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Pluriactivité et agriculture à Mayotte

De longue date, la mort de l’actuelle chambre professionnelle de Mayotte est prévue et annoncée. Elle devait être divisée en trois chambres consulaires distinctes depuis janvier 2005, il n’en est toujours rien. Pour la partie agricole du projet, Luc Guyaut n’a pas hésité à entreprendre un nouveau déplacement dans la collectivité, pour tenter de résoudre une nouvelle fois les problèmes.

Avec un statut de collectivité territoriale et une certaine jeunesse dans sa capacité à se gérer, Mayotte ne pouvait avoir de chambres consulaires à l’instar de toute commune métropolitaine. Dès lors, une « chambre professionnelle » regroupant l’ensemble des secteurs d’activités fut créée. Ordonnance de 1981, pour un décret en 1987, et une mise en œuvre en 1988, celle-ci devant aboutir en décembre 2004.

Or, malgré un travail conséquent, la scission de cette institution en trois chambres consulaires distinctes, à savoir, métiers et artisanat, commerces industries et services, agriculture et pêche, n’a pu être réalisée, faute de mise en place des éléments nécessaires à ces créations, incluant textes, organisations des élections, structures, financières etc. Cela, alors qu’une mise en garde avait été adressée, sur un risque de voir disparaître à jamais toute structure dès le dernier trimestre 2003, lors d’une réunion avec les acteurs professionnels.

Cependant, des délais ayant été accordés, l’installation prochaine de ces différentes chambres devant se faire, Luc Guyaut est venu à Mayotte pour faire un point sur la partie agricole du sujet. Arrivé le 2 novembre, il était accueilli, à sa descente d’avion, par des représentants de divers syndicats agricoles.

Une tournée des institutions, comme pour un ministre, était prévue. Passant d’un président de conseil général à un sénateur ou à un député, le tour devait se finir par plusieurs reportages et plateaux dans le journal télévisé de télé Mayotte, alias Rfo, seule chaîne télévisuelle présente à Mayotte.

De toutes ces rencontres et discussions, il semblerait que, parmi les principaux points retenus par le président des chambres d’agriculture, APCA, celui de la réelle définition d’un agriculteur, non pluriactif, à Mayotte, restait un point épineux. Et, pour cause, tous les acteurs ayant reçu Luc Guyaut, puis dirigé, accompagné et conseillé, à quelques exceptions près, sont des pluriactifs.

Mais le problème intrinsèque, à Mayotte, est la confusion qui règne entre pluriactifs et pluriactivités. En effet, peut-on considérer sur un même pied un fonctionnaire se déclarant agriculteur, du simple fait de la possession de terrains, souvent exploités par des clandestins, avec un réel agriculteur ayant développé des activités connexes comme des gîtes ou une table ? -surtout lorsqu’on sait que la législation en matière de table d’hôtes implique d’être avant tout agriculteur...

Qu’importe, la définition de l’agriculteur a donc été arrêtée : mise en place d’un système de points ! Ainsi, nous allons considérer comme agriculteur toute personne ayant un terrain avec un minimum de 300 points acquis. Sachant qu’un pied d’ananas, à titre d’exemple, vaut 1 point, et que pour 300 pieds, il faut un peu moins de 100 mètres carrés, inutile de dire que tout le monde peut être reconnu agriculteur. A moins qu’il ne s’agisse de gonfler les rangs, peut-être pour envisager un poids ou des subsides ultérieurs plus conséquents.

Dès lors, d’aucuns s’étonneront que les agriculteurs reconnus, ayant obtenu des subventions de la collectivité, ne soient jamais consultés, visités, ou conviés à quelque réunion que ce soit. D’autres, en revanche, ayant également bénéficié de subventions, et à qui il a été demandé de rembourser ces subsides considérés comme détournés de leur affectation, aient été conviés par Monsieur Guyaut, mais n’ont pas daigné répondre.

