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Accueil du site > Actualités > International > A la mémoire du leader.. Lettre ouverte au président Habib Bourguiba

A la mémoire du leader.. Lettre ouverte au président Habib Bourguiba

Tunis le 13 avril 2016

 

Monsieur Le Président,

Combattant suprême,

Bâtisseur de la Tunisie Moderne,

J’ai le grand honneur de m’adresser à vous, pour la première fois, 7 jours après la 16ème commémoration de votre départ, pour vous parler de la plus grande personne de l’histoire de la Tunisie moderne, un des personnages les plus marquants de notre histoire, après Hannibal Barca , Aksel Le Grand et Dihya Tadmut, (ces trois qui représentent des symboles de la lutte de notre peuple pour sauver sa liberté et son indépendance, pour parvenir à sa renaissance, pour la construction de son avenir et pour la réalisations de ses ambitions), viendra ainsi Le Président Habib Bourguiba...

C’est la première fois que j’écris pour le Leader.. J’écris aujourd’hui non seulement par reconnaissance, mais aussi pour en tirer les leçons et l’exemple duquel nous continuons à apprendre, l’exemple que nous continuons à l’étudier, que nous continuons à l’admirer et à l’aimer... 16 ans après son départ, les tunisiens aiment encore El Habib Bourguiba et ils l’aimeront toujours.. Des nouvelles générations qui n’ont jamais connu le leader, l’aiment aussi et ils sont reconnaissants de tout ce qu’il a fait pendant sa vie, sa lutte et son carrière de président pour les générations futures, les générations d’aujourd’hui et de demain, du-quelles le leader avait pensé et pour lesquelles avait agit... j’été en train d’entendre quelques paroles du président, au cour de l’un de ces discours, il disait : “je ne veux rien ! je n’ai pas acquis des châteaux, ou fais quelque chose à moi-même ! Moi lorsque je rejoindrai mon dieu, ils vont me trouver si pauvre, plus que je ne l'étais quand je suis entré dans le Mouvement national.. Je jure qu’il ne me reste rien, rien du tout, aucune propriété, même un pouce de terrain, je le possède pas, même mon terrain au bléd, au Monastir je l’ai vendu, tout ce que je possédais je l’ai donné... Moi j’ai donné mon sang, ma chaire, ma pensée pendant toute ma vie, qu’est ça peut représenter pour moi un terrain ou une maison ! est ce que je donne encore de l’importance à ça ?! Même un maison je j’avais avant, je l’ai offert pour la transformer en école, pour que les petites filles puissent étudier la-dedans...”

C’était vrai, tout ce qu’a dis le président était vrai, ُEl Habib Bourguiba n’avait plus rien, quand il a quitté le pouvoir et quand il a quitté cette vie, il ne possédait que l’honneur de ses mains bien propres, que sa lutte pour l’indépendance, puis pour bâtir l’Etat moderne de la Tunisie que nous jouissons de son subsistance jusqu’à aujourd’hui.. Il a immortalisé son nom comme libérateur des esprits et des pensées, un parieur sur l’éducation et les générations futures.. Et dans tout ça, une leçon à ceux qui assument aujourd’hui la responsabilité...

Monsieur le président,

J’ai vécu un peu à la fin de l’époque de pouvoir du leader Bourguiba, j’étais petit et je ne me souviens que de l’image du président en noir et blanc, parlait au peuple à travers l’unique chaîne nationale à l’époque et mon grand père qui adorait le leader ne cessait de nous faire taire, pour mieux entendre le discours... Je ne savais plus qui parlait à la télé et de quoi il s’agit, mais en grandissant petit à petit je commençais à comprendre et connaitre... J’ai vécu depuis ma première année en école, en 1987, à l’ère de ben ali, on nous a raconté beaucoup de mensonges et des vérités... Des vérités qui apparaissent plus tard comme des mensonges et des mensonges que l’on croyait des vérités... Et des vérités cachées qu’on a pu les découvrir après...

