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1 million de réfugiés en Azerbaïdjan

Pour les lecteurs qui ne le connaîtraient pas, l'Azerbaïdjan est un pays du Caucase avec 700 km de côtes sur la mer Caspienne, véritable pont entre l'Europe et l'Asie. Le couloir de Transport-Europe-Caucase -Asie ( Traceca ou nouvelle route de la soie impulsée par les chinois) a son siège à Bakou.

Cette petite république de moins de 90000 km2, issue du démantèlement de l'URSS en 1991, peuplée de moins de 10 millions d'habitants, se situe dans un contexte géopolitique particulier et compliqué au contact de la Russie,l'Iran, la Turquie, la Géorgie, l'Arménie.

Riche en ressources d'hydrocarbures, exportateur de pétrole et de gaz, l'Azerbaïdjan diversifie actuellement son économie : agro-alimentaire, équipement, énergies renouvelables, transports, tourisme, technologies de l'information.

Il fait appel à l'investissement privé et assure 80% du PIB des 3 pays du Caucase qui comprend également la Géorgie, l'Arménie. En 2006 croissance de 34,5%, en 2009 9,3%, en 2013 6% avec la crise économique et financière mondiale. De nombreuses entreprises françaises sont en contrat avec le pays : Total, Systra, Bouygues, Vinci, Arianespace, Engie, Thalès, Danone, Lactalis.

L'occupation d'un cinquième de l'Azerbaïdjan, y compris la région du Haut Karabagh, 7 provinces adjacentes, par les forces armées arméniennes, perturbe l'économie et la société de cette république et représente une véritable douleur palpable dans la population. Et ce, malgré 4 résolutions adoptées à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU qui exige une libération sans condition des territoires occupés. Et ce, malgré le groupe de Minsk co-présidé par la France, les USA, la Russie qui met en avant le principe d'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan.

Le problème dure depuis un quart de siècle. Le nombre des azerbaïdjanais réfugiés dans leur propre pays, après avoir été obligés de quitter les territoires occupés ou l'Arménie, s'élève à un million de personnes réparties dans différentes localités du pays. Un citoyen sur 9 est donc une personne déplacée.

Les médias ne parlent presque jamais du « conflit glacé » entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie avec des morts fréquents à la frontière. Les azerbaïdjanais ne comprennent pas pourquoi on oublie la mort de leurs concitoyens qui ont droit à la même attention que les malheureux syriens ou palestiniens. La désinformation va aussi bon train. Et le déficit d'images est grand.

Rencontré à Bakou, la capitale, pour une entrevue sur la politique étrangère de son pays, Hikmat Hajiyev porte-parole du service de presse du ministre des Affaires étrangères, affirme que son pays n'a pas choisi ses voisins.

Pour lui le pays a vécu « une tragédie humanitaire » avec son million de réfugiés, les 100000 morts des 2 côtés, azerbaïdjanais et arménien. Il fait un parallèle avec la politique européenne des années 30-40, « la crise des Sudètes, l'occupation de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne, et l'occupation de la France par l'Allemagne ».

Il rappelle que l'OSCE (l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) met en avant la sécurité des territoires, l'interdiction de l'utilisation de la force entre pays, l'occupation de territoires interdite. L'ONU assure la protection des petits pays. Et pourtant les 4 résolutions adoptées par l'organisation, sur les territoires de l'Azerbaïdjan occupés par l'Arménie restent lettre morte.

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Hikmat Hajiyev réaffirme le multiculturalisme pratiqué par son pays : « à Bakou une immense statue d'une femme se libérant de son voile trône sur une place avec à droite une mosquée, à 200 m une synagogue, une église orthodoxe et le siège d'une banque iranienne. Le sécularisme prôné par la constitution est une manière de vivre. L'appartenance à une religion est une affaire individuelle. Ce qui fait que l'on n'a pas de radicalisme ». Et pour finir il appelle au dialogue indispensable.

Dans sa première interview qu'il nous donne à son nouveau poste, Rovshan Rzayev ministre à la tête du Comité d'état pour les affaires des réfugiés et des personnes déplacées de la république d'Azerbaïdjan, ne demande qu'une seule chose, que « le monde soit renseigné sur l'occupation de territoires de l'Azerbaïdjan ». « L'Arménie continue son occupation ». « La France est aussi concernée car elle fait partie du groupe de Minsk », chargé de trouver les solutions à la crise entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.

