Bonjour Yannick,
en effet... c’est une illustration très claire des conséquence de la logique libérale que nous subissons tous et que l’on nous a prôné comme incarnant les bienfaits du "progrès".
Mais quand à définir cette logique comme venant de La Poste, cad à accuser l’entreprise, vous confondez les choses et les domaines, et vous participez à l’incompréhension de beaucoup de gens quand aux causes réelles de leurs malheurs :
Par la définition de ses statuts, la Poste actuelle, activités courrier, financiers, et "grand public", a été définie par nos gouvernements successifs comme une entreprise, un groupe industriel. Ce groupe, même s’il n’est pas encore réputé "privatisé", cad placé en bourse et ses "parts" soumises à la propriété de qui veut l’acheter, n’est déjà plus, et celà depuis 1990, une administration.
Il est ce que l’on appelle un "EPIC", comme jusqu’à nouvel ordre EDF, par exemple :
C’est une entreprise industrielle comme les autres, soumise à la comptabilité en partie double et à la nécessité de dégager des bénéfices pour payer ses charges de fonctionnement et investir pour son développement.
La caractéristique d’un "EPIC" étant seulement, pour simplifier, d’être une entreprise dont les capitaux sont détenus à 100% par l’Etat. C’est l’Etat qui, en tant que son "propriétaire", définit sa mission de service public. Mais ce "client" exige aussi d’elle que son bilan annuel soit globalement bénéficiaire.
Par le fait qu’elle soit soumise, comme toute entreprise dans notre système économique, à l’obligation de rentabilité et de performance, La Poste est bien obligée de restreindre ses coûts et de ne plus accepter de travailler "à perte" ; pouvez-vous imaginer une boulangerie à qui l’on reprocherait de manquer à ses obligations de service public en refusant de servir son pain gratuitement à tous les démunis qui se présenteraient à elle ?
En vérité, que les services publics de notre pays soient de plus en plus assurés par des entreprises de droit privés, soumises à la logique d’économie "libérale", et non par des administrations d’Etat plus orientées vers des logiques égalitaires de services rendus aux citoyens, c’est un débat politique dont vous êtes, comme chaque Français, responsable.
C’est un vieux débat, qui a été cloturé depuis longtemps, quand on a fait circuler touts les mensonges et les images caricaturales des "fonctionnaires" paresseux, inefficaces, improductifs, budjetivores et finalement, crime suprême, vieux et parfaîtement anachroniques.
Et dans la foulée, on accusé les entreprises nationales des mêmes vices, et on les a bradées au privé.
Et cinquante millions d’imbéciles, à quelques exceptions près, d’applaudir vigoureusement !
Et pourtant, je peux en témoigner, l’immense majorité des "fonctionnaires" étaient -et sont toujours- des gens travailleurs et dévoués ; car dans la jungle des règlements garantissant entre autres l’égalité des droits aux service et l’application des lois, il y avait du boulot !
Eh bien, un monde tellement plus performant, tellement meilleur qu’avant, nous y sommes, et ce n’est pas fini ! Car, et celà nous pend au nez, d’autres domaines, au moins aussi importants, vont bientôt y passer : l’éducation, la santé, les services sociaux, les caisses de retraites, les transports, et peut-être même un jour l’équipement du pays...
Maintenant, si nous ne sommes pas d’accord, à nous de nous manifester, de nous organiser ; et si les institutions, les pseudo-élites et les jeux soi-disant démocratiques nous apparaissent comme trop pipés, mensongers et illusoires, à nous de trouver d’autres moyens.
Mais nous pourrions alors découvrir que les grands principes "démocratiques" et des "droits citoyens" ne sont valables que pour ceux qui, par éducation, restent "bien sages", statistiquement au centre du troupeau et font ce que l’on attend d’eux, sans jamais penser à explorer les limites de leur enclos.
Essayez de changer réellement les choses et de modifier tant soit peu l’ordre imposé, et vous vous rendrez compte, pour peu que vous sortiez de la simple discussion associative, que vous alliez contre le courant communément admis et que vous touchiez à un enjeu significatif, que les limites sont bien définies et beaucoup plus étroites que l’on ne pense communément...
Et vous risquez d’avoir contre vous non seulement l’Etat, mais la majorité des gens, terrorisés qu’ils seront à l’idée de casser quelque chose et de devoir se passer un jour de la chaude et omniprésente tutelle de ce système.
Cordialement Thierry