Nous savions qu'il y avait trois grands leaders, trois hommes qui ont beaucoup donné et sacrifié, pour libérer la patrie, le Syndicaliste Farhat Hached, le nationaliste arabe Salah Ben Youssef et le politicien rusé, le nationaliste tunisien, qui avait son propre classement politique et idéologique relative au nationalisme tunisien, son propre idéologie connue et projet auquel il croyait et pour lequel il a toujours lutté, c’est Habib Bourguiba...

Durant ma jeunesse, j’étais plus proche de la personnalité de Farhat Hached et je sais pourquoi.. Par ce que nos enseignants qui étaient dans la plupart des syndicalistes ont planté en moi cette affection pour la personnalité de Farhat Hached et encore par ce que sa personne émotionnelle est beaucoup semblable à la mienne...

Puis, affecté par la pensée nationaliste arabe, l’idée de l’unité nationaliste arabe et tout ces illusions teints de l’émotion, des réactions affectives intenses et de l'enthousiasme irrationnel, là je préférais Salah Ben Youssef, par ce que je pensée que s’il était lui le gagnant du conflit de leaders, s’il était lui le leader de la patrie, cela aura dû rapprocher la Tunisie et la dissoudre dans son grande patrie mère, c’est à dire sacrifier la vrai patrie pour une illusions et des idées purement dogmatiques...

En d'autres périodes, j’ai pensée que si Farhat Hached était le premier président, il aura surement dû instaurer un Etat démocratique et nous aurons dû éviter les décennies qu’on a vécu sous une dictature terrifiante... Mais est ce que cela était possible pour la Tunisie nouvellement indépendante, avec un peuple qui souffrait gravement de l’ignorance et de l'arriération, avec un taux d’analphabétisme de 84 % en 1956 ! 84 % du peuple ne savaient ni lire, ni écrire, il n’avaient aucune culture politique ou démocratique et il ne pouvaient donc plus faire un choix rationnel lors d’une vrai élection démocratique, leurs choix devrai être émotionnels plutôt que rationnels.. Et si en 2011 et 2014, dans des élections libres les islamistes ont pu remporter presque 30% des sièges en exploitant les sentiments religieuses et bénéficiant d’une vulnérabilité encore existante à la manipulation des sentiments religieuses, qu’aurai dû se passer à l’époque de l’indépendance, si on adoptait une orientation purement démocratique ? dans quel sens la Tunisie aura dû se diriger ? Je pense que la théocratie a dû venir par la porte de la démocratie, par ce que le pays et le peuple n’étaient plus prêts à la démocratie et cette dernière ne pourra plus subsister sous l’ignorance et l’analphabétisme... La Tunisie nouvellement indépendante n’avait pas besoin de la démocratie, mais elle avait plutôt besoin de la stabilité et d’une élite nationale qui possédait une vision et encore le charisme, pour guider le pays et le peuple dans le chemin de la construction et du progrès... Est ce que la personne de Farhat Hached s’il était à la place de Bouguiba, aura pu assurer la stabilité ? je ne pense pas... La Tunisie nouvellement indépendante n’avait pas besoin seulement d’un grand cœur, mais d’un vrai politicien rusé, solide et porteur de projet, un homme qui savait très bien ce qu’il veut, où aller et qui pourrai à un moment donné et lorsqu’il fallait, prendre les décisions qui font mal au cœur, mais pas à la conscience...

D’autre part, le conflit Bourguiba/Ben Youssef n’était pas un simple conflit pour le pouvoir, mais plutôt un conflit de tendances et politiques contradictoires de deux hommes de natures différentes, c’est la même contraction entre Jamel Abdennacer et Habib Bourguiba, vue la ressemblance et la correspondance entre les deux nationalistes arabes, Abdennacer et Ben Youssef... َAlors que Bourguiba un homme réaliste, intellectuel, rationaliste et diplômé de université de Sorbonne, appartient à une doctrine intellectuelle qui ne voit pas un moyen de sortir du sous-développement autre que la lutte contre l’ignorance et l’analphabétisme par la culture, l’éducation et la sensibilisation, par contre un homme comme Jamel Abdennacer, s’adressait toujours aux émotions et chatouille les sentiments et incite la foule par des discours populistes : “Ô les hommes ! Que tout le monde reste à sa place !” “Nous nous appuierons sur nos manches ! sur notre sang !” “J’appelle à la liberté ! j’appelle à la dignité !” “ Léve ta tête mon frère ! il est fini l'ère de l'esclavage !” “Nous allons les jeter dans la mer !”... (il s’est jeter dans la merde 1967... Disait Bourguiba : “Ils ont allé pour libérer Palestine, ils ont perdu Sinai !”

C’est ce qui distingue Bourguiba de Nacer et Ben Youcef et c’est ce qui explique les conflits de Bourguiba avec des ces deux hommes et c’est ce qui explique aussi la convergence de ces deux hommes...

La première grande divergence entre Bourguiba et Ben Yousef, est apparue dans l'opposition de ce dernier à l’acceptation de l'indépendance interne 1954, par ce qu’il le considère comme solution manquante et n’accepte que l’indépendance complète et immédiate, il lance une campagne contre Bourguiba, qu'il accuse d'avoir trahi la cause de l'indépendance ! Alors que Bourguiba pratiquait sa politique des étapes, qui part du principe selon lequel “le tout-à-la-fois” n'aboutit à rien du tout ! Elle préconise donc la libération par étapes, c'est-à-dire que, face à un adversaire autrement plus puissant, il faut savoir louvoyer et fractionner ses revendications, pour les réaliser progressivement, mais à condition que chaque étape laisse la porte ouverte pour l'étape suivante. “Pour moi, disait Habib Bourguiba, une étape n'a de valeur que si elle permet à coup sûr la suivante, exactement comme la marche d'un escalier qui vous porte à la marche au-dessus. Je n'aurais pas accepté l'autonomie interne comme étape si je n'avais été sûr qu'elle était décisive et ouvrait la voie vers l'indépendance.”

Après des années de l’indépendance complète de la Tunisie, Bourguiba aborda ce sujet au cour d’un de ces discours, il disait : “Si j’avais refusé l’indépendance interne en 1954, comme on la considérait une solution manquante, la Tunisie serait demeuré jusqu’à ce jour sous la l’autorité française directe, comme étant une colonie française gouvernée de Paris...”

L’incapacité de la dogmatisme arabe d’assimiler les approches réalistes bourguibiste, se traduisait encore par la controverse qui a eu lieu sur la question de la Palestine, durant et après la sommet des leaders arabes 3 mars 1965 à Jéricho, la campagne d'insultes, de violence verbale et des accusations de trahison, de défaitisme et de compromission, menée par les Arabes contre Bourguiba, en particulier par l'Egypte dans les médias et les journaux et par son président Jamal Abdennasser dans ces discours permanents, par ce que Bourguiba les a appelé à accepter comme première étape ce qui leur avait donné la décision 181 de l’assemblé générale des nations unis de l’année 1947, puis négocier pour le reste...

à Jéricho, Bouguiba disait : “ Il est extrêmement facile de se livrer à des proclamations enflammées et grandiloquentes. Mais il est autrement difficile d’agir avec méthode et sérieux. S’il apparaît que nos forces ne sont pas suffisantes pour anéantir l’ennemi ou le bouter hors de nos terres, nous n’avons aucun intérêt à l’ignorer, ou à le cacher. Il faut le proclamer haut. Force nous est alors de recourir, en même temps que se poursuit la lutte, aux moyens qui nous permettent de renforcer notre potentiel et de nous rapprocher de notre objectif par étapes successives. La guerre est faite de ruse et de finesse. L’art de la guerre s’appuie sur l’intelligence, il implique une stratégie, la mise en œuvre d’un processus méticuleusement réglé”

Malgré ces paroles, les arabes n’ont rien compris et ils se sont précipité derrière les cris d'Abdennasser : ““Nous allons les jeter dans la mer !”...

