Un nul sur toute la ligne ?
S’il y a une chose dont on parle énormément ces jours-ci dans la presse d’outre-mer, notamment française, c’est bien ce référendum irlandais qui s’est soldé par un non massif au Traité de Lisbonne. Ainsi donc, les Irlandais qui avaient pourtant si bien tiré profit des subventions communautaires ne veulent pas de cette Europe qui n’en finit pas de s’agrandir, de s’étendre vers l’Est et, qui sait, peut-être plus tard vers le Sud-Est avec probablement l’adhésion de la Turquie à cette union. Mais gageons que les hommes politiques européens sauront surmonter cette pénible épreuve en imaginant une solution politique de rechange.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L220xH221/europe1mai2004_220-9e632.jpg)
Un plan B ou C, à vous de choisir.
"Ils vont essayer de trouver une formule pour faire revoter les citoyens irlandais, en espérant cette fois que la consultation populaire se solde par un « oui », et qu’enfin le traité simplifié soit adopté’’. Cet optimisme béat est cependant plus ou moins tempéré par un autre homme politique et non des moindres qui, lui, est catégorique. Pour Jean-Pierre Chevènement donc, puisque c’est de lui qu’il s’agit ici, "Juridiquement, le Traité de Lisbonne est mort avec le non irlandais". Pour que l’Europe se ressaisisse et retrouve sa cohésion et sa sérénité d’antan, il va falloir cravacher dur. Les eurosceptiques d’ailleurs tablent sur une dizaine d’années d’âpres négociations au sein des différentes commissions à Bruxelles et ailleurs pour pouvoir remettre le train Europe sur les rails. D’autres par contre, ceux que l’on désigne communément par "élites" ne suggèrent pas moins que de passer outre le "non" irlandais et d’imprimer une marche forcée au train Europe quitte à se faire passer à leur tour pour des ennemis mortels de la démocratie. Enfin, le mot est prononcé. N’est-ce pas que c’est ce qui est reproché à l’Europe ? L’absence de démocratie au niveau de ses structures. Alors que pour nous, les peuples de la rive sud de la Méditerranée, l’Europe, quoi qu’on en dise, reste un modèle presque parfait de démocratie, les populations européennes elles-mêmes ne voient pas les choses de la même façon. Question de culture peut-être ? Evidemment cette différence d’appréciation et de perception trouve sa justification pleine et entière dans l’absence totale de démocratie dans nos contrées.
En fait, ce problème qui agite actuellement les responsables européens a quelque niveau que ce soit, à Bruxelles ou au Luxembourg, ne nous concerne pas et nous n’avons nullement l’intention de nous immiscer dans ce débat euro-européen. Seulement, on voudrait bien savoir si ce vote négatif des Irlandais n’aurait pas de conséquences fâcheuses sur une autre union qui se profile à l’horizon : l’UPM.
Il faut dire que jusqu’ici personne, parmi les analystes politiques de France et de Navarre, n’a abordé la question sous cet angle. On semble avoir carrément, du moins momentanément, mis aux oubliettes ce projet et cela à quelques jours seulement des assises constitutives de l’UPM qui auront lieu le 13 juillet à Paris.
La presse algérienne, par contre, vient tout juste, timidement, il faut l’avouer, d’aborder cette question. Elle commence à se poser des questions et ce au moment même où la présence de l’Algérie à ces assises n’est plus un secret pour personne.
Ce rejet du Traité de Lisbonne par les Irlandais ne pouvait pas si mal tomber : à la veille de deux rendez- vous politiques importants pour Nicolas Sarkozy. Premièrement, celui-ci s’apprête à assurer la présidence de l’Union européenne et il est mal venu pour lui de prendre la relève dans de telles conditions, c’est plus que décourageant, c’est le moins qu’on puisse dire. Deuxièmement, les nouvelles qui lui parviennent de la rive sud de la Méditerranée ne sont pas non plus rassurantes quant à la suite des événements. Nicolas Sarkozy et son staff politique ont bien du pain sur la planche pour essayer de convaincre les uns et les autres de l’intérêt qu’il y a à maintenir le cap bien droit des réformes politiques qui s’imposent à l’Europe d’une part et d’amarrer les pays de la rive sud de la mare Nostrum à l’Europe d’autre part. Vaste chantier ! A la place de Nicolas Sarkozy, je n’essayerais pas de courir derrière deux lièvres à la fois. A moins d’être un marathonien médaillé ! Et en or. Nicolas Sarkozy devrait revoir ses ambitions à la baisse. Du moins dans l’un ou l’autre dossier. C’est ce que, en bon conseiller, Henri Guaino devrait lui suggérer.
Les peuples sont ingrats, avait dit Churchill, paraît-il. Il avait bien raison. Cela s’est confirmé cette semaine même. Les Irlandais qui disent NON à l’Europe alors que leur économie n’a pris véritablement son envol que grâce aux subventions et aux aides financières provenant justement de cette Europe, ne peut qu’être enregistrée dans ce registre : l’ingratitude. Mais, je m’en lave les mains, cette sentence n’est pas mienne, j’ai dû la lire quelque part sur l’un des nombreux papiers consacrés à cette crise institutionnelle de l’Europe. Le choix éclairé du peuple Irlandais de dire "Non" au Traité de Lisbonne a laissé perplexes, effondrés même, plus d’un. C’est un coup dur pour l’Europe. C’est un coup de massue sur la tête des "élites" européennes qui ne savent plus maintenant à quelle ruse politique se référer pour contourner cet obstacle, pour que le "non" irlandais ne soit pas un frein qui bloquerait l’Europe pour quelque temps.
26 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON