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Accueil du site > Actualités > Info locale > Martincourt, ce village, c’est la France !

Martincourt, ce village, c’est la France !

L’air de rien, ce qui se passe à Martincourt en Meurthe-et-Moselle, autour de la question de la transformation d’une ancienne colonie de vacances en centre de rétention pour personnes immigrées à rapatrier, est un sacré moment d’anthologie. On y lit comment dysfonctionne une société, la nôtre. Regard.

On a un gouvernement qui décide. Un préfet zêlé qui propose. Une députée qui affirme un truc un jour, et fait volte-face au gré des événements. Un village qui se mobilise. Une association qui se crée, et des pétitions qui circulent. Des gens qui expriment la peur de l’inconnu, c’en est parfois glauque. On a ensuite, dans l’urgence, des réunions publiques tendues à souhait. Un gouvernement qui recule sous la pression. Des politiques qui se défaussent sur des fonctionnaires.
Finalement, on se dit quoi ? Que cette affaire toute locale, d’ancienne colonie de vacances à éventuellement transformer en centre de rétention, est un sacré symbole de l’état de la démocratie actuelle dans notre douce France. Où ça fonctionne dans le dysfonctionnement. Où ça se parle, pas assez avant, et beaucoup trop après. Où, selon les regards qu’on porte sur la situation, on peut lire du vachement sympa, voire du rassurant (sous l’angle de la capacité de moblisation d’habitants, leur force d’action) et du assez triste, pour ne pas dire du glauque (sous l’angle de la méthode de la chose publique, et des contenus des échanges, racistes par moment).
C’est au pied du mur que les gens se mobilisent. Le manque de dialogue en amont conduit des politiques et des fonctionnaires à décider en chambre de choses qui impactent tout de même sacrément la vie des gens. Puis, la situation les conduit à se mettre dans de sales draps. Parce qu’évidemment, quand les gens se "secouent", ça ébranle les fondations du projet. Il aurait sans doute été plus simple d’associer davantage les gens au départ, de les prendre en compte dans la réflexion ; de se donner aussi un peu de temps pour informer, expliquer, et ne pas se borner à multiplier des aspects techniques pour déboucher sur une proposition.
Au lieu de cela, parce que l’ancienne colonie de vacances lui appartient, l’État se comporte comme un propriétaire privé qui ne se soucie pas de son environnement. Il la joue autoritaire, c’est comme ça, il ne voit plus les gens d’un territoire. Rouleau compresseur.
L’affaire impressionne cependant. La force des habitants met en difficulté les décideurs et exhibe leurs carences, du dossier trop vite bouclé à l’absence de transparence, qui fait qu’une décision est un couperet qui tombe sur les gens. Mais l’affaire dégoûte aussi, parce que derrière tout cela, quand on songe aux gens qui pourraient vivre dans ce centre de rétention, on a mal au coeur fraternel de tout ce qui se dit. Pays raciste. Pays clichés à tire-larigot.


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