Plus tard, après la défaite catastrophique de 1967, ils ont compris enfin et reconnu que Bourguiba avaient raison... Et ils ont regretté de ne pas avoir entendu la voix raisonnable... 49 ans après, les palestiniens négocient toujours le retour aux frontières d'avant 1967, conformément à la décision 181 de l’assemblé générale de l’ONU prise en 1947, précédemment rejeter à deux reprises par la ligues des Etats arabes... Mais Israël refuse toujours le retour, par ce que la défaite est faite et ce qui était hier en main, ne peut être pas aujourd’hui possible ou facile de le récupérer... Ils comprenaient trop tard, les arabes comprennent toujours trop tard...

“Ne craignez rien, affirmait David Ben Gourion, nos adversaires d'ici sont différents. Il n'y a aucun risque pour qu'ils adoptent la ligne bourguibiste.”

Ainsi Habib Bourguiba a remporté ses victoires contre ses adversaires alliés Salah Ben Youssef et Jamel Abdennacer et a fait triompher sa stratégie des « étapes » face aux tenants du « tout ou rien ».

Mais le problème avec le leader Salah Ben Youssef ne se limitait pas à ce niveau, par ce que son caractère radicale et surtout son rapprochement avec le leader Jamel Abdennacer (qui avait la même idéologie et projet), faisait de lui une source d'instabilité et même de danger.. Soutenu par Abdennasser à extérieure et par ses fidèles à intérieure, il n’hésitait pas de mettre les plans hostiles et de se lancer à l’exécution...

Je ne justifie les actes d’assassinat, mais étant donné que chacun des deux hommes embusquait l’autre et que Bourguiba a survécu à plusieurs tentatives d'assassinat, peut être que cela faisait de lui le plus rapide, pas le plus violent...

Mais rien ne justifie la persécution et l’exécution des les youssefistes, sans aucun jugement ! Même s’ils étaient accusés de créer le chaos et de produire l'instabilité, ils étaient des citoyens et ils avaient le droit d’avoir des jugements qui répondent aux normes de la justices...

La persécution des youssefistes, était l’un des points noirs de l’ère bourguibiste, ainsi le gel du Parti communiste, l’arrêt de la presse libre, la consécration de la dictature d'un régime totalitaire, la présidence à vie, le Jeudi Noir et les événements de janvier 1984...

Ce sont les fraudes graves et non justifiés du régime de Bourguiba, cependant il ne se sentait plus coupable, il croyait qu’il a fait toujours ce qu’il fallait faire pour préserver l'avenir de la Tunisie et il disait dans plusieurs discours : “Je sais qu’ils sont convaincus de ma bonne foi...”.

Bourguiba se méfiait des mouvements nationalistes arabes, en particulier le parti Baath et Abdennacer, par ce qu’il connaît leur danger, leur tendance à planifier les coups d’Etats et au renversement des gouvernements et il était vigilent face aux possibilité de leur extension vers la Tunisie.. Surtout Jamel Abdennacer, qui représentait un grand titre des ambitions nationalistes arabes à l’époque et qui rêvait d’un empire arabe gouverné du Caire.. Et dans ce même sens allait le camarade de Bourguiba, le leader Salah Ben Youssef, qui faisait partie du courant nationaliste arabe et il était proche d’Abdennacer, d’ailleur Bourguiba considérait Ben Youssef et ses camarades comme des officiers égyptiens...

