne participent pas plus que les « citoyens européens » à un espace de débat européen, et qui informent de manière très incomplète leurs lecteurs des décisions prises par les institutions européennes ? Est-ce sinon de la faute des élus des pays européens, qui font souvent passer la volonté de leurs seuls électeurs avant une « volonté générale européenne », et qui de plus prennent souvent collectivement des décisions à l'échelle européenne, que n'aurait pas voulues la population européenne si on lui avait demandé son avis ?

 Ou bien, plutôt que les individus, les partis, les journaux, et les élus, faut-il incriminer les structures institutionnelles européennes qui encadrent tous ces gens, qui ne permettraient pas, voire qui empêcheraient, l'existence d'une « vraie » vie démocratique européenne ? « Le plus dangereux ennemi du peuple est son gouvernement », disait Saint-Just, pour qui les structures institutionnelles devaient donc apporter la garantie, que les élus inscrivent leurs décisions dans un projet politique plébiscité par la population toute entière. Faut-il donc faire le constat cruel, que ce principe élémentaire rabâché par Saint-Just lors de la révolution française (notamment dans le Discours pour la défense de Robespierre qu'il prononça la veille de sa mort), a été comme oublié par les concepteurs des institutions européennes ?

 Pour répondre à cette question, je rappellerai brièvement l'architecture des institutions européennes. Puis j'observerai en quoi les institutions européennes ne sont pas animées de la vie d'une « vraie » démocratie représentative, tout en essayant de voir si cela est dû à l'architecture de ces institutions elles-mêmes, ou bien à la mauvaise volonté des individus, partis, journaux et élus qu'elles encadrent.

 L'architecture des institutions européennes.

 Le processus de choix des dirigeants de l'UE est décrit par le schéma 1. Les membres du Conseil sont ceux des gouvernements des pays. Ils sont donc élus lors d'élections non synchronisées, chacune ayant lieu dans un pays particulier. Par exemple, lorsque les allemands élisent leur gouvernement, sur un projet politique répondant à leurs préoccupations particulières, ils élisent du même coup les membres du Conseil qui participeront en leur nom à des décisions importantes concernant tous les européens, même ceux qui n'auront pas participé à ces élections allemandes, et qui peut-être en plus ne s'y seront pas beaucoup intéressés. Puis un an après les britanniques peuvent élire de la même manière leur gouvernement qui siègera en leur nom au Conseil, etc... Les membres du Parlement sont les seuls élus, qui le sont lors d'une élection impliquant au même moment la population européenne toute entière. Le Conseil nomme les membres de la Commission, et le Parlement a un droit de véto sur cette nomination. Le Conseil nomme aussi les dirigeants de la Banque Centrale, après avoir « consulté » le Parlement. Les décisions de tous ces détenteurs de pouvoirs devront être conformes aux Traités, qui peuvent être ratifiés séparément et à des moments différents, par chaque pays, par un vote de ses parlementaires ou par un référendum. Contrairement aux décisions prises par les organismes où siègent des élus, ou des dirigeants nommés par des élus, le contenu des Traités n'est pas renouvelable régulièrement à des moments prévus pour cela. Enfin, les membres de la Cour de Justice sont des magistrats.

 

 Schéma 1. Procédure de choix des dirigeants de l'UE.

 

 Selon que les décisions des dirigeants de l'UE, concernent une « compétence propre de l'UE », une « compétence partagée avec les pays membres », ou la politique monétaire de la zone euro, le processus par lequel ces décisions sont prises est différent.

 Le schéma 2 décrit le processus de prise de décision concernant une compétence propre de l'UE, c'est à dire les douanes, la politique commerciale, ou la réglementation de la concurrence. La Commission émet une directive ou un règlement, auquel le Parlement et le Conseil peuvent opposer un droit de véto. Cette directive ou ce règlement doit être conforme aux Traités, ce que contrôle la Cour de Justice. La Cour de Justice vérifie aussi que les pays membres se conforment aux points des Traités, directives et règlements concernant les compétences propres de l'UE. En matière de douanes, politique commerciale et réglementation de la concurrence, c'est donc la Commission qui a l'initiative des décisions.

 

Schéma 2. Procédure de décision concernant une compétence propre de l'UE.

