La CDEC de Gatineau en péril
La Coopérative de développement économique communautaire (CDEC) de Gatineau connaît aujourd’hui d’importants problèmes financiers. Cet article explique ce qu’est la CDEC, et met en avant les difficultés qu’elle rencontre.
Les organismes communautaires[1] sont des éléments fort importants de la structure régionale québécoise. Ces organismes travaillent d’arrache-pied à l’amélioration du bien-être sociétal, notamment en milieu urbain. Puis, souvent, ils servent d’alternances aux entités politiques institutionnelles, en remplissant, par exemple, certains mandats particuliers et/ou complémentaires. C’est le cas de la Coopérative de développement économique communautaire (CDEC) de Gatineau.
Celle-ci œuvre dans la ville de Gatineau, au Québec, de différentes manières, mais en restant toujours dans le champ de l’action communautaire et économique. Plus précisément, la CDEC de Gatineau se focalise sur des villages urbains[2] « sensibles », outre qu’elle soutient plusieurs initiatives « entrepreneuriales » et coopératives locales.
Bref, la CDEC de Gatineau apporte à cette grande ville québécoise[3] une dynamique importante, même si ces actions sont souvent modestes, donc peu diffusées auprès du grand public. En revanche, grâce aux journaux, la CDEC a récemment été exposée à ce grand public car elle connaît aujourd’hui un grave problème, qui est d’ordre financier. En effet, la CDEC de Gatineau a fait les manchettes des journaux régionaux, car elle a dû, le 15 septembre dernier, mettre à pied ses employées, du fait qu’il ne restait plus d’argent dans les coffres. D’un côté, la ville de Gatineau n’a donné qu’une partie de son financement (qui devrait être de 168 000 $[4] soit 117,964 €) et de l’autre côté, le provincial, avec CLD-Gatineau (dont le maire de Gatineau est le président...) ne veut pas donner les 50 000 $ (35 126 €) qu’elle devrait normalement offrir à la CDEC de Gatineau. En fait, la demande annuelle de ce financement, qui garantit la survie de la CDEC, a été transmise il y a huit mois... Ce n’est peut-être « que » 50 000 $, mais sans ce montant, le fédéral (le gouvernement canadien) (qui doit donner 218 000 $ (153,114 €) n’offre rien, ce financement fédéral étant conditionné à une aide provinciale... Quelle embrouille ! Cela viendrait-il du fait que ce financement d’organisme communautaire vient de trois paliers politiques, le municipal, le provincial et le fédéral ? Il n’en reste pas moins que la CDEC de Gatineau est dans un gouffre financier de plus de 300 000 $ (210 710 €) ; normal que les coffres soient à sec...
Pourquoi est-ce toujours si difficile, au Québec ou ailleurs, de survivre, pour un organisme communautaire ? Pourquoi ces organismes sont-ils toujours en train de courir après leurs financements, année après année ? Il y a aujourd’hui dans la ville de Gatineau six employées qui ont, pour l’instant, perdu leur travail faute de financement. C’est anormal dans une société comme celle du Québec, qui se dit progressiste... Les gros sous ont raison de celles et de ceux qui se battent quotidiennement pour espérer faire d’un petit coin de pays un endroit où la situation socio-économique soit enviable et respectée de tous.
Pendant ce
temps, ou plutôt à la mi-septembre, soit pendant les mises à pied à la CDEC de
Gatineau, le journal Le Droit[5]
publiait deux pages sur le nouveau plan quinquennal de la Conférence régionale
de élus de l’Outaouais (CREO). Ce plan donne un éventail très large de
domaines à ce tout nouvel organisme, allant de l’éducation à l’emploi, en
passant par la santé et la culture, pour ainsi « réaliser le mandat que lui a confié le
gouvernement du Québec. »[6]
N’est-ce pas justement celui-ci, par l’entremise du CLD-Gatineau, qui retarde
depuis plusieurs mois un financement de 50 000 $ à la CDEC, l’empêchant alors
d’avoir ses autres financements, la faisant donc mourir à petit
feu ?
Imperceptiblement, même si je suis heureux de savoir que
ces élus sont intéressé par ces problèmes, je vois le spectre d’un monopole
de la gestion des affaires socio-économiques, dans cette région du Québec, confié à
cette CREO, et cela m’inquiète, notamment car les membres de cette nouvelle
entité, créée par les libéraux au pouvoir, sont exclusivement des élus, soit des
préfets, des maires et des conseillers. Pendant que la CREO fait sa belle dans les
journaux, la CDEC de Gatineau se meurt... Etrange ? Je dis donc, pour éviter
toute tentative de duplication en faveur des institutions politiques : gardons
le communautaire à la communauté ! Gardons la CDEC à Gatineau !
Pour signer la pétition en faveur de la survie de la CDEC
de Gatineau, rendez-vous sur le site : http://petitioncdec.prizmatech.ca.
[1] Le terme « organisme communautaire », au Québec, a le sens d’organisme oeuvrant localement, spécialement dans le domaine socio-économique (et non en tant que protecteur d’une communauté quelconque). Le mot « communautaire » peut, dans ce cas, renvoyer à la « vie de quartier » ou à « l’aide au développement local ».
[2] Les« villages urbains » sont des découpages administratifs dans les villes de moyenne et grande dimension du Québec, où l’on doit retrouver un lieu central qui constitue alors un noyau urbain, culturel et/ou historique.
[3] Gatineau compte plus de 235 000 habitants, ce qui en fait la 4e plus grande ville du Québec (elle est de plus voisine de la capitale fédérale, Ottawa, en Ontario, qui compte plus de 700 000 habitants). Voir : http://www40.statcan.ca/l02/cst01/lfss03d_f.htm
[4] Nous parlons ici de dollars canadiens.
[5] Le journal Le Droit est le journal francophone de la région Ottawa-Gatineau.
[6] Site officiel de la CREO :
http://www.cre-o.qc.ca
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