Toutefois, dire que la Tunisie avez besoin d’un leader qui possédait une vision et encore le charisme, pour guider le pays et le peuple dans le chemin de la construction et du progrès, la réponse idéale à ces paroles était Habib Bourguiba... Sa philosophie, sa vision, son intelligence, ses lectures, son prévoyance, son rationalisme, son pragmatisme, sa référence unique qui était le bien être de la Tunisie et son avenir, son honnêteté, son courage, son charisme et tout les autres qualité de sa personne, c’est ce qu’avait bien besoin la Tunisie, le pays nouvellement indépendant et qui manquait les compétences et le savoir faire, qui manquait les ressources et n’avait plus encore les moyens.. Il n’y avait pas un Etat moderne, des administrations et des institutions, un système juridique moderne, une économie d’Etat, une industrie et secteurs productifs, la réputation le prestige et la place honorable dans la communauté internationale... Il manquait tout, sauf la pauvreté et le misère.. Et il fallait commençait de zéro et aller soit dans le bon sens, soit dans le mauvais... Alors si la Tunisie avait choisie dés le début le bon sens, c’était grâce aux qualités de son leader, grâce à ses propres convictions personnelles et encore grâce au soutien de ses camarades qui ont participé à la direction du pays...

Bourguiba avait une parfaite lecture et prévision, il était très intelligent, un très bon observateurs, lecteur et analyseur.. Et ses choix et politiques étaient toutes basés sur le rationalisme, le pragmatisme bien que sa seule référence était l'intérêt actuel et future de la Tunisie.. Ceci apparaît claire même avant qu’il n’arrivait à la tête du mouvement de libération nationale et à l’époque de la deuxième guerre mondiale, surtout dans sa lettre qui l’a adressé depuis son prison au tour Saint-Nicolas à son camarade Habib Thameur, le président par intérim du parti du Néo Douteur.. Dans cette lettre, Habib Bourguiba mettait en garde ses camarade contre le danger de bardage avec le camp de l'axe, notamment les Allemand et les Italiens, il disait dans sa lettre : “L’Allemagne ne gagnera pas la guerre et ne peut la gagner ! Entre les colosses russe et anglo-saxon, qui tiennent les mers et dont les possibilités industrielles sont infinies, l’Allemagne sera broyée comme dans les mâchoires d’un étau irrésistible...” et il donnait l’ordre à ses camarades de s’allier au camp des Alliés et d’entrer en relation avec les français qui étaient dans le camp du générale Charles de Gaulle (les autorités françaises qui était en place en Tunisie appartenaient au camp de Vichy, c’est à dire au camp Allemand), il disait : “ L'ordre vous est donné à vous et aux militants d'entrer en relation avec les français Gaullistes en vue de conjuguer notre action clandestine. Notre soutien doit être inconditionnel, c'est une question de vie ou de mort pour la Tunisie !”

Dans cette lettre et dans sa position qui suit, apparaît très bien claire sa bonne lecture et sa prévoyance de l’avenir, il était sûr de ses prévisions comme s’il les voyait devant ses yeux, même en voyant la France tombait sous l’occupation allemande, et les forces nazies et fascistes remportes les victoires successives, il était toujours sûr de leur défaite... Et même lorsqu’il était libéré par les Allemands, il refusait de se ranger du côté des puissances de l'Axe.. Bourguiba n’était plus une personne émotionnelle, il représente la puissance de la raison et de la logique... Il disait : “c'est une question de vie ou de mort pour la Tunisie !”, Son unique référence : la vie de la Tunisie.

Le soutien apporté par le Néo-Destour à la résistance française était un facteur positive dans la relation de Bourguiba-De Gaule et dans les négociations et la démarche qui a mené à l'indépendance du pays...

Bourguiba regardait très loin, il voyait plus loin que tout ceux qui l’entourent...