 

 Le schéma 3 décrit le processus de prise de décision concernant une compétence partagée avec les pays membres, c'est à dire le marché intérieur, et les politiques communes en matière notamment d'agriculture, d'énergie, d'industrie, d'environnement, de transport, d'éducation et de culture. Le Conseil décide des principes que devra suivre une directive ou un règlement. La Commission émet une directive ou un règlement qui suit ces principes, et le Parlement peut exercer un droit de véto. La Cour de Justice vérifie que cette directive ou ce règlement est conforme aux Traités. Elle vérifie aussi que les pays membres se conforment aux points des Traités, directives et règlements concernant les compétences partagées avec les pays membres. Pour ce qui concerne le marché intérieur et de nombreuses politiques communes, l'initiative appartient donc au Conseil.

 

Schéma 3. Procédure de décision concernant une compétence partagée avec les pays membres.

 

 Enfin, le schéma 4 décrit le processus de décision concernant la politique monétaire de la zone euro. La Banque Centrale prend les décisions en prenant soin que la politique monétaire qu'elle mène soit conforme à ce que demandent les Traités. La Cour de Justice vérifie que les pays de la zone euro se conforment aux points des Traités concernant la politique monétaire de la zone euro. Pour mener la politique monétaire de la zone euro, la Banque Centrale prend donc les décisions avec une grande indépendance, conformément à un certain esprit libéral et monétariste.

 

Schéma 4. Procédure de décision concernant la politique monétaire de la zone euro.

 

 L'absence de « vraie » vie démocratique au sein des institutions européennes.

 Il est bien clair maintenant que les institutions européennes ont à leur tête des élus (ou des dirigeants nommés par des élus ou des magistrats). Pourtant ces institutions ne sont animées d'aucun des cinq moments de la vie d'une « vraie » démocratie représentative.

 Le « contrat social » européen n'a pas une très ferme existence, ni même de très solides raisons d'exister dans tous les domaines où il devrait exister. Si la majorité des européens voulaient vivre dans une société libérale, libre-échangiste et monétariste, et si une grande majorité de français avait envie de vivre autrement, les français accepteraient-ils de vivre selon le choix de la majorité des européens ? Et si la majorité des habitants de la zone euro voulaient vivre dans une société socialiste, protectionniste et keynésienne, et si une majorité d'allemands étaient attachés à une politique monétaire d'esprit monétariste, les allemands accepteraient-ils de vivre selon le choix de la majorité des habitants de la zone euro ? Difficile d'être sûr de cela, quand on pense par exemple au comportement actuel des dirigeants allemands, qui vont jusqu'à attendre parfois qu'une élection dans une région allemande ait eu lieu, pour se montrer plus conciliants, mais peut-être à contre-cœur quand même, avec les autres pays européens, dont certains sont parfois perçus en Allemagne comme les pays du « Club Med ». Pour que des pays aient envie de vivre sous de mêmes choix, encore faut-il aussi qu'il puisse exister un choix qui soit acceptable pour tous dans le domaine où ce choix est fait. Par exemple, pour que la zone euro soit intéressante pour les pays qu'elle contient, encore faut-il qu'il existe un choix de politique monétaire qui soit intéressant pour tous ces pays à la fois.

 L'espace de débat européen n'existe pas. Il existe en Europe des espaces de débat dans chaque pays européen, avec sa presse et ses citoyens parlant des problèmes de leur pays dans leur langue. Mais ces espaces sont séparés les uns des autres. A quoi ressemblerait un débat télévisé réunissant des débatteurs parlant chacun une langue différente, par exemple un socialiste finlandais, un libéral espagnol, un communiste britannique et un écologiste polonais, et parlant pourtant de problèmes qui leur sont communs, comme la politique commerciale ou la réglementation de la concurrence ?

