Jeu de dupes en Polynésie
Les anciens doivent être des sages, c’est du moins ce qu’indique le tradition populaire. J’avoue avoir été trop optimiste lors de mon papier de la semaine passée sur le résultat des dernières élections polynésiennes.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH225/Bora-78cef.jpg)
Eh bien non ! Cela n’est pas possible en Polynésie, les anciens n’y sont pas des sages, l’élection du président du territoire en est la preuve manifeste. L’ancien président Gaston Flosse, ayant perdu les élections territoriales de ce début d’année, a trouvé le moyen de reprendre son siège d’une manière très cavalière. La victoire électorale de son ancien dauphin Gaston « Iti » Tong Sang (27 sièges), fut une sanction pour son parti le Tahoera, une hémorragie de 17 sièges. On pouvait espérer qu’il resterait fidèle à une voie politique autonomiste qu’il défend depuis de nombreuses années, en apportant son soutien au parti de Gaston « Iti », auquel il manque 2 sièges pour obtenir la majorité, pour former un gouvernement. Tahiti Press du 11/02/08 écrivait : « Gaston Flosse : "Gaston Tong Sang sera élu à la présidence de la Polynésie" »
Mais c’est sans compter sur son ego démesuré. Jouant « l’humble-personnage-qui-reste-en-retrait-pour-prodiguer-ses-conseils », il délégua son vice-président E. Fritch pour mener les négociations en vue de la formation de l’équipe gouvernementale. Semaine difficile, faite d’accords partiels, de désaccords, de déclarations, de pleurnicheries, bref un petit bras de fer. Pour parvenir finalement le 21 février une heure avant l’élection du président de l’assemblée, à l’acceptation par E. Fritch des conditions proposées par Gaston « Iti », soit cinq ministères, la présidence de l’Assemblée, et quelques commissions. Soulagés, Gaston Tong Sang et ses élus votent donc pour E. Fritch, en se fondant sur la parole donnée car dans la précipitation il n’était pas possible de signer un protocole.
L’élection du président du territoire par les représentants se tint le samedi 23 février, et ce fut le coup de théâtre. Gaston Flosse se fit élire à la présidence par les membres de son parti (10 sièges) et ceux de son vieil ennemi Oscar Temaru (20 sièges), moins une abstention. Association contre-nature de deux adversaires de 30 ans qui trouvent ainsi tous deux l’occasion de retrouver le pouvoir, au détriment des électeurs qui ont voté majoritairement pour une assemblée autonomiste.
Ainsi M. « l’humble-personnage... » était donc en pleine négociation avec son ennemi/ami Oscar, pendant que M. Gendre Fritch distrayait les masses en jouant l’honnête négociateur avec Gaston « Iti ». La négociation fut donc la suivante : « Tu me laisses MON palais présidentiel, et tu prends l’Assemblée. »
Mais que cherche Gaston Flosse sinon son plaisir personnel de reprendre son poste de président, de retourner dans son palais construit par ses soins avec l’argent du territoire, mais dont il n’a que peu profité finalement ? Contrairement à ce que pensent certains analystes politiques et malgré certaines de ses déclarations, il ne s’agit pas de sa part d’une réaction à l’appui de M. Etrosi pour Gaston « Iti » mais bien d’un problème d’ego. A 77 ans il n’a trouvé que ce moyen, trahir ses électeurs pour satisfaire ses envies personnelles.
Oscar Temaru
se présentera vendredi 29 février à la présidence de
l’Assemblée, poste libre depuis la démission « par
respect pour ceux qui l’ont élu » de E. Fritch.
Ses propos sont d’ailleurs sidérants de mauvaise foi : « E.
Fritch officialise sa démission de la présidence de
l’Assemblée de Polynésie » (Tahiti
Press du 26/02/08).
Nous avons donc un gouvernement en cours de constitution qui sera composé de 5 ministres Tahoera (autonomistes) et 10 UPLD (indépendantistes), ce qu’avait négocié en fait E. Fritch avec Gaston « Iti ». Seules les présidences sont interverties, ce qui prouve bien qu’il ne s’agit là que de satisfaire le bon plaisir d’un personnage. Il faut lire le blog édifiant de C. Bourne, chantre de la mauvaise foi, qui est la « voix » de G. Flosse. Dans une même page on y trouve toutes les contradictions, éloges des uns, dénigrements de autres, au fil de la trahison de G. Flosse. http://www.tahititoday.com/confidences.htm
Désormais
Gaston Tong Sang mérite davantage le titre de « Nui1 »
que son aîné, car l’accession à la présidence
de Gatson Flosse est un coup d’une telle bassesse que « Iti2 »
lui ira comme un gant.
Il ne reste
plus aujourd’hui qu’à espérer une réaction de la
part de certains élus Tahoera, comme Armelle Merceron
(l’abstentionniste ?), pour contrecarrer les envies et caprices d’un
ancien qui n’a rien d’un sage.
Sites à visiter : Tahiti-Pacifique Magazine
1Nui : Grand en polynésien
2Iti : Petit en polynésien
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