De Saint-Ouen à Montmartre, si loin si proche du Grand Paris ?
Quand la réflexion politique s’invite dans un jeu de piste à travers le Montmartre d’hier et d’aujourd’hui, et le grand Paris de demain.

Miss Star Ac’
(l’aînée de mes blondes) a reçu un cadeau incroyable de son parrain
(maintenant vous savez qu’on est catho... enfin surtout à Noël et à
Pâques) : un jeu de piste à travers Montmartre.
Rendez-vous devant le manège place Saint-Pierre, face au célèbre marchand de tissus.
Soleil, ambiance (fête des Vendanges avec tout plein d’animations), il
n’y a plus qu’à se laisser guider. À quelques stations de bus à 2
chiffres, nous voilà transportés dans une atmosphère tout aussi
cosmopolite et faubourienne que certains quartiers de Saint-Ouen. Pour
ceux qui s’inquiéteraient, non, je n’envisage pas la thérapie, dernière
étape avant l’asile : oui il y a de nombreux moments, où Saint-Ouen,
n’est pas au centre de ma vie, mais bien en périphérie.
Précision de Zora-Capello : autrefois, une partie de Saint-Ouen appartenait à Montmartre et des rues de l’actuel 18e arrondissement à Saint-Ouen.
À la formation des communes et des départements en 1790, Montmartre
était une ville de la Seine. En 1860, le préfet Haussmann intègre les
communes situées à l’intérieur des fortifications et fait passer la
capitale de 12 à 20 arrondissements.
Paris récupère alors les
parcelles (champs, habitations...) situées hors des Fortifs, mais
appartenant à Saint-Ouen. C’est ainsi que les deux communes procèdent à
leur échange de territoires.
À vos marques, prêts ? Partez ! Munis de 2 livrets enfants, 1 livret parents,
nous avons marché, pendant environ 2 heures, sur les traces du
Montmartre d’hier et d’aujourd’hui, avec, vous l’avez compris, toujours
dans un coin l’idée qu’ici, nous allions retrouver un peu de notre «
Saint-Ouen ».
Je ne vais pas vous refaire tout le parcours bien sûr, comme c’est écrit sur le livret « photocopier, tue la créativité ».
Je vous invite à l’acheter sur muse et musée pour 4 euros, ou bien à la boutique Les 3 Cailloux (8 rue des Moines, 75017 Paris, tél. : 01 58 59 00 60, M° Brochant).
En revanche, l’album photos complet de la balade est accessible ici.
Montmartre ? Savez-vous d’où vient ce nom ?
Deux possibilités, Miss Star Ac’ a choisi la 2e, sans doute parce qu’elle a déjà visité la basilique de Saint-Denis...
« Mont » pour montagne. Et « Martre » en souvenir du martyr de saint Denis qui évangélise Lutèce (ancien nom de Paris) au XIIe siècle.
Décapité par les Romains, saint Denis, tel un martyr, gravit la
montagne en portant sa tête.
Après avoir résolu différentes énigmes, nous voici devant l’église Saint-Pierre.
Construite en 1134, c’est la plus ancienne de Paris et seul vestige de
l’abbaye des Dames de Montmartre (aujourd’hui beaucoup connaissent la
toute proche rue des Abbesses).
Fifi Brindacier (blonde number 2, en âge seulement) nous surprend : « regarde en haut maman, la pointe, ça ressemble à l’église du Vieux Saint-Ouen ».
10 ans de psychothérapie, me pendent au nez... ?.
L’église
du Vieux Saint-Ouen, plusieurs fois restaurée est inscrite aux
monuments historiques : sa partie la plus ancienne date du XIIe siècle.
Elle servait en effet à accueillir les nombreux pèlerins. Quatre chemins
conduisaient à l’époque aux communes de Montmartre, Saint-Denis (tiens
le revoilà, le voisin qui a porté sa tête à Montmartre avant de devenir
le nom d’une célèbre ville du 9cube et du 20 heures de TF1), Clichy et La
Chapelle. L’une de ces voies, le Chemin de la procession (actuelle rue
Adrien Lessesne) permettait aux Bénédictines de Montmartre de relier
Saint-Denis.
Nous poursuivons notre jeu de piste culturel :
nous admirons le soleil sur les vignes, puis entre autres lieux
remarquables, le passage des Brouillards que nous avons le plaisir de
découvrir ainsi que sa jolie aire de jeux. Comme quoi, on peut allier conservation du patrimoine et praticité de la vie moderne.
Nous y retrouvons Saint-Denis portant sa tête et trônant en haut d’une
fontaine. C’est dans ce square que les Romains auraient fait sa fête à
Saint-Denis...
Puis, surprise, plus loin : un homme traverse les murs en souvenir du roman de Marcel Aymé.
Sourire, toujours grâce à notre jeu de piste en regardant de près les interphones
d’habitants d’une impasse très privée qui protègent leur anonymat en
utilisant des patronyes d’artistes célèbres : Matisse, Renoir,
Chalder...

Tiens,
Capello titille Zora : picoler, de « Picolo », le petit vin produit
autrefois sur les coteaux de Saint-Ouen, surplombant la Seine ?
En 1860, quand Montmartre est annexé à la capitale, les vignobles disparaissent peu à peu. Sauf, celui de la rue Saint-Vincent, sauvé par le dessinateur Poulbot.
Montmartre est réputé pour être le territoire des artistes, pour
l’ambiance, mais aussi la lumière des hauteurs de la butte. Pourquoi
les ateliers sont en toits de verre orientés vers le Nord ? Pour éviter
les ombres du soleil sur les toiles, nous apprend le livret des parents.

Nous
arpentons les ruelles, admirons les maisons anciennes, faubouriennes et
je ne peux m’empêcher de voir les similitudes architecturales entre les
maisons de Montmartre et de Saint-Ouen. Quel dommage qu’elles aient été
conservées d’un côté du périph et sacrifiées de l’autre, sur l’autel du
progrès social, c’est vrai, mais... Aïe, c’est un autre débat, je
m’égare.
Nous terminons notre promenade par la place des Abbesses.
La foule est nombreuse et gaie, rassemblée autour d’un concert du groupe « Jolie Môme ». Nini peau de chien, Padam... Tout d’un coup j’ai 5 ans et je sautille sur les genoux de mon grand-père qui chantonne à tue-tête.
C’est l’heure de « la
pause syndicale. Nous n’avons pas de subventions ni de la droite
décomplexée ni de la gauche bourgeoise, c’est-à-dire la même chose ». Précise la chanteuse en tendant sa casquette de "Poulbot".
Tout le monde rigole. L’ouverture serait-elle en week-end à Montmartre ?
La politique, la vie de la Cité, nous accompagnent décidemment partout.
Fortifications, bd des Maréchaux, puis périphérique, malgré ces
frontières visuelles et sociales, à l’aide d’un plan ou tout simplement
en se promenant et en observant les bâtiments, on peut aisément
constater la continuité architecturale subsistant encore aujourd’hui
entre Paname et Saint-Ouen.
Et si le Grand Paris était un débat d’hier à remettre au goût d’aujourd’hui ?
© rédactionnel blog Chroniques ma banlieue
Rubrique "haut les blogs" en homepage de 20minutes.fr
Webographie
Muse et musées : jeux de pistes culturels
Site de la ville de Saint-Ouen : rubrique histoire
Wikipédia : Montmartre
Wikipédia : Saint-Ouen
Wikipédia : Saint-Denis
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