 Il n'existe pas d'élections européennes se répétant régulièrement, et qui soient comme dans toute « vraie » démocratie représentative, un moment où toute la population est amenée à plébisciter un projet politique, dans lequel devraient ensuite s'inscrire les actions des dirigeants, élus sur ce projet. Peut-être suffirait-il que les élections des gouvernements des pays européens, qui composent le Conseil, soient synchronisées, pour que s'amorce une « vraie » vie démocratique européenne ? Supposons en effet que les élections des gouvernements des pays européens aient toutes lieu à un même moment. Les partis socialistes européens, par exemple, pourraient alors élaborer un projet commun d'usage des pouvoirs de l'Union Européenne, en matière notamment de douanes, de politiques commerciale, monétaire, et de réglementation de la concurrence. Le parti socialiste allemand, présenterait à la population allemande un projet comprenant un volet proprement allemand, et un volet commun à tous les partis socialistes européens, et le parti socialiste irlandais ferait de même, etc... Mais les seules élections européennes synchronisées sont celles des membres du Parlement. Les partis européens ne peuvent bâtir un projet politique d'usage du seul droit de véto dont dispose le Parlement. Et, par exemple pour les élections françaises, le parti socialiste français est condamné à élaborer un projet dont le volet français, consiste en l'usage des marges de manœuvre dont on dispose aujourd'hui si on respecte tous les traités, directives, règlements et décisions de politique monétaire européens ; et dont le volet européen ne peut consister qu'en des propositions de négocier ceci ou cela avec les autres membres du Conseil du moment. Mais alors, qui a plébiscité le projet politique dans lequel s'inscrit actuellement l'action des dirigeants européens, si ce n'est la population européenne ?

 Le contrôle qu'exerce la population européenne sur l'action des dirigeants européens, n'est pas très intense. La presse des pays européens informe de manière très incomplète ses lecteurs, de toutes les décisions prises par les dirigeants européens. On dit aussi que les lobbys ont une forte influence sur les institutions européennes. Quant aux mécanismes permettant à la population de contrôler effectivement ses dirigeants lors de leur mandat, comme le référendum d'initiative populaire, ceux-ci n'existent que rarement dans les relativement « vraies » démocraties représentatives d'aujourd'hui. Certains considèrent d'ailleurs les référendums d'initiative populaire comme de tels luxes, qu'ils qualifient la démocratie suisse où de tels référendums existent, de « semi-directe » plutôt que de « représentative ».

 Il existe enfin des polémiques sur le lieu où il faudrait placer la limite entre ce sur quoi la population européenne devrait pouvoir revenir régulièrement à chaque élection, et ce qui devrait être plus stable, car inscrit dans une Constitution, ou dans les Traités. L'un des grands reproches qui a été fait au Traité de Lisbonne refusé par les français en 2005, est qu'il fixait de nombreux éléments d'une politique économique libérale, libre-échangiste et monétariste.

 Si Rousseau, Saint-Just, et d'autres personnages connus pour avoir désiré la démocratie lors du siècle des Lumières, avaient pu suivre du fond de leurs tombes les évolutions du régime politique français jusqu'à aujourd'hui... Ils auraient d'abord tremblé tout au long du siècle qui a suivi la révolution française de 1789, siècle de monarchies, de républiques éphémères et d'empires, de révoltes souvent matées et de coups d'États. A partir de 1870, ils auraient enfin pu sourire paisiblement, en voyant les régimes en place en France, devenir de plus en plus propices à la vie démocratique, et en voyant cette vie démocratique s'épanouir de plus en plus au sein de ces régimes. Mais depuis les années 1970, la vie démocratique en France agonise de plus en plus sous le joug de ces institutions européennes, dont les défauts de conception, peut-être initialement difficiles à détecter, sont aujourd'hui si manifestes. Un siècle de réflexion, un siècle d'agitations, un siècle de lente maturation, et il aura suffi de deux ou trois décennies pour neutraliser ces acquis et les mettre en péril : nos grands hommes doivent maintenant se retourner dans leurs tombes.


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35 réactions à cet article    


  • enréfléchissant 20 avril 2011 13:15

    Car il n’existe pas de vraie « démocratie » dans les pays Européens.

    A partir du moment ou des représentants, on le pouvoir dans les pays, il ne faut pas s’étonner que s’ils s’unissent dans une région plus vaste, l’Europe, ils s’accaparent le pouvoir un peu plus.

    • samuel_ 20 avril 2011 17:51


       Pas tout à fait faux me semble-t-il...


    • logan 24 avril 2011 02:21

      Tant que vous appelerez démocratie ce qui ne l’est pas, vous vous enfermez dans une impasse idéologique où la seule solution, la vraie démocratie, n’existe pas.


    • johnford johnford 25 avril 2011 00:31

      La régionalisation permet surtout aux Etats Unis de contrôler et de ralentir (stratégie des chaînes) l’Europe. C’est pour celà qu’on se retrouve avec des individus comme Van Rompuy et qu’on ressent plutôt une perte de pouvoir chez nos représentants politiques.