Selon la vision bourguibiste, la Tunisie faisait son chemin, comme étant un Etat indépendant, elle a identifié sa destination en fonctions de ses fins, ambitions et sa nouvelle personnalité.. la Tunisie Bourguibiste donnait dos à l’Est Soviétique et peu d’attention à l’orient arabe, par ce que son leader savait que la relation avec les arabes de l’orients ne représentait pas grand intérêt pour le pays, ces relations ne nous ont pas servi à l’époque du colonialisme, n'ont pas appuyé la cause de la Tunisie et Bourguiba n’a surement pas oublié le refus du secrétaire général de la ligue arabe Abderrahman Azzam Pacha, face à la demande de Bourguiba d’inclure la question tunisienne dans l’ordre du jour du sommet arabe... D’autre part, Bourguiba se méfiait du camp socialiste et a strictement refusé d’établir des relations économiques et militaires avec l’Union Soviétique, les relations avec l’URSS étaient réduites à leur plus simple expression, se limitant aux relations diplomatiques classiques.. Bourguiba disait toujours : “Le camp socialiste ne durerait pas longtemps dans la vie et sa chute est inévitable”, c’est sa prévision que nous l’avons vécu une réalité en 1990...

La Tunisie de Bourguiba avait choisi son camp dès le début : « le monde libre ».. Il s’est dirigé vers l’occident, par ce qu’il croyait que c’est la destination qui devra être faite pour la modernisation du pays et que l’avenir de la Tunisie est avec le monde libre, il croyait que l’avenir sera pour le monde libre... Il a consolidé les relations avec l’occident, surtout avec la France et un peu moins avec les Etats Unis, le temps a confirmé les bon choix de Bourguiba et c’est grâce à ses choix que la Tunisie était sur le bon chemin...

Les relations que Bourguiba a établi avec l'Occident et avec tout les pays du monde, étaient fondées sur la parité, le respect mutuel et les intérêts communs... Il a fait pour la Tunisie une place honorable parmi les nations... La Tunisie était grande aux yeux de tout le monde...

Bourguiba disait dans son discours de 30 Mai 1957 : “La France est prête à entrer dans de nouvelles négociations en ce qui concerne nos relations économiques qui doivent être nettoyés de toutes les impuretés qui peuvent être comprise comme une volonté de domination à partir d'un point de vue économique et purifié de tout ce qui pourrait faire que la Tunisie soit à un statut inférieur à celui du négociateur français, ou permettre à la France de prendre les liens économiques entre nous comme un prétexte pour faire pression sur le gouvernement tunisien dans d'autres domaines, comme les champs politique et militaire...”

Et il ajouta : “Et soyez assurés que nous n'acceptons pas les liens économiques, de toutes sortes, à moins qu'ils répondent aux intérêts de la Tunisie sans autres d'intérêt. si les intérêts de la France en accord avec celles de la Tunisie, c'est ce que nous souhaitons, mais si nous sentirons dans ce sujet quelque chose de stressant pour nous, ou une intention délibérée visant à nous dominer, nous n'hésiterons pas à le rejeter purement et simplement.”

Les relations avec les États-Unis ont également été fondée sur l'égalité et le respect mutuel, la Tunisie était sous Bourguiba un pays qui se respecte, et respecté par les autres autant comme son respect de soi... Après le bombardement israélien de la région tunisienne Hammam-Chatt, la première réaction de l’administration Reagan fut de qualifier l’agression israélienne de “réponse légitime au terrorisme”, les Etats-Unis avait l’intention d’opposer son veto contre une décision du conseil de sécurité des nations unis condamne l’attaque israélienne sur le territoire tunisien.. Bourguiba se sentait trahi par son allié, qu’il soupçonnait d’avoir été mis dans la confidence de l’attaque et de l’avoir approuvée.. Il convoqua l’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie et le menaça d'une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays si Washington opposait son veto à la résolution des Nations unies sur l'attaque. : “Dites à Monsieur Ronald Reagan que si les Etats-Unis mettent leur veto au projet de résolution tunisien au Conseil de sécurité, je romprai les relations avec eux”. Washington a pris très au sérieux la menace de Bourguiba et a décidé de s’abstenir d’user du veto pour la première fois depuis la création d’Israël...

