Le 2 Février 2012, une nouvelle version a été signée pour prendre en compte tous les changements qui ont eu lieu depuis, notamment en ce qui concerne la compatibilité avec les autres traités européens, les nouveaux instruments du FESF, la participation exceptionnelle du secteur privé et ... le passage du vote à la majorité qualifiée de 85% selon les situations ainsi que l'adoption du dernier traité intergouvernemental sur le renforcement de la gouvernance économique adopté le 30 Janvier 2012 (4).
Ce traité (5) devrait entrer en vigueur en Juillet 2012, soit un an avant la date prévue initialement. De plus, certaines modalités devront être discutées lors du Conseil du 1er Mars 2012.
A en lire la "factsheet" (6), il y a 6 changements majeurs depuis la première version ...
1) L'adaptation aux dernières "technologies"
On se retrouvait à l'origine dans une situation "bizarre" avec un MES qui devait prendre le relais d'un FESF finalement beaucoup plus efficace que lui. La raison était simple : le FESF était doté d'outils plus variés et plus efficaces et ingénieux que le MES.
La possibilité d'intervention sur le marché primaire (qui était déjà possible) et sur le marché secondaire (ces mécanismes sont aussi détaillés ici-même (9)) est aussi établie via les articles 17 et 18 ;
Ces interventions sur les marchés obligataires étaient vus comme un outil marginal dans la première version, mais deviennent maintenant un outil de référence (10) ;
On a donc dépoussiéré la version initiale pour la rendre finalement aussi opérationnelle sinon plus que le FESF.
2) Des meilleures conditions d'assistance
Par opposition à la version initiale, la version définitive ne contient plus d'annexes dans lesquelles sont pré-définies les structures des prêts (les prix qu'on accord aux Etat à qui le MES prête de l'argent). Maintenant, les conditions seront négociées par le Conseil des Gouverneurs pour chaque assistance, via des "princing guidelines" (des directives sur les prix).
Bien sur le principe reste le même, lorsque le MES accorde une assistance, il doit faire payer cette assistance à l'Etat bénéficiaire pour pouvoir couvrir son fonctionnement, ses opérations et une certaine marge. Ce sont ces conditions qui seront établies dans les "princing guidelines" (voir article 20 paragraphe 2).
3) Accroissement de la conditionnalité des assistances
Les conditions requises pour accéder à une assistance du MES sont alourdies : On demande désormais à tout Etat qui demanderait l'aide du MES d'avoir ratifié le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance au sein de l'Union Economique et Monétaire (TSCG voir(4)) et dans certains cas, d'avoir appliqué l'obligation d'inscrire une règle d'équilibre des budgets (ce que certains appellent la "Règle d'or").
Cette nouveauté n'est cependant pas confirmée par un article contraignant mais uniquement par un des "considérant" du traités (il n'a pas de portée contraignante mais exprime la volonté entendue entre les Etats signataires).
4) Décisions potentiellement prises à la majorité
Dans la version initiale du traité MES, les décisions importantes sont prises d'un commun accord (unanimité des personnes présentes, avec un quorum de 2/3), c'est à dire que n'importe quel Etat a le droit de dire "Non", quelque soit sa taille. C'est désormais révolu pour certaines situations particulières, ou le vote pourrait passer à la majorité de 85%.
L'article 4(4) du nouveau traité nous explique que dans une situation où la Commission et la BCE concluent qu'il est urgent d'agir et qu'il y a de graves menaces pour la stabilité financière de la zone euro, deux décisions habituellement prises à l'unanimité peuvent être prises à la majorité :
Autoriser une assistance à un Etat, choix des instruments, des montants, des termes et des conditions (alinéa (f) de l'article 5(6)) ;
Donner un mandat à la Commission pour qu'elle négocie, en liaison avec la BCE, les conditions d'une assistance (alinéa (g) de l'article 5(6)) ;
Ce sont donc ni plus ni moins que les décisions les plus importantes. Ces dispositions ont été prises pour éviter une situation où un Etat bloquerait systématiquement l'avancement des assistances. Arriverait alors un moment où Commission et BCE proclameraient l' "état d'urgence" et permettraient au Conseil des Gouverneurs de passer à la majorité qualifiée sur ces deux décisions.