    • Krokodilo Krokodilo 20 avril 2011 13:25

      Eh oui, nous n’avons pas de langue commune, donc pas de forum citoyen, pas de débat citoyen, pas de débat dans les médias, mais d’opinion publique, pas même de débat entre représentants ou personnalités, sauf à trouver quelques personnes polyglottes de bon niveau dans la même langue, ou d’organiser un complexe et coûteux débat avec traduction simultanée... . Une langue nationale ne peut être la langue commune de l’Europe, surtout aussi difficile que l’anglais ou le français. Seule une langue neutre et largement plus facile comme l’espéranto permettrait un débat sur un pied d’égalité...

      Mais ses deux défauts sont justement d’être équitable et de permettre aux citoyens de pays et de langues différents de discuter entre eux !


      • Fenouil 20 avril 2011 13:58

        Votre question de départ : le manque de vitalité démocratique européenne est-il dû plutôt aux structures européennes ou à la désaffection des peuples européens ? Vous répondez : plutôt aux structures. J’aurais répondu plutôt à la désaffection. D’ailleurs vous vous sentez obligé d’expliquer le fonctionnement des structures car vous supposez (à juste titre selon moi) qu’elles sont tout simplement inconnues ou mal connues de la majorité de nos concitoyens. L’europe parait trop lointaine pour mobiliser les foules car les sujets traités (et c’est normal) apparaissent lointains. C’est au niveau national que se décide l’avenir de l’école, la justice, la police, l’emploi, ... qui touchent infiniment plus les personnes que la concurrence, le libre marché, ... Bref l’europe ça ne passionne pas, sauf, par populisme, pour lui imputer des échecs ou dysfonctionnements (la faute à Bruxelles). D’ailleurs nombre de députés Européens vivent leur mandat comme un exil ou une sanction (Dati), ne siègent pas, ou sont carrément anti-européens. Certes la structure n’est pas parfaite, mais pour la réformer il faudrait une sorte d’élan européen, or on assiste plutôt à un élan anti-européen ...


        • samuel_ 20 avril 2011 17:56


           Oui en effet nous divergeons cher ami !


        • johnford johnford 25 avril 2011 00:36

          L’Europe ne sert qu’aux grand patrons, normal que le peuple soit insatisfait (délocalisations, chômage, baisse des salaires, montée des prix, création monétaire par la BCE et donc dette éternelle).


        • beo111 beo111 20 avril 2011 14:59

          Tout ce qui est trop compliqué est par nature anti-démocratique.


          • Croa Croa 20 avril 2011 20:56

            « Tout », pas forcément...

            Mais ce qui est volontairement compliqué a effectivement cette « nature » en effet ! smiley

            (Je pense évidemment aux traités européens.)


          • Kalevala 20 avril 2011 16:10

            vivement la suite de l’exposé, comment les États on été contaient de perdre leurs souverainetés ?


            • samuel_ 20 avril 2011 17:49


               Je vous sens venir avec votre François Asselinau et son exposé sur tout ça smiley, qu’on peut trouver en vidéo sur internet et le site de l’UPR c’est ça ?


            • Kalevala 21 avril 2011 13:51

              non juste que tu as que tu vas au fond de ta logique.


            • Algorab 20 avril 2011 16:30

              Je suis en partie d’accord avec votre article concernant le manque de démocratie directe au sein de l’UE et surtout du manque de contrôle et de visibilité pour les citoyens.

              Là où je ne suis pas du tout d’accord c’est quand vous dites :
              " A partir de 1870, ils auraient enfin pu sourire paisiblement, en voyant les régimes en place en France, devenir de plus en plus propices à la vie démocratique, et en voyant cette vie démocratique s’épanouir de plus en plus au sein de ces régimes"

              Entre 1870 et 1945 la France et l’Allemagne ont eu 27 conflits militaires dont 3 majeurs qui auront couté à ces deux nations un peu plus de 10 millions de morts. Belle réussite de régime en effet.

              La seule vie démocratique qui est ressortie de toute cette période en Europe c’est la guerre. Et ce cortège de conflits incessants n’a apporté qu’une seule chose en Europe : tout le monde y aura été perdants.
              Et l’ex-Yougoslavie ne fait que confirmer pour moi ce qui est une évidence : en finir avec les nations en Europe (pas avec leur identité et leur histoire mais bien avec une grande partie du pouvoir politique, militaire et diplomatique) et vite transposer le système démocratique au niveau européen.