La diplomatie Tunisienne était très active à l’ère du président Bourguiba, la Tunisie avait des grandes rôles et positions, qui ont fait de ce pays de petite surface grand au yeux de tout le monde, elle a soutenue les mouvements de libération partout dans le monde, en Afrique subsaharienne, Angola, Mozambique et en Afrique du Sud qui souffrait du racisme...

Bourguiba était un des fondateur du Mouvement des non-alignés en septembre 1961, avec Jawaharlal Nehru, Josip Broz Tito, Soekarno et Jamel Abdennacer...

Bourguiba était aussi un des fondateurs de l’Organisation de l'unité africaine en 1963, il était aussi l’un des 4 initiateurs fondateurs de l'Organisation internationale de la Francophonie, qui regroupe aujourd’hui 57 Etats membres, fondée en mars 1970 par Bourguiba, le présidents sénégalais Léopold Sédar Senghor, le roi cambodgien Norodom Sihanouk et le premier président de la république du Nijer, Hamani Diori... Ces quatre hommes considérés aujourd’hui, les pères fondateurs de la Francophonie..

la où il allait, on l’accueillait comme un Héro, en Afrique, en Occident, en Orient, les peuples sortaient des milliers pour son salut... J’ai regardé le vidéo de sa visite historique au Etats-Unis en 1961 et j’ai vu l’accueil énorme et magnifique de la part du président John Kennedy, de sa famille, des membres de l’administration américaine, des haut responsables de l’Etat américain, de l’armé américaine, des petits enfants qui sont venus lui offrir des fleurs, du très grand nombre de journalistes et médias qui couvraient son accueil et toute sa visite, par l’ensemble des sénateurs et des représentants du peuple américain dans le Capitole du Congress, par l’organisation des nations unis et son secrétaire général et par le peuple américain, les milliers d’américains aux deux cotés des rues de Washington et de New York au long des chemins de son cortège présidentiel... C’était énorme.. Cet accueil fait par le plus grand pays au monde pour l’un des plus grands hommes au monde, un homme qui créait l’histoire, le président de la Tunisie, Habib Bourguiba...

Habib Bourguiba, l’artisan de l'indépendance tunisienne, ce qu’il a fait et a donné à la Tunisie est innombrable... Mais nous connaissons tout, par ce que nous jouissons de tout ce qu’il a fait et réalisé... à part l’Etat modernes, l’administration, les institutions, les législations modernes et l’infrastructure, Bourguiba s’est concentré et a beaucoup travaillé à bâtir l’Homme Tunisien... Il a accordé une grande importance à l’éducation de ses enfants et a beaucoup investi dans l’instruction, beaucoup d’attention et de ressources, il croyait que l’avenir de la Tunisie réside dans ses enfants, que son progrès et son développement ne peut être réaliser que par la production des générations instruites, par la promotion de la culture, de la connaissance, de la sciences, du développement intellectuelle et mentale, c’est grâce à lui que le taux d’analphabétisme est passé de 84% à 18,8%, c’est lui qui prévoyait notre présent, depuis son présent... C’est grâce à lui que les inégalités entre hommes et femmes se sont réduites, il menait une campagne pour l’émancipation de la femme, pour sensibiliser les citoyens tunisiens des nouvelles réformes révolutionnaires, la généralisation de l’enseignement aux filles à l’égal des garçons, l’admission des femmes à l’emploi dans les mêmes conditions que les hommes, le libre consentement au mariage et la suppression du voile... Ce qui lui vaut des critiques et une opposition de la partie conservatrice de la société.. Devant une si grande opposition, un de ses conseillés lui demandait si ce projet revêt une grande importance, Bourguiba répondais : “si cette réforme n’est pas réalisée maintenant, elle ne pourra peut-être plus jamais être réalisée et je ne suis pas sûr de pouvoir moi-même la réaliser encore dans six mois”... Il fallait un leader comme Bourguiba pour réaliser ça, il fallait le courage et le forte personne d’un leader qui dévoile une femme devant les caméras et la libère du symbole de son humiliation, il fallait Bourguiba pour interdire la polygamie, il fallait un chef de nation comme Bourguiba pour que le code du statut personnel qui constituait une fierté et un acquis soit mis en place 5 mois après l’indépendance ! Qui a dû faire ça, sauf Bourguiba ??? La Tunisie de Bourguiba est composée de ses femmes et ses hommes, ensemble ils construirons son avenir... L’avenir que prévoyait Bourguiba notre leader féministe... Aussi, c’est grâce à Bourguiba, à sa vision, que la Tunisie a mis en œuvre à très tôt, dès les premières années de son indépendance, un programme de planification familiale et a développé des mécanismes de baisse de la fécondité, ce qui faisait de la Tunisie pays précurseur au Maghreb, et encore plus en Afrique... Habib Bourguiba, a fait de la maîtrise de la croissance démographique une priorité par ce qu’il était convaincu qu’elle serait une condition du développement socio-économique... Cette politique bourguibiste nous a éviter l'explosion démographique, nous a sauvé ! s’il n’a pas pensé et appliqué ce programme de planification familiale, notre population doit être aujourd’hui le triple de son volume actuelle ou même plus et notre situation sera trop critique ! Nous sommes loin de cette catastrophe, par ce qu’il a pensé à nous et aux générations qui suivent...

