Deux affaires rapprochées qu’il est intéressant de mettre en parallèle pour mieux comprendre à quelle sauce nous allons être mangés.

Audace terrible. Emoi dans les institutions. Après les capotes du père Benoit provoquant tollé général et hystérie collective, après les doutes sur le 11 Septembre d’un genre de comique qui ont failli le mettre à l’index, voici que Renault a également franchi le Rubicon et se retrouve sous les feux, cette fois-ci de la commission européenne qui lui réclame des comptes. Rien que ça !
Quel tabou a donc été brisé ? Quelles ignominies ont été relevées pour une telle oprobre ? Un scandale madofien ? Un blanchiment d’argent mafieux ? Un doute sur les chambres à gaz ? Pire que cela. On n’est pas loin de la déclaration de guerre en effet : le constructeur automobile français a simplement annoncé le 20 mars dernier relocaliser dans l’usine de Flins (France), une partie de la production de son usine de Slovénie produisant des Clio. Haro sur le Baudet ! On ne plaisante pas avec la mondialisation !
A l’heure du libre échangisme à tout va, on comprend que cette annonce a dû donner des palpitations à nos chers membres de la commission. Serait-il possible que la délocalisation puisse aller d’un pays low cost vers ces socialo communistes français syndiqués ? Il s’agit d’un bug. Ou alors de faussement de la concurrence via des aides, voire de protectionnisme déguisé. Le protectionnisme : ce mot qui a remplacé le bolchévisme en tant qu’ennemi à abattre. Limite si on ne va pas l’accuser de violer femmes et enfants dans nos campagnes.
Il faut dire que Luc Châtel, qui n’est plus à une déclaration près, avait assuré que cette décision étaient due au plan d’aide de l’état. En contradiction totale avec sa lettre d’explication qu’il avait envoyé au président Slovène. Tout est bon pour se mousser sur le dos de la populace.
Finalement, il ne s’agit, via une relocalisation temporaire, que d’aider à désengorger l’usine Slovène qui a du mal à suivre le rythme de la demande (pas assez productifs ces ouvriers low cost apparemment). On nous assure qu’aucun emploi ne sera perdu en Slovénie. Ouf on est rassuré ! Renault a quand même été sommé de s’expliquer. Diable, la délocalisation c’est quelque chose d’inacceptable. Un pillage de technologie et de savoir faire !
Bizarrement par contre, la commission européenne ne montre aucune réaction quand Continental décide de fermer ses sites (dont un en France) tout en embauchant…. en Roumanie (voir liens ci-dessous) . Bien entendu il s’agit juste de pallier une baisse énorme de la demande et pas du tout d’en profiter pour produire dans un pays ou le smic doit avoisiner les 250 euros. Le président Roumain a-t-il été obligé d’écrire une lettre confondante d’explications à son homologue français ? Continental a-t-elle été sommée de fournir des explications ? Que nenni.
Il est vrai que dans ce cas, la loi Naturelle Européenne est parfaitement respectée. Une soi-disant concurrence libre et non faussée (bah tiens) et une délocalisation qui sert le profit des actionnaires via un transfert de compétences et d’emplois dans des pays qu’on vient d’intégrer et qui sont totalement low cost, mais plus fréquentables que la Chine et ses p’tits n’enfants. On a une morale quand même.
Le courant du ruisseau ne va que dans un sens. Malheur au poisson qui tenterait de le remonter.
Une histoire qu’il conviendra d’avoir à l’esprit pour les prochaines européennes.