              Dans votre article vous parlez des choix de votes qui peuvent être différents entre des Allemands et des habitants du sud de l’Europe.
              Mais quand il s’agit de s’exprimer sur un mandat pour un poste de président ou pour un référendum, que savez-vous du choix que pourrais faire tels ou tels électeurs selon l’état où ils habitent ? 
              Vous appliquez à votre réflexion un prisme national, vous ne voyez les choses que du niveau des pays, pas du niveau européen, c’est de cela que nous devons sortir pour certain domaines bien précis (immigration, armée, diplomatie, recherches scientifique) pour le reste laissons chaque état libre et souverain (je pense notamment aux question éthique et de vie en société : voile islamique, euthanasie, mariage homo etc...).


              • samuel_ 20 avril 2011 17:42


                 Sur la période 1870-1970, sans bien connaitre cette pèriode, quelques grandes lignes et quelques symboles plus positifs m’apparaissent. L’école de Jules Ferry qui symboliserait l’éducation des citoyens. Jaurès, le Front Populaire et le Conseil National de la Résistance qui symboliseraient le syndicalisme, le vote des classes populaires et moyennes, les entreprises coopératives, l’Etat Providence. Les Trente Glorieuses qui symboliseraient la classe moyenne et le compromis entre les classes.

                 En tout cas je ne pense pas que l’histoire nous enseigne que la souveraineté des démocraties soit une cause de guerre.

                 Pour le transfert des pouvoirs ce qui est embêtant ce sont surtout les pouvoirs importants qui ont été transférés à cette UE non démocratique, la politique monétaire et les douanes, politique commerciale et réglementation de la concurrence. Des choix dans ces domaines, opposés à ce que veut l’UE dans ses Traités et Directives et Réglements et Décisions de politique monétaire, sont indispensables à un parti qui voudrait faire revenir emploi, croissance, salaires et puissance d’action de l’Etat en France.

                 Quant aux choix en commun, pour savoir si les français sont prêts à vivre sous des choix libéraux libre échangistes et monétaristes s’ils étaient voulus par une majorité d’européens, et si eux-mêmes avaient plutot envie de vivre sous des choix socialistes protectionnistes et keynesiens, il suffirait de le leur demander de manière claire par référendum ?


              • enréfléchissant 20 avril 2011 19:35

                La souveraineté des démocraties. Mon cul.

                Regarde ou elle nous mène la souveraineté des démocraties.
                Les réformes sociales acquises sont des mini-investissements fait par la classe capitaliste et dirigeante pour contenir le peuple et développer de nouvelles activités.

                La souverainté des démocraties ça ne veut rien dire.

              • samuel_ 20 avril 2011 19:42


                 @ enréfléchissant

                 « souveraineté des démocraties », ça voulait dire la possibilité pour leurs membres de choisir dans quelle société ils vivent, dans quelle économie, dans quel climat humain, dans quelle culture ...

                 vous n’êtes pas attaché à cela ?


              • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 21 avril 2011 09:43

                C’est à chaque individu de choisir son mode de vie. Pas à la société de choisir pour les individus. Aussi nous avons tous le devoir de refuser toute forme de domination physique, intellectuelle et morale, financière, qu’elle vienne d’un état, d’un roi, d’un élu, d’un juge, d’un patron, d’un curé etc...


                La révolte individuelle permanente est vitale et ne nécessite pas de grands discours ni de grande manifestations de masse comme le proposent les gauchistes, avec, en arrière plan, un constructivisme sociétal souvent effrayant.

                Cette révolte se vit au quotidien de manière individuelle, par ses choix, par ses actes, ceux ci ayant toujours pour objectif de maîtriser sa vie, son être et de devenir meilleur.

              • samuel_ 21 avril 2011 11:30

                 @ Axel

                 C’est joli ce que vous dites mais ne croyez-vous pas que l’homme tire son bonheur, sa liberté et son épanouissement, de la société dans laquelle il vit ?
                 Sa liberté : car c’est la force collective du corps social qui peut protéger le plus faible des individus contre le plus fort, dans la rue comme le disait Hobbes (l’homme est un loup pour l’homme), ainsi que dans la sphère économique comme le disait par exemple Jaurès (le libéralisme c’est le loup libre dans le poulailler libre).
                 Son bonheur : car nous avons peur et nous sentons seuls si nous ne sommes pas entourés de gens en lesquels nous avons confiance, et car les choses que nous aimons vivre sont des interactions avec les autres.
                 Son épanouissement : car la culture est un phénomène collectif et qu’il n’y a pas d’épanouissement sans culture.