Le Comité qu'il dirige a été « créé en 1992 avec pour but la gestion du problème des réfugiés chassés d'Arménie soit 250000 personnes ». Après la guerre de 1992-1993 le chiffre de 1 million de réfugiés et déplacés dans leur propre pays, est atteint. Dans « toutes les régions du pays, ils sont pris en charge, dans des camps, avec des tentes, des wagons, à Bakou aussi ». En 2003 le président Aliyev fait une promesse : il ne doit plus y avoir de camps. Et en 2007 les camps ont disparu, grâce au budget de l'état. Des bâtiments ont été mis en construction, des résidences d'étudiants, des écoles, des jardins d'enfants.

Pour Rovshan Rzayev les territoires occupés doivent être impérativement rendus, et les réfugiés doivent rentrer chez eux. Les gens déplacés ont reçu des aides financières, les enfants ont continué de suivre leurs études. Mais cela a représenté « une grande somme dans le budget ( 1 milliard chaque année qui n'a pu être utilisé pour le secteur non-pétrolier de l'économie, si l'on ajoute les projets mis en place pour l'emploi des réfugiés). Et la seule demande des réfugiés est de « rentrer ».

« En 2016 des provocations militaires de la part des arméniens » ont entraîné « 4 jours de guerre » qui ont eu pour résultats « la réoccupation du territoire de Djabrayil une partie du Haut Karabagh, repassée sous le contrôle de l'armée azerbaïdjanaise ». « Des maisons, des écoles, ont alors été construites et les hommes sont rentrés avec leurs familles ».

Il faut donc que « la politique passive » des puissances étrangères « devienne une politique active », « pour sauver le million de réfugiés qui font partie des 68 millions de réfugiés dans le monde ». L'Europe qui connaît le problème des réfugiés en Méditerranée est à même de « comprendre le drame que vit 1 petit pays avec son million de réfugiés ». « Il y a des problèmes matériels, mais même si les conditions de vie se sont améliorées, il faut tenir compte des problèmes psychologiques incommensurables de la population ».

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Rovshan Rzayev qui vient de Choucha occupée aujourd'hui et dont il ne peut fouler le sol, vit viscéralement le malheur de ses compatriotes qu'il partage dans une émotion profonde et palpable. « Le droit international doit gagner. Les gens pacifiques peuvent le faire gagner ». « Le droit de vivre doit prévaloir ». « L'Azerbaïdjan est ouvert au monde, le Comité d'état des réfugiés et personnes déplacées est ouvert au monde ». « La France est un pays très important. Elle doit montrer l'exemple dans l'application des 4 résolutions des Nations-Unies ». « Pourquoi n'y aurait-il pas de solution ? ».

Depuis 8 ans le parti azerbaïdjanais du Haut Karabagh et le parti arménien sont dans une situation de dialogue impossible. Rovshan Rzayev coordinateur de la plateforme azerbaïdjanaise pour la paix souligne que le nouveau gouvernement d'Arménie nommé depuis peu, peut ouvrir le dialogue. C'est un espoir...


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12 réactions à cet article    


  • Doume65 4 septembre 2018 13:02

    Les méchants arméniens et les gentils Azerbaïdjanais, ça me semble un peu binaire comme vue. Surtout qu’elle fait abstraction des acteurs extérieurs tels que la Turquie, les États-Unis et la Géorgie d’un côté, la Russie et Iran de l’autre.


    • Matlemat Matlemat 4 septembre 2018 13:19

      @Doume65
       L’Iran a peur car il y a beaucoup d’Iraniens d’ethnie azerbaïdjanaise qui vivent au nord ouest de sont territoire.


    • Matlemat Matlemat 4 septembre 2018 13:15

       C’est vrai que ce conflit est très peu médiatisé, les frontières issues de l’URSS sont loin d’être parfaites, qu’est ce que c’est que ce petit morceau d’Azerbaïdjan enclavé entre Arménie et Iran ? Ne serait ce pas possible d’échanger ce territoire avec l’Arménie en échange des territoires occupés ?


       La Russie soutien l’Arménie, la Turquie l’Azerbaïdjan, l’actuelle entente russo-turque devrait être positive.

       Le président de l’Azerbaïdjan s’est largement enrichi personnellement et corrompt largement nos politiciens occidentaux comme notre chère Rachida Dati qui a reçu des sommes généreuses pour soit disant « la défense du droit des femmes ».

