Suisse : enfin un flic clairvoyant
Olivier Guéniat, chef de la police de sûreté neuchâteloise vient de publier un ouvrage sur la violence des jeunes dans lequel il stigmatise la politisation excessive faite par l’UDC de statistiques complètement faussées (Olivier Guéniat, La Délinquance des jeunes, collection Le Savoir suisse, PPUR, 2007).
Dans une interview donnée au Temps de ce jour, il déclare entre autres que "La théorie de la maturation montre qu’on ne peut pas traiter un adolescent comme un adulte. Le jeune est capable de larguer son fuel criminogène dès qu’il se découvre une passion, sportive, amoureuse ou artistique. Contrairement à l’adulte, qui a tendance à récidiver, il y a de fortes chances pour qu’il ne recharge pas son réservoir. Il faut donc privilégier une réadaptation qui inclurait des loisirs et des mesures éducatives. Mais ça ne plaît pas à la population : elle veut une réaction immédiate couplée à plus de sévérité".
Et d’ajouter quelques chiffres incroyablement significatifs : "Les mineurs ne commettent pas plus d’homicides qu’il y a vingt ans. Prenez les chiffres : il y a eu onze mineurs dénoncés pour homicide intentionnel (dont les tentatives) en 2005. Un chiffre que l’on retrouve en 1998, 1995, et même quinze en 1984".
L’hypermédiatisation de la violence soi-disant accrue des jeunes (encouragée par l’UDC et les patrons de presse qui lui sont servilement associés, il faut bien manger avec la pub que payent les patrons) ainsi que les craintes volontairement induites par la presse et les partis politiques dans l’esprit poreux de la population en période pré-électorale pour des motifs évidents de publicité pas chère est justement ce qu’il ne faudrait pas faire.
Olivier Guéniat considère que la proposition de durcissement faite par exemple par Chantal Galladé "est une réponse électoraliste. L’analyse de l’évolution des condamnations pénales montre que cette solution n’amènera rien. Le nombre des peines privatives de liberté n’a pratiquement pas changé depuis le début du XXe siècle. On peut donc durcir le ton : cela ne modifiera pas le paysage de la criminalité".
Pratiquement pas d’évolution du nombre des peines privatives de liberté depuis un siècle : voilà une vérité qu’il fallait oser crier quand on est chef de la police de sûreté. Merci pour cette mise au point. Quant aux remèdes, ils sont certainement à chercher du côté du soutien familial et social et de celui de l’exemple.
Lorsque les enseignants auront enfin compris qu’ils doivent redevenir des maîtres (à tous les sens du terme, maîtrisant d’abord leur sujet, et maîtrisant ensuite les élèves simplement par leur personnalité), alors peut-être verra-t-on les fameux chiffres immuables de la délinquance commencer de diminuer.
© crédit photographique Le Temps
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