                 Or, les hommes qui vivent en société doivent faire des choix collectifs, il n’y a pas que des choix individuels ! Par exemple, le choix collectif de vivre dans une société libérale, communiste, ou organisée économiquement d’une manière intermédiaire.


              • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 21 avril 2011 14:56

                Seule la loi naturelle, avec une élite naturelle peut fonctionner.


              • samuel_ 21 avril 2011 15:23

                 @ Axel

                 Pascal pariait l’existence de Dieu, et c’est de la même manière que je parie que de bonnes structures institutionnelles, une bonne éducation et une bonne presse, peuvent permettre l’existence d’une « vraie » vie démocratique. « si vous gagnez, vous gagnez tout  ; si vous perdez, vous ne perdez rien. ».

                Mais peut-être que ces gens qui parient se trompent, et que les gens comme vous et Alain Cotta dans son dernier livre « Le règne des oligarchies », ont raison...


              • kemilein 20 avril 2011 17:05

                nul na jamais passé de Contrat Social, c’est une fable une lubie.

                personne n’a jamais consenti a ce qui est, on nous l’impose.

                la seule Démocratie est celle de la démocratie directe totale et constante.

                La Boétie :
                « Soyez résolus à (de) ne plus servir, et vous voilà libres. »


                • enréfléchissant 20 avril 2011 19:33

                  Bien dit ! :)


                • Cocasse Cocasse 20 avril 2011 17:25

                  Article très intéressant.
                  - La désaffection citoyenne pour l’europe est la preuve que ce projet n’est pas désiré, ou jugé intéressant dans la population.
                  - Cette désaffection est entretenue par une certaine inertie dans les médias sur le sujet (on ne parle pas de l’europe, l’europe c’est comme ça et puis c’est tout !).
                  - La structure de l’europe montre aussi sa nature anti-démocratique (pouvoir de la commission de décider d’à peu près tout, les orientations, les textes, sauf véto du parlement lui même soudoyé par les lobbys). C’est le triomphe de la technocratie.
                  - Enfin, même une démocratie de cette taille ne serait pas enviable. Appliquer les mêmes règles pour des pays différents est insensé.


                  • samuel_ 20 avril 2011 17:47


                     Merci ! Et plutot d’accord avec vous dans l’ensemble.


                  • suumcuique suumcuique 20 avril 2011 17:50

                    << Toute fiction s’expie, et la démocratie repose sur cette fiction légale que la majorité a non seulement la force mais la raison, qu’elle possède la sagesse en même temps que le droit. Fiction dangereuse parce qu’elle est flatteuse. Les masses seront toujours au-dessous de la moyenne. D’ailleurs l’âge de la majorité baissera, la barrière du sexe tombera, et la démocratie arrivera à l’absurde en remettant la décision des plus grandes choses aux plus incapables. >>


                    Amiel

                    Sans la populace électorale, les émissaires des forces de la subversion de la haute finance aptride ne seraient rien.

                    • samuel_ 20 avril 2011 17:54


                       Le peuple informé et éduqué peut être au fait du réel.
                       Et lui seul peut légitimement faire les choix politique qui ont une dimension morale et sont des compromis entre intérêts divergents, en plus de faire appel à des connaissances du réel.

                       C’est en tout cas le crédo de ceux qui souhaitent la démocratie et la croient possible, dont je fais partie.


                    • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 21 avril 2011 09:54

                      @ Samuel


                      Faux

                      On voit que vous connaissez mal le peuple !

                      80% des gens ne connaissent rien aux enjeux économiques, aux institutions, encore moins européennes. Le peuple est incompétent.

                      Voilà pourquoi la démocratie est un non sens ! Le peuple n’a aucune légitimité pour décider.

                      Et voilà comment ceux qui détiennent le vrai pouvoir, les financiers, mettent en place des valets, des troubadours, type Sarkozy, DSK (premier valet), Royal, Borloo (l’incompétent), des Le Pen (la grosse vache qui a fait serment allégeance aux préfets) et consorts, qui jouent à chaque élection une pièce de théâtre, pour mener le troupeau bêlant dans le bureau de vote-bergerie.



