Une Europe sans OGM : et si c’était l’avenir, y compris économique de notre continent ?
Plusieurs informations nous parviennent maintenant concernant les OGM. Il a fallu du temps, et c’est bien normal, pour constater certains problèmes liés à ces cultures qui existent depuis plusieurs années mais l’expérience après 13 ou 14 ans de culture OGM intensive aux USA laisse présumer de problèmes non négligeables et l’Europe ferait bien d’y prendre garde.

Voici tout d’abord quelques faits indiscutables qui nous permettent de poser la question de l’opportunité ou non de constituer un « sanctuaire sans OGM » dans le monde.
1. Les constatations faites cet été par 2 scientifiques de l’Université d’Arkansas :
Au cours d’inspection de la flore sauvage en Dakota du Nord, ces 2 scientifiques ont trouvé des plants de colza OGM au bord des routes, et ce à parfois plusieurs dizaines ou centaines de km des champs cultivés avec ces variétés. Rien a priori de bien étonnant si l’on songe que les camions laissent tomber de nombreuses graines lors du transport après la récolte, si ce n’est que :
- Les variétés OGM ne sont pas réputées devoir se développer dans la nature or elles ont pratiquement colonisé le milieu, ce qui laisse songeur même si l’on sait que les bords de route sont entretenus avec des désherbants auxquels ces variété sont résistantes (il vaut donc mieux privilégier un nettoyage de bords de route par moyens mécaniques, plus lents mais moins sélectifs)
- Plus grave, on a trouvé des plants de colza « sauvages » combinant 2 gènes de résistance aux désherbants, l’un introduit dans ses OGM par Monsanto, l’autre par Bayer. Ces plants n’ont jamais été produits par les industriels, et pour cause, ce qui permet de comprendre que les mutations se sont transmises hors de tout contrôle.
- Quand on sait que le colza est susceptible de croisement avec 60 plantes différentes, on mesure le problème que poserait une introduction de gènes de résistance aux désherbants à ces 60 plantes "adventices".
Voir l’étude de Meredith Shaffer et Cinthia Sagers http://eco.confex.com/eco/2010/techprogram/P27199.HTM
- Pour contrecarrer cette résistance à la toxine Cry 1Ac, produite par le coton OGM Bt, les agronomes conseillent de maintenir des zones tampon cultivées en coton non OGM autour des champs de coton OGM. Ce qui sous-entend que le coton non-OGM sera chargé de maintenir une population d’insectes non résistant et que le croisement des insectes entre eux diminuerait le niveau de résistance des populations présentes sur les champs de coton OGM.
- Il faudrait tout d’abord vérifier que ce n’est pas l’inverse qui se produira : une augmentation générale de la résistance de Helicoverpa zea à l’insecticide en question.
- Quel est l’agriculteur qui acceptera de voir son champ ravagé par des insectes juste pour fournir une réserve de biodiversité contrebalançant les effets néfastes du coton OGM de son voisin ?
- Les zones tampons « refuge » en Arkansas étaient de 39 % en Arkansas et au Mississippi, là où sont apparus ces insectes ravageurs et de 82% en Caroline du Nord pour le moment indemne de problème. Mais quel est alors l’intérêt des cultures OGM si elles doivent se contenter d’une portion congrue ?
Voici donc quelques exemples qui ne peuvent que nous faire réfléchir :
- Transmission de gènes modifiés à des plantes non cultivées
- Acquisition par des insectes de résistances à des insecticides
- Déséquilibre de l’état sanitaire de plantes cultivées.
Et ne parlons pas des effets encore inconnus ou mal connus en terme d’acceptabilité par les animaux d’élevage d’aliment OGM ou d’effet allergène des ces produits sur l’homme, des coûts des semences pour les producteurs et des dérives qui accompagnent ces cultures (utilisation d’insecticides à plus fortes doses, dissémination des semences dans des champs réputés sans OGM et les problèmes que cela pose aux producteurs en agriculture biologique etc …)
Dans la mesure où les cultures OGM sont encore peu répandues dans une bonne partie de l’Europe, peut-être conviendrait-il d’en faire une zone sans OGM qui deviendrait à terme, n’en doutons pas, un réservoir de plante originelles avec une bonne biodiversité auquel les agriculteurs du monde entier auront recours dans un futur peut-être pas si lointain que ça. Un nouveau métier pourrait même apparaître : ramasseur de graines sauvages pour réensemencer des zones déséquilibrées par les OGM.
De quoi remettre à l’honneur la botanique dans nos universités, matière en voie de disparition dramatique !
Raskazé Vorony
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