Merville, Nord : la guerre des poubelles
La redevance de ramassage des ordures ménagères engendre, à Merville (Nord), une situation ubuesque. La ville fait partie d’une communauté de communes qui a adopté un système intelligent : les habitants trient leurs déchets dans des bacs à puces et sont facturés selon la quantité de déchets qu’ils « produisent » et selon le nombre de fois où ils sortent les bacs sur le trottoir. Pour simplifier, celui qui a peu de déchets et ne sort pas ses poubelles à chaque ramassage voit sa facture diminuer. Inutile d’éclairer sur les caractères incitatif, citoyen et écologique du procédé.
Quand le système a été adopté, certains ont douté. On les comprend. Un de leurs arguments disait que les rues seraient encombrées de bacs de toutes les couleurs et défigureraient le joli paysage urbain. Il suffit aujourd’hui de se promener à Estaires ou La Gorgue, villes voisines, pour constater qu’il n’en est rien.
D’autres ont vu d’un mauvais œil l’indélicat qui irait jeter ses déchets dans le bac du voisin. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de vendetta. Si une telle pratique a existé, elle est restée le fait de quelques hurluberlus marginaux. Certains prédirent également que fossés et recoins naturels se transformeraient en décharges sauvages. On a beau scruter, on n’en voit pas.
A Merville, le système des bacs malins n’a pas été accepté par le maire, qui a préféré distribuer des sacs en plastique pour les déchets recyclables et d’autres en papier pour les verdures des jardins.
Le problème est que la redevance est envoyée aux Mervillois par la communauté de communes : c’est son boulot. Pour définir le montant dû par chaque famille, la communauté n’a pu que diviser le coût de revient du ramassage par le nombre de foyers. Ce qui fait débourser plus de 80 euros par personne et par an. Un couple et quatre enfants se trouvent ainsi délestés de 480 euros, même s’ils font des efforts pour rejeter le moins possible, ou ne sortent les poubelles qu’une fois sur deux, ou utilisent la déchetterie. Motivant, non ? Mais il est vrai que les Mervillois - qui peuvent même opter pour le prélèvement automatique, quel bonheur - sont riches et peu économes : quand on a une ville aussi fleurie que la leur, on ne se plaint pas et on sourit.
Certains sont découragés et ont déjà décidé de ne plus trier leurs déchets. D’autres interpellent la communauté de communes alors que c’est leur maire qui est en cause. Et finissons par la cerise sur le gâteau : quand le système a été mis au point, les poubelles à puces des habitants de Merville ont été achetés pour la coquette somme de 300 000 euros (notre argent, Messieurs, Dames !) et entreposés dans un hangar, pour cause de veto de la mairie. Ils attendent toujours.
A l’heure du Grenelle de l’environnement et de l’augmentation des prix, la situation injuste continue. Mais tout va bien. Noël est proche et Merville sera illuminée comme les Champs-Elysées. L’essentiel, c’est ça.
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