                    • BA 20 avril 2011 19:16

                      Le Titanic « ZONE EURO » est en train de couler, en ce moment même.

                       

                      Dans l’indifférence générale.

                       

                      - Emprunt à 3 mois :

                       

                      Mercredi 20 avril 2011, le Portugal a lancé un emprunt à 3 mois : le Portugal a dû payer un taux d’intérêt de 4,046 %.

                       

                      Les taux sont en hausse : c’était 3,403 % lors de la précédente émission.

                       

                      - Emprunt à 6 mois :

                       

                      Mercredi 20 avril 2011, le Portugal a lancé un emprunt à 6 mois : le Portugal a dû payer un taux d’intérêt de 5,529 %.

                       

                      Les taux sont en hausse : c’était 5,117 % lors de la précédente émission.

                       

                      http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=ab038073bca922aece3e74e1cea491c7

                       

                      Portugal : taux des obligations à 2 ans : 10,492 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT2YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT2YR:IND

                       

                      Portugal : taux des obligations à 3 ans : 10,825 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT3YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT3YR:IND

                       

                      Portugal : taux des obligations à 5 ans : 11,134 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT5YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote ?ticker=GSPT5YR:IND

                       

                      Portugal : taux des obligations à 10 ans  : 9,280 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

                       

                      Grèce : taux des obligations à 2 ans : 22,019 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB2YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB2YR:IND

                       

                      Grèce : taux des obligations à 3 ans : 22,041 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB3YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB3YR:IND

                       

                      Grèce : taux des obligations à 5 ans : 16,540 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB5YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB5YR:IND

                       

                      Grèce : taux des obligations à 10 ans : 14,751 %.

                       

                      /www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND">http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND

                       


                      • Croa Croa 20 avril 2011 21:15

                        Intéressant...

                        Toutefois l’article ne répond pas à la question posée dans son titre. En effet nous savons en détails tout du « comment » (Merci l’auteur) mais rien du « pourquoi »  !  smiley

                        J’ai pour ma part le sentiment que cette structure anti-démocratique est le résultat d’un travail de lobbying efficace qui arrange bien les affaires.


                        • samuel_ 20 avril 2011 21:53


                           Pour coaaa ? Donc...

                           Les bergers lors de l’antiquité observaient le mouvement des astres, ils voyaient comment ils bougeaient, mais ils ne savaient expliquer pourquoi ils bougeaient ainsi, et il a fallu attendre Newton pour avoir une explication de ce que les bergers observaient, a savoir le mouvement des astres.

                           Mon « pourquoi » était un « comment », j’observe l’absence de vie democratique européenne, et je prétends que c’est à cause des institutions européennes, mais je ne dis pas pourquoi ces institutions sont si mal conçues. Mon explication serait moins la mauvaise volonté que les erreurs, l’orgueil des concepteurs, leur amour des belles idées qui peut passer avant le bonheur des gens...


                        • Croa Croa 20 avril 2011 22:52

                          L’explication existe, forcément...

                          Samuel, tu en as trop dit, ou pas assez dit ! smiley

                          Un truc pareil ne peut pas être « mal conçu » !


                        • Tuscany 20 avril 2011 22:17

                          Nice article,  très intéressant .
                          By Tuscany


                          • Ecométa Ecométa 21 avril 2011 09:42

                            « L’un des grands reproches qui a été fait au Traité de Lisbonne refusé par les français en 2005, est qu’il fixait de nombreux éléments d’une politique économique libérale, libre-échangiste et monétariste. »

                            Les mêmes forces contraires à la démocratie sont à l’œuvre en France comme au niveau de l’Europe... la même désaffection électorale existe : ni la démocratie française, ni celle européenne, ne fonctionnent de façon réellement démocratique !

                            Après le refus français de 2005 concernant le traité de Lisbonne, notre très cher Président des riches s’est arrangé pour remédier à ce choix des Français et changer la décision !

                            Nous avons , du point de vue d’une réelle démocratie, du travail sur la planche...


                            • logan 24 avril 2011 02:24

                              @ l’auteur

                              Dans vos shémas vous oubliez les partis politiques qui sont pourtant le point de départ de la représentation politique, vos shémas sont donc totalement erronés.

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