Une Europe encore floue
L'haplogroupe I est un groupe repéré par la mutation M170 porté par le chromosome Y. C'est parmi ce groupe qu'il faudrait cherché les descendants des premiers hommes modernes ayant peuplé le continent européen. On rappelle brièvement que l'hypothèse "Out of Africa" se base sur la présence du marqueur M168 dans les populations hors d'Afrique. La population que nous suivrons a, en outre, les mutations P143, M523 (groupe [IJK] - voir texte) et M429 (groupe [IJ] - voir texte).
Il y a aujourd'hui 10 - 15 % de la population qui appartient à cet haplogroupe mais avec de fortes variations locales. Des événements historiques plus récents (Vikings) ont remodelé ces contours.
Cet article se propose de traiter de la branche Europe dans la dispersion des hommes sortis d'Afrique avec la dernière vague de peuplement porteuse de la mutation Y M168. Deux figures permettent de rappeler l'état des lieux :
A partir de la branche F on a une branche [IJK], mal représentée sur la figure ; Il y a d'abord G et H qui se séparent du tronc principal comme sur la figure mais la branche principale est [IJK] et la séparation [IJ] et K est plus tardive que considérée sur la figure de droite. R1a et R1b sont bien plus tardifs et ne devraient pas être représentés ici.
Les dates pour [IJK] sont encore incertaines (et donc fluctuantes selon les études) mais il n'y a pas d'autre branche qui puisse vraiment postuler pour la conquête de l'Europe. Vers 40000 ans l'homme de Neanderthal est encore le principal hominidé en Europe. Son territoire allait vers le sud jusque vers le proche orient. Je pense que c'est déjà [IJ] nouvellement formé qui a jeté les premiers ponts vers l'Europe et que ce passage s'est fait par le Caucase. Donc, IJK serait à la place de IJ sur la figure et IJ serait à la place de R1a (en rose). [IJ] va d'une part en Europe et d'autre part vers l'emplacement indiqué J sur la figure et nous allons suivre ces 2 branches.
L'Europe a comme caractéristique d'être peuplée par l'homme de Néanderthal et la conquête retardée de l'Europe, par rapport à l'Australie, par exemple, peut être liée au climat ou à une compétition entre homme moderne et homme de Néanderthal dont l'issue aurait été longue à se dessiner. On observe que la disparition de l'homme de Néanderthal est contemporaine des progrès de l'homme moderne en Europe. Il faut savoir qu' on a pu reclasser des fossiles et confirmer l'existence d'ossements « modernes » (non Néandertaliens) en Europe dans la période -35000 à -29000 ans qui correspond à l'Aurignacien (mais on n'a pas encore trouvé d'ossements autres que très fragmentaires liés clairement à l'industrie aurignacienne) .
Il n'y a plus, à ce jour, d'hommes [IJK] ou [IJ] . Les groupes I et J semblent s'individualiser il y a un peu plus de 20 000 ans lors du dernier maximum glaciaire qui a isolé les groupes et conduit à [IJ] ---> I , en Europe, et [IJ] ---> J au proche orient. Par dérive génétique, effet statistique ne demandant aucune sélection particulière, le groupe parent [IJ] (voire [IJK]) est entièrement remplacé. Donc, quand on analyse les populations I d'Europe on trouve un âge d'environ 22 000 ans et tout se passe comme si ce qui précède était hors d'atteinte à cause d'une forte diminution des effectifs et d'un effet « refondateur » des survivants. Il se trouve que 22000 ans c'est plus ou moins la limite Gravettien / Solutréen ; [IJ] pourrait donc être le groupe du Gravettien et I le groupe apparaissant au Solutréen, mais c'est très hypothétique.
Dans un article paru ailleurs j'avais titré : « Adieu Paléolithique » en référence à la situation actuelle de la compréhension du peuplement en Europe. En plus des effets statistiques liés à la forte baisse des effectifs, il y a eu ensuite la vague néolithique qui a noyé les populations antérieures suite à la forte augmentation démographique permise par l'agriculture. En gros, les « paléolithiques » se sont retrouvés à 10 – 15 % de la population résultante. En Afrique on trouve encore des populations correspondant aux « paléolithiques » manquants d'Europe, là où la forêt a préservé des populations de chasseurs cueilleurs (pygmées par exemple).
Le groupe I que je vais présenter est donc un peu comme un vieil arbre avec 2 branches, I1 et I2 correspondant aujourd'hui à des populations très différentes.
Haplogroupe I1 :
Le groupe I1 est surtout scandinave et la diffusion de ce groupe permet de suivre les Vikings dans leurs bases comme en Irlande où Dublin a été fondée par les Vikings. On peut voir I1 comme un groupe ayant fuit vers le nord à l'arrivée des néolithiques. Ce groupe montre une expansion depuis 4200 ans ce qui correspond à l'âge du bronze et à la possibilité de cultiver dans la zone scandinave. Donc, il y a eu diffusion des techniques néolithiques et ces groupes adaptés aux climats nordiques ont su devenir des agriculteurs (et des métallurgistes). Ce que repèrent les graphes ce sont ces rameaux d'anciens paléolithiques ayant eu ultérieurement un développement néolithique.
Haplogroupe I2a :
L'haplogroupe groupe I2a est, de loin, la branche principale de l'haplogroupe I2 dont a a récemment identifié 2 autres petites branches I2b et I2c. On ne connaît que peu de cas pour ces branches là avec une présence notable en Arménie et jusqu'en Iran. En fait, I2a groupe I2a1 présent en Sardaigne et en Espagne mais aussi dans les Alpes dinariques (Croatie) et I2a2 , plus continental.
Un mot de l'haplogroupe J , cousin du proche orient dont la branche J2 a justement été l'une des diffusions néolithiques avec un peuplement significatif en Italie du sud, d'où les romains l'on diffusé dans leur empire.
De même que pour les haplogroupe I, il s'agit d'une composante minoritaire sauf dans des parties de l'Italie du sud et sur les côtes Corses. On voit ainsi comment une certaine diversité européenne s'est construit à partir d'un vieux fond européen (paléolithique) et d'apports bien ultérieurs. Il se trouve que le principal groupe en Europe de l'ouest actuellement (R1b) est postérieur aussi bien à l'haplogroupe I et même à la migration J2. Nous savons aujourd'hui que les Celtes sont une composante relativement récente par rapport au peuplement I1, I2 et J2 qui fait l'objet de cet article.
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