Contamination bactériologique de l’eau potable du Syndicat intercommunal de Pulligny (Meurthe-et-Moselle)
Principe de précaution et confiance dans les autorités de surveillance.
Le principe de précaution serait inscrit dans la Constitution !
À juste titre, les écologistes nous incitent à consommer l’eau du robinet plutôt que celle qui est conditionnée en bouteilles.
L’incident qui suit nous incite à appliquer préventivement le principe de précaution. Principe sciemment ignoré par certains qui ont délégation de service public pour le traitement de l’eau, ainsi que par les instances locales chargées des contrôles.
* Par courrier postal individuel daté du 19 juin, posté le 26 juin, reçu le 27, le Syndicat intercommunal des eaux de Pulligny (Haroué 54740) et la SAUR locale (Ludres 545712) nous informait des faits suivants :
« Le 24 avril 2006, suite à des analyses effectuées sur le réseau, l’eau distribuée à partir de l’usine de Neuvillers-sur-Moselle qui traite les eaux de la nappe alluviale de la Moselle a été déclarée impropre à la consommation. Des renforcements de désinfection associées à des purges du réseau avaient permis un retour progressif à la normale dès le 20 avril 2006, confirmé le 26 avril par le résultats des analyses effectuées par le DDASS. »
Considérant ce « retard » incompréhensible, puisque les abonnés n’ont pas été avertis immédiatement des faits, un courriel est adressé aux médias, le 29 juin 2006, avec copie aux élus locaux et à la préfecture de Nancy .
Le 7 juillet, une lettre de demande d’explications est adressée directement à la préfecture, suivie d’un nouveau courriel le 21 juillet 2006.
La réponse par LR/AR en date du 1er août 2006 est distribuée le 3 août 2006.
En voici la copie, fort instructive :
« Effectivement, le 27 avril 2006, un médecin généraliste de Haroué a informé les services de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales d’une épidémie de gastro-entérites aigües. Ce signalement est intervenu quinze jours après la constatation par ces mêmes services d’une contamination bactériologique du réseau d’alimentation en eau potable du Syndicat intercommunal des eaux de Pulligny.
Une investigation environnementale commandée par la DDASS à la SAUR a permis de déterminer les causes de la pollution du réseau. En effet, la SAUR qui exploite le réseau, a fourni un rapport détaillé qui a permis de révéler l’existence de dysfonctionnements de la désinfection. Des dispositions ont été rapidement prises pour y remédier.
En outre, après avoir fait diligenter une enquête administrative par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, j’ai rappelé de façon très stricte à l’exploitant, par lettre du 29 mai 2006, les obligations qui lui incombent, tant en termes de surveillance de la qualité des eaux destinées à la consommation humaine qu’en termes d’information des services compétents et de la population concernée.
Par ailleurs, la Cellule interrégionale d’épidémiologie de l’Est (CIRE Est) a été saisie dès le 28 avril par les services de la DDASS afin de l’appuyer dans l’investigation autour des cas de gastro-entérites.
L’Institut de veille sanitaire a été associé à cette procédure et a validé le rapport ainsi rédigé.
Ce document a été transmis à tous les maires des communes adhérentes au Syndicat intercommunal des eaux de Pulligny le 12 juillet 2006.
J’ajoute que M. le Procureur de la République a également été saisi de ce dossier. »
Le rapport de l’INVS (39 pages) est consultable et téléchargeable à cette adresse :
http://www.invs.sante.fr/publications/2006/gastro_pulligny/index.html
Le quotidien régional L’Est républicain rend enfin compte du problème dans l’article page deux de l’édition du 27 septembre 2006 : « La gastro venait bien du robinet » : « 49 communes rurales sont potentiellement alimentées par ce réseau ce qui représente une population desservie de 12 475 habitants. »
Il appert que :
=> la première contamination a été constatée le 3 avril dans le cadre du contrôle sanitaire de routine, résultat connu le 10 avril. Malgré l’augmentation de la désinfection par le chlore, la persistance des contaminations, la DDASS demandait une restriction de la consommation d’eau.
=> L’information commune SIE de Pulligny SAUR situe la contamination le 24 avril ! (?)
=> C’est l’alerte du 27 avril par le médecin généraliste qui déclenche la réaction des « autorités ».
=> La population concernée n’a été avertie que le 27 juin 2006 !
=> Aucune restriction de consommation, ni interdiction n’a immédiatement suivi la découverte de la contamination.
Une plainte contre X est déposée le 19 septembre 2006. Transmise à la gendarmerie de Haroué, l’enquête s’est limitée à l’audition du président du Syndicat des eaux et à la lecture du rapport de l’INVS.
Au 15 novembre 2006, aucune autre information relative à la procédure n’a été portée à la connaissance du plaignant.
Seul point positif de cette affaire, lors des inondations locales (3 et 4 octobre 2006), la SAUR a lancé une campagne téléphonique auprès des usagers pour prévenir de l’interdiction de consommation et d’utilisation de l’eau du réseau, information complétée par le porte-à-porte des élus. La fin de l’interdiction a fait l’objet d’une procédure identique. Cependant, aucune distribution d’eau potable n’a été organisée !
Il s’avère donc que si un médecin généraliste n’avait pas réagi, la contamination restait totalement méconnue des habitants qui ont tout de même continué à consommer et à utiliser en toute confiance cette eau impropre !
Dernière étrangeté : la synthèse annuelle de la qualité des eaux établie par la DDASS, bilan pour l’année 2005, est parvenue aux habitants le 10 novembre 2006.
Les citoyens résidant à la campagne seraient-ils devenus quantité négligeable face aux agglomérations urbaines beaucoup plus médiatisées ?
Quelle confiance continuer à accorder aux autorités chargées des contrôles ?
Par contre, l’apathie quasi générale des élus et de la population se révèle particulièrement inquiétante, quant à l’exercice des devoirs et droits civiques et citoyens.
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