Il y avait une agitation inhabituelle au matin du mercredi 24 Mars,à Nangy, village de Haute-Savoie, situé a quelques kilomètres de la frontière Suisse, en effet une cinquantaine de Roms s’était installée dans l’ancienne fruitière du village et y vivait depuis le début du mois de novembre. C’est alors que vers six heures du matin, des gendarmes ( de 30 à 50 selon les sources) armés et encagoulés ont procédé à leur expulsion. Des hommes ont été menottés, inutilement, et des armes ont été pointées sur eux. Ensuite, l’escalier du bâtiment a été détruit pour leur en bloquer l’accès.
La Ligue des droits de l’homme s’était battue pour leur donner un toit mais la trêve hivernale étant terminée l’expulsion n’a été une surprise pour personne. Malheureusement, la manière de procéder a été plus qu’irrégulière, en effet, la destruction de l’escalier n’étant apparemment pas suffisante pour interdire l’accès au bâtiment, du lisier a été répandu autour et à l’intérieur de l’édifice par le propriétaire du terrain, soi-disant pour "sécuriser le périmètre", dégradant du même coup certains vêtements et matelas des Roms, donnés par des habitants du village.Ces derniers ont donc été mis dehors, et ont passé la nuit à la belle étoile. Un hébergement temporaire leur a bien été proposé dans un hôtel de Gaillard, mais uniquement pour les femmes et les enfants, il a été refusé. Philippe Palou, président de la ligue des droits de l’Homme à Annemasse a dénoncé une "expulsion opération commando" en précisant qu’il était possible de trouver de meilleures solutions pour les 400 Roms recensés en Haute-Savoie.
Ceux de Nangy vivaient dans des conditions déplorables, dormaient a même le sol, et certains passaient la nuit dans les deux voitures qu’ils possédaient, car même le sol n’était plus suffisant pour les accueillir.Cependant, 11 enfants étaient scolarisés dans une classe spécialisée, et commençaient à parler le français, des bénévoles leur faisaient prendre des douches plusieurs fois par semaine, et les femmes enceintes avaient un suivi médical, si la gale s’est déclarée parmi eux, elle a vite été soignée.
Depuis quelques jours, le climat était tendu au village, des affiches portant l’inscription "y en a marre de ceux qui soutiennent les Roms, prenez les chez vous" ont fait leur apparition quelques semaines avant l’expulsion, pourtant aucun vol ni autre problème n’avait été déploré durant les cinq mois de cohabitation avec eux. Bien évidemment, il ne s’agissait pas de les héberger chez nous, ni même de les installer au village, mais simplement de leur apporter le strict nécessaire, et de leur assurer des conditions vivables le temps de leur passage à Nangy. Rappelons tout de même que ces derniers sont originaires de Roumanie, pays membre de l’union européenne, et qu’ils ont donc le droit de séjour en France, à condition de renouveler leur visa tous les trois mois.
Vendredi 26 Mars, les Roms ont été relogés à Annemasse, et les enfants sont de nouveau scolarisés, avec la même institutrice. Si le scénario de leur expulsion se reproduit, il se reproduira encore et encore, et ce n’est certainement pas la meilleure manière de les faire sortir du pays, ni de les intégrer, surtout en les traitant comme des animaux, en les aspergeant de lisier. La maire de Nangy n’a pas fait de déclaration.