Des projets pour la Petite ceinture
Le dernier conseil d’arrondissement tenu mardi 2 mai a vu aboutir, enfin, un projet
tenant à l’aménagement de la Petite ceinture. Projet datant des années
1990. Les pressions mises sur RFF depuis cinq ans ont finalement permis
d’obtenir un agrément entre la mairie et l’organisme gérant les
infratructures ferroviaires, afin de mener à bien de nouvelles
initiatives sur cet espace. Un premier projet a ainsi été présenté par
René Dutrey, afin de mettre en place des jardins partagés sur les talus
de la Petite ceinture, au niveau de la rue de Coulmier. Portés par les
habitants et par plusieurs associations, ces jardins partagés permettent
aux riverains de s’approprier cet espace pour y faire un lieu
d’échanges et de convivialité. Cette petite bouffée d’air pur permet à quelques Parisiens de reprendre contact avec une
nature qu’ils ont souvent eu tendance à oublier. Cela est probablement
plus important que les qualités gustatives des légumes - voir la
teneur en métaux lourds - qui seront cultivés sur ces petits lopins de
terre.
Premier projet lié à cette convention avec RFF, ces jardins partagés augurent de nouveaux espaces verts qui pourraient s’incrire dans des projets d’aménagement voyant notamment l’accueil de piétons et de cyclistes sur cette Petite ceinture, et aussi de prolongement par l’aménagement de nouveaux espaces verts.
Priorité aux hérissons ?
Cette vision ambitieuse d’un aménagement fut cependant contrecarrée par les positions de Pascal Cherki (radicaux de gauche) appelant à plus de réalisme, et notamment à fixer les priorités entre les projets d’aménagements réels de certains lieux. En effet, plusieurs projets présentent actuellement des difficultés, notamment financières, pour aboutir. Dans un esprit un peu polémique, celui-ci a demandé quelles priorités donner aux habitants (aménagement du square Gaston Baty...) ou au maintien de la richesse de la faune et de la flore des friches ferroviaires, tout en se déclarant grand ami des hérissons (sic)...
Enfin, comme il est d’usage lorsque les voies ferrées sont mentionnées en Conseil d’arrondissement (et uniquement dans ce cas), les élus communistes sortirent de leur léthargie pour faire un discours de politique générale sur l’état de la France. Et de se prononcer contre tout projet, et notamment celui-là, mettant en péril la propriété de la SNCF (ou de RFF).
L’opposition choisit, quant à elle, soit de se prononcer en faveur (UDF) de cette délibération, soulignant l’aspect positif de cette avancée sur des projets de longue date, soit de s’abstenir (UMP), ne disposant pas de suffisamment d’éléments.
Un peu de verdure avant les wagons de marchandise
Au-delà des critiques émises, il est néanmoins nécessaire de souligner que ces projets ne sont que temporaires. La convention avec RFF porte sur une durée de cinq ans. Mais au-delà des délais fixés, un paradoxe heurte l’aménagement de la Petite ceinture. La prise en compte du développement durable prime sur la simple saignée de verdure dans l’arrondissement. Pour René Dutrey (les Verts) ou Geneviève Bellenger (PS) l’objectif à terme reste l’utilisation en frêt de la Petite ceinture. Position cohérente par rapport au Plan de déplacement, ceux-ci soulignent l’importance d’utiliser la Petite ceinture pour le transport de marchandises, afin de réduire le transport par les véhicules de type camionnette ou camion entrant dans Paris. La SNCF elle-même a budgété les études sur la pertinence de ce type de transport depuis plusieurs années, sans les engager cependant.
S’il est annoncé que les projets ne sont pas entièrement contradictoires (maintien d’une piste cyclable le long des voies ferrées...), le développement durable risque bien de n’apporter aux riverains qu’un peu de verdure, de façon éphémère.
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