RATP : La station Liège est fermée au public

Les Parisiens qui prennent souvent le métro ont sans doute déjà eu l’occasion d’entendre la fameuse rengaine : « Les voyageurs sont informés que la station Liège est fermée au public ». En fait, parmi les 297 stations du réseau parisien, cette station, située à la limite du 9e et du 8e arrondissement, sur la ligne 13 - Châtillon-Montrouge - St-Denis / Asnières-Gennevilliers -, est la dernière à avoir des horaires particuliers : elle ferme le soir à 20 h, et n’ouvre pas du tout les dimanches et jours fériés.

Pendant longtemps elle a partagé ce triste privilège avec la station Rennes. Mais cette dernière, notamment sous la pression des riverains, a finalement adopté des horaires normaux en 2004.

Historiquement, par mesure d’économie, de nombreuses stations avaient fermé pendant la Seconde Guerre mondiale ; certaines n’avaient d’ailleurs jamais rouvert. Pour Liège - station ouverte en 1911, qui s’est d’abord appelée « Berlin » jusqu’à la Grande Guerre ! - la réouverture avait eu lieu le 16 septembre 1968, mais des horaires « aménagés » devaient limiter la charge financière de l’opération à un niveau raisonnable, compte-tenu du trafic envisagé. Depuis, la RATP a toujours refusé de faire rentrer la station Liège dans la normalité, malgré les demandes de la Ville et des riverains, comme en atteste encore une réunion publique tenue à la Mairie du 9e en octobre 2005. La raison invoquée est toujours la même : trafic trop faible pour justifier des ressources supplémentaires (soit l’équivalent de 9 journées agent par semaine). Des arguments purement financiers, en somme.

Mais la position de la RATP n’est pas tenable : soit effectivement le trafic est trop faible et il faut fermer la station, soit ce n’est pas le cas et il n’y a aucune raison, par exemple, de laisser les gens partir au travail le matin en utilisant la station mais de ne pas leur permettre de l’utiliser en rentrant le soir - dans ce cas, il faudrait au moins ouvrir jusqu’à 21 h pour tenir compte de l’évolution des modes de vie. De même, pour les personnes âgées ou les personnes qui se déplacent difficilement, cette fermeture représente une gêne réelle, surtout que les rues du quartier sont assez pentues.

Pour ma part, je me suis livré à un petit calcul. Tout d’abord, les deux stations les plus proches de Liège sur la ligne 13 sont Saint Lazare et Place de Clichy, et on peut considérer qu’il faut 5 minutes à pied pour s’y rendre depuis Liège.

Faisons ensuite les hypothèses suivantes : chaque heure entre 20 h et 1 h du matin (heure normale de fermeture), une rame de métro passe toutes des 6 minutes, soit 10 par heure et 50 sur la durée. Cela est valable pour chaque sens de circulation, soit 100 rames par soirée. Pour chaque rame, on considérera que 5 personnes (ce qui est une estimation assez conservatrice) seraient descendues à Liège si la station était ouverte. Au total on arrive donc à 500 personnes concernées chaque soirée ; comme nous l’avons vu, chacune de ces personnes perd 5 minutes, soit un total de 2500 minutes par jour (plus de 41 heures...). Sur une année, avec 300 jours de semaine appliquant ces horaires restrictifs, cela représente 12 500 heures (520 jours !).

On appliquera le même raisonnement pour les dimanches et jours fériés, en considérant tout de même que l’on peut doubler « le temps perdu  » quotidien (la station est en effet fermée toute la journée), ce qui nous fait encore 120 jours supplémentaires. Au total « La station Liège est fermée au public » représente donc 640 jours ou près de 2 années de « temps préjudice » pour les utilisateurs du métro - pour un usager quotidien de la ligne, cela représente près d’un jour complet par an de trajet supplémentaire ! Nous sommes bien loin de l’anecdotique...

La RATP serait donc bien inspirée de créer de l’emploi et de faciliter la vie des usagers. Il paraît qu’elle est encore un service public.

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