C’est ainsi qu’il est aujourd’hui possible de voir des animaux, considérés en divagation depuis belle lurette par arrêté préfectoral, se promener en toute liberté, quitte à provoquer un accident. Mieux, des animaux non marqués, susceptibles d’appartenir à des clandestins ou, mieux encore, d’avoir été importés frauduleusement, avec des risques d’infections. Mais il est vrai que Mayotte se considère manifestement à l’abri d’une grippe aviaire ou autre épidémie, alors qu’importent les relations avec les pays asiatiques, avec lesquels un commerce important est entretenu.

Des animaux sont élevés par des clandestins, sur des terres appartenant au conservatoire du littoral. Cet organisme se dit fort choqué, mais impuissant, puisque les terrains lui appartenant seraient, selon ses dires, gérés par la collectivité et, qu’il n’a aucun représentant sur place. Ceci expliquant cela, la mangrove, qu’est censé protéger cet organisme, est actuellement détruite, pour laisser place à des cultures de bananiers où paissent ces animaux. Pire, les berges des rivières sont également mises en danger par la déforestation.

Mais, il n’est pas question de soulever le problème puisque, après contact avec le conservatoire du littoral, celui-ci se déclare incompétent. Pire, alors qu’il reconnaît n’avoir aucune information du devenir de ses propres terrains, il accuse autrui, en l’occurrence les agriculteurs mitoyens, de diffamation, pour l’avoir en fait tenu informé des problèmes graves survenus sur ses propres terres. Dans la catégorie autruche, mieux encore, la LPO, séparée d’une seule porte, dans la Corderie à la Rochelle, du Conservatoire du littoral, s’est permis de retirer l’appellation de « réserve LPO » à une association mitoyenne du conservatoire, sous prétexte que ce dernier ne savait si oui ou non le terrain considéré était achetable ou non par ses services.

Pour en revenir au problème des fonctionnaires « exploitants agricoles », nous ne citerons que le cas de ce fameux pompier qui, s’étant déclaré agriculteur, marié à une femme d’origine anjouannaise, n’a pas hésité à monter un village, à des fins de locations, qui n’est autre qu’un de ces « déforesteurs » de la mangrove protégée par le conservatoire du littoral.

Bref, après le passage de José Bové à Mayotte, curieusement drivé par ceux qui n’ont pas voulu rencontrer Luc Guyaut, quoique, le « fameux faucheur » fût peut-être plus en voyage de noce qu’autre chose, il apparaît que la réalité du terrain semble curieusement échapper aux principaux acteurs d’un développement économique annoncé et qu’ils prônent eux-mêmes. A moins que certains organismes n’aient volontairement voulu éviter la présence de personnes, considérées comme dérangeantes par de nouveaux venus qui prêtent plus attention aux qu’en dira-t-on qu’à autre chose, car la culture principale, à Mayotte, est le curriculum-vitae. Toutefois, ici, ne sont énoncés que les problèmes de surface.

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Pluriactivité et agriculture à Mayotte Pluriactivité et agriculture à Mayotte Pluriactivité et agriculture à Mayotte

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1 réactions à cet article    


  • marc (---.---.42.20) 19 janvier 2007 07:31

    l’agriculure mahoraise et son développement sont un fond de commerce sans que ce développement soit pensé dans le contexte mahorais. Vous parlez de l’identification. La chambre professionnelle pouvait commencer dès 2002 à mettre en place une identification , certe différente de celle opérationnelle en métropole, mais ne s’est pas du tout montré intéréssé. Il vaut mieux continuer à faire du vent pour continuer à profiter des à côtés qu’offrent mayotte. Le plus génant est le financement public de ce développement qui s’apparent plus à du détournement d’argent public qu’à un investissement rentable pour les générations futures. Je plains ces gens qu’on exploite et utilise au nom de leur ignorance. La patience est une vertu mais un excès de patience assortie d’un manque de respect des lois est un vice.

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