Notons que 3 Etats sortent leur épingle du jeu : L'Allemagne, la France et l'Italie sont les seuls Etats à représenter chacun plus de 15% des suffrages et donc les seuls à pouvoir s'opposer à une décision en toute situation, même lors d'un vote à la majorité qualifiée. Pour tous les autres, il faudra trouver au moins un allié pour s'opposer à une décision de ce type.
Attention cependant, le Traité MES est "ouvert", c'est à dire que tout Etat de l'Union Européenne (même sans avoir l'euro comme devise) peut adhérer au traité. A ce moment là, le nouvel Etat entre au capital du MES, et les parts sont redistribuées. Actuellement la France a environ 21% des parts. Si d'autres Etats entrent au capital, la France pourrait se retrouver en dessous des 15% des parts et donc risquer de ne plus pouvoir faire valoir son "droit de véto".
5) Participation du secteur privé et collaboration avec le FMI
La version initiale du traité incluait déjà une référence au FMI, la version définitive confirme l'importance de la collaboration étroite avec le FMI tant au plan politique qu'économique et financier. En particulier dans les cas jugés exceptionnels où l'on voudrait faire participer le secteur privé (traduire par "demander aux banquiers d'effacer certaines dettes ou de les allonger sur 30 ans").
Intéressant aussi, à l'article 12(3), le nouveau traité explique qu'au 1er Janvier 2013, chaque gouvernement devra intégrer aux obligations à plus d'un an une Clause d'Action Collective(11).
6) Accélération possible pour le paiement du Capital
Comme longuement expliqué dans les derniers billets traitant du MES et dans notre conférence en ligne, le MES sera doté de 700 milliards d'euros de capital garanti (donc non versé par les Etats), et de 80 milliards d'euros de capital libéré (effectivement versé par les Etats) qu'ils devront verser en 5 tranches annuelles de 20%. Pour la France, cela fait environ 3,5 milliards d'euros à verser chaque année, pour atteindre notre part d'environ 16,5 milliards au bout de 5 ans.
L'article 41(3) permet à un Etat qui le désire d'accélérer le paiement de ce capital libéré initial.
On peut penser cet article comme étant un moyen de faire pression sur les Etats en cas de grave crise pour qu'ils paient plus vite leur part de capital initial libéré. En effet, la version initiale du Traité programmait bien les 5 tranches annuelles de 20% et ne parlait de rien d'autre. Un Etat aurait donc pu s'abriter derrière le traité pour justifier de son refus de payer plus vite. Aujourd'hui, plus rien ne justifie juridiquement le refus de payer plus vite ...
CONFÉRENCE VIDÉO SUR LE FESF ET MES
Pour cloturer notre travail sur le MES et le FESF, nous vous offrons ici la conférence en ligne donnée sur le Libre TeamSpeak. Vous pourrez voir l'intégralité du journal ici.
Encore un machin « indépendant » (de qui ?) sans contrôle démocratique mais dont les décisions s’imposent aux états... Et après on s’étonne que le souverainistes voient leur audience augmenter. Pour un état, avoir son budget sous contrôle externe, c’est avoir sa politique sous contrôle. Dans ces conditions, autant remplacer les élections par une émission de télé réalité.
Politique = téléréalité ? C’est déjà le cas mais il ne faut pas le répéter chuuuut ne réveillons pas le téléspectateur : c’est « panem et circenses » mais avec de moins en moins de panem.
Il n’est pas juste « indépendant », mais carrément au dessus des lois, de la justice et tout contrôle de tous comptes à rendre.
Bref, c’est lui le souverain.
Genou à terre, manants !
autant remplacer les élections par une émission de télé réalité.
Naïf ! C’est déjà fait. Les élections ne sont qu’une émission de télé réalité avec de faux clivages des journalistes aux ordres et des candidats pantins.
Eurodéputés : pas de pouvoir législatif COREPER : Organe législatif caché de l’UE. Députés : Chambre d’enregistrement des directives pondues part le COREPER. Régionales : Scrutin indirect réservant les présidences régionales aux apparatchik.