Surprises espagnoles aux élections législatives du 23 juillet 2023
« Le bloc rétrograde du Parti populaire et de Vox a été battu (…). Nous qui voulons que l’Espagne continue à avancer sommes beaucoup plus nombreux. » (Pedro Sanchez, le 23 juillet 2023).
Le Président du Gouvernement espagnol Pedro Sanchez, au pouvoir depuis le 2 juin 2018, réussira-t-il à se maintenir au pouvoir contre toutes les prédictions sondagières ?
Alors que son parti, le PSOE (parti socialiste), avait échoué aux élections municipales et régionales du 28 mai 2023, le Premier Ministre avait annoncé le lendemain, avec surprise, la dissolution des Cortes Generales. Normalement prévues pour novembre 2023, les élections générales se sont déroulées en Espagne ce dimanche 23 juillet 2023 avec 70,4% de participation, une participation supérieure de 4,1 points par rapport au précédentes du 10 novembre 2019. À l'évidence, il y a eu une mobilisation de l'électorat.
Les Cortes Generales constituent depuis 1978 le Parlement espagnol composé de deux chambres, le Congrès des députés (la chambre basse) et le Sénat (la chambre haute). 350 députés et 208 devaient donc être élus le 23 juillet 2023.
En cinq ans, le gouvernement dirigé par Pedro Sanchez a adopté quelques lois sociétales qui ont parfois scandalisé une partie des électeurs. En revanche, il a su réagir face à la pandémie de covid-19, parmi les pays les plus touchés de la première vague avec l'Italie et la France, en proposant notamment des aides économiques de l'État, un peu à l'instar de la France, à la différence près qu'en Espagne, il y a peu d'État-providence comme en France.
Pendant la campagne électorale, le Parti populaire (PP, de centre droit) et le parti d'extrême droite Vox surfaient avec des sondages favorables, dans la perspective d'une coalition droite et extrême droite au pouvoir, ce qui pouvait inquiéter.
Si, après l'annonce de résultats, la situation pouvait être encore confuse, il est un fait que le Parti populaire (dirigé par Alberto Nunez Feijoo), qui visait les 150 députés, n'a pas atteint ses objectifs électoraux. Malgré sa courte avance, avec 33,1% de suffrage exprimés (soit +12,2 points par rapport aux précédentes élections du 10 novembre 2019), et l'obtention de 136 sièges (soit +48), il est loin du compte pour obtenir la majorité absolue des 350 députés (à savoir 176).
Pire pour lui : celui qui pouvait faire office de partenaire gouvernemental, le parti d'extrême droite Vox, lui, bien que toujours en troisième position, s'est effondré, passant de 52 sièges à seulement 33 sièges, avec 12,4% des voix (soit –2,7 points) : une alliance des deux partis (PP et Vox) ne suffira donc pas à gouverner, avec seulement 169 sièges. Il est probable d'ailleurs que des anciens électeurs de Vox aient préféré choisir le PP afin d'envisager sérieusement le retour d'un gouvernement de droite.
En face, la coalition sortante a finalement bien tenu la route, probablement grâce aux socialistes catalans (le gouvernement a été en effet très indulgents à l'égard des indépendantistes catalans) : le PSOE a même fait un peu mieux que le 10 novembre 2019 avec 122 sièges, soit 2 de plus, pour 31,7% des voix (+3,7 points). Ce sont ses partenaires de gauche qui, eux, ont perdu des plumes.
En effet, le regroupement de la gauche radicalisée, appelé cette année Sumar, n'est arrivé qu'en quatrième place avec 12,3% des voix (soit –3,0 points) et 31 sièges (–7 sièges). Le PSOE et Sumar n'ont donc obtenu que 153 sièges, loin, eux aussi, de la majorité absolue.
Alberto Nunez Feijoo, le chef du PP, a donc revendiqué la victoire, puisque son parti est en première position, et a annoncé son intention de former le prochain gouvernement.
Sur le papier, la droite et l'extrême droite ont effectivement un avantage arithmétique sur la coalition sortante, mais c'est sans compter avec les députés régionalistes et nationalistes. En novembre 2019, Pedro Sanchez avait déjà bénéficié de l'indulgence des quatre partis basques et catalans qui regroupent aujourd'hui 25 sièges, soit 2 sièges de moins qu'en 2019, et qui ne veulent en aucun cas voir arriver Vox au pouvoir central à Madrid.
Or, le total de cette curieuse coalition par défaut ferait 178 sièges, soit au-delà de la majorité absolue. Si la situation électorale reste donc un peu confuse, Pedro Sanchez a quand même quelques espoirs de se maintenir à la tête du gouvernement espagnol sur le mot d'ordre qui a un sens : pas d'extrême droite au gouvernement !
Ceux qui, dans les pays limitrophes, comptaient sur "l'exemple espagnol" en seront pour leur frais...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (23 juillet 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Surprises espagnoles aux élections législatives du 23 juillet 2023.
Picasso et …nous !
Paco Rabanne.
Gérard Hernandez.
Pedro Sanchez.
Les élections législatives du 28 avril 2019 en Espagne.
Manuel Valls.
Salvador Dali.
Carles Puigdemont.
La Castalogne.
Attentats en Catalogne.
Franco.
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