       La fille du président Azerbaïdjanais à il y a peu de temps manqué de tact en se faisant un selfie à l’ONU alors que, je crois, on parlait du génocide arménien.

      • Francis V. 9 septembre 2018 12:12

        @Matlemat


        A une époque il y a pratiquement des « pays et nations logique », sous la forme de multinationales dirigeants leurs ’sites sécurités’ aux quatre coin du monde, de main de fer, avec des milices, des lois, des chefs, distinct du pays local.... S’étonner d’une enclave et proposer de l’échanger (merci pour les patriotes qui habitent dessus, déjà) c’est absurde, arbitraire, passéiste....


        Fouillez entre le laos, la tahilande et la birmanie, vous trouverez des centaines d’enclaves les unes dans les autres. Sur le terrain, presque tout les « services », des trois pays peuvent circuler a peut prés librement via des accorts, il y a un certain nombre de point de contrôle autour de la zone frontalière. Quel différence ca fait pour les habitant, d’étre frontalier ou enclavé a quelques km dans un pays voisin ?

        ++

      • mikawasa mikawasa 4 septembre 2018 16:52

        Article biaisé et orienté ne présentant pas de contexte, avant l’URSS ? Pas de source pas de point de vue contradictoire. Définitivement pas informaif


        • Coriosolite 4 septembre 2018 19:05
          Bonjour,

          « article » de propagande n’évoquant que le point de vue azeri.
          Pas un mot sur les 400.000 arméniens chassés d’Azerbaïdjan, pas un mot sur les massacres d’arméniens à Bakou qui sont le déclencheur de cette guerre.
          Rien sur la politique de purification ethnique menée au Karabagh (terre de population et de culture arménienne) d’avant la guerre.

          • Coriosolite 5 septembre 2018 12:46

            @OMAR


            Vous avez un PC, un accès internet, vous savez lire et écrire ?

            Alors tout ce que j’évoque est vérifiable si vous voulez bien vous en donner la peine, vous ou qui que ce soit. 
            Mais peut-être n’avez vous aucune envie d’entendre le point de vue arménien ?
            Dans ce cas ce genre d’article de propagande vous suffira. Et vous confortera dans vos certitudes.
            Dormez bien.

          • Arthur Gohin 4 septembre 2018 19:43
            Le Karabagh ne peut être compris que comme une partie de l’Arménie. Voir par exemple https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Haut-Karabagh

            • Passante Passante 4 septembre 2018 20:03
              -et elle se passe où cette guerre ?
              -dans le nagorny-karabakh
              -à tes souhaits... où ça ?

              • Inconu 5 septembre 2018 06:05

                la résolution dans cette guerre et dans des autres guerres est, respecter la carte politique du monde. L’Armée d’Arménie doit quitter la territoire de l’Azerbaïdjan


                • zygzornifle zygzornifle 5 septembre 2018 09:18

                  Heureusement que la France n’a pas mis son grain de sel la bas car il y aurait eut de double de réfugiés ....


                  • mikawasa mikawasa 5 septembre 2018 11:13

                    Pour information
                    Wikipédia
                    "Deux mois plus tard, les Anglais se retirent et la onzième armée russe envahit le Caucase : après trois ans, les républiques caucasiennes forment la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie au sein de l’Union soviétique. Les Bolcheviks créent ensuite un comité de sept membres, le Bureau du Caucase (le Kavburo), qui, sous la supervision de Staline, alors commissaire du Peuple pour les nationalités, doit appliquer dans la région le découpage ethnique de type soviétique, avec des républiques et des régions autonomes13. Ce comité vote par quatre voix à trois en faveur d’une annexion du Karabagh à la République socialiste soviétique d’Arménie. Toutefois, des protestations de la part des dirigeants azerbaïdjanais, notamment le dirigeant du parti communiste d’Azerbaïdjan, Nariman Narimanov, ainsi qu’un soulèvement anti-soviétique à Erevan en 1921 dégradent les relations entre la Russie et l’Arménie. Cette situation conduit le comité à revenir sur sa décision et à attribuer le Karabagh à la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan en 1921, pour incorporer l’oblast autonome du Haut-Karabagh à la RSS d’Azerbaïdjan en 19235, la laissant avec une population arménienne à 94 %14,15. La capitale, auparavant Chouchi (Շուշի), devient Khankendi, l’actuelle Stepanakert (Ստեփանակերտ)."

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