Habib Bourguiba : “Il faut que, de la nation montent des hommes qui ont le courage pour parler franchement aux peuple, et poursuivre la lutte avec tout ce qu'elle comporte de détours, d'étapes, de ruses jusqu'au jour où nous aurons arraché, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les générations futures une victoire complète et parfaite.”

Il a toujours pensé à nous, il nous a enseigné, il nous a changé, il nous a transformé, il nous a donné l’exemple...

Il était un vrai père de nation...

Habib Bourguiba, la fierté de notre nation, la fierté de notre histoire, la fierté de la Tunisie...

La fierté de nous tous.. Même ses opposants qui se sentaient opprimés à son ère, le respectent malgré tout, ils connaissent parfaitement sa valeur et son grandeur et reconnaissent tout ce qu'il a fait pour la Tunisie, sauf les islamistes...

Monsieur le président,

Combattant suprême,

Bâtisseur de la Tunisie Moderne,

Ce lettre adressée à vous ne suffit pas, pour vous parler de vous.. Ce n’est qu’une tentative modeste de l'un de vos enfants à exprimer sa gratitude et sa fidélité, et vise également à donner l'exemple à ceux qui dominent le champ politique et s’en chargent de l'administration et la direction du pays ... L’exemple d'un leader qui construit une patrie, un leader qui construit l’avenir, qui construit le présent et le futur...

Monsieur le président,

Le 14 janvier 2011, nous avons accompli à l’avenue qui porte votre nom, une révolution a renversé celui qui vous a emprisonné 12 ans en résidence surveillée, vous a opprimé et vous a privé de funérailles que vous méritait...

Que votre âme repose en paix...

Votre nom demeure toujours en vie...

Votre fils,

Hichem Sellini


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8 réactions à cet article    


  • Gasty Gasty 14 avril 2016 18:33

    Merci pour ce partage. Je ne connais pas l’histoire de la Tunisie mais cette lecture me donne envie d’approfondir le sujet.


    • Hichem Sellini Hichem Sellini 14 avril 2016 18:49

      @Gasty Je vous encourage (y) et je peux vous aider en vous fournissant des documents intéressants :)


      • volpa volpa 15 avril 2016 08:57

        Sortez de l’islam et vous vous en porterez que mieux.


        • Hichem Sellini Hichem Sellini 15 avril 2016 12:24

          @volpa Théoriquement, vous avez raison, mais pratiquement ça se fait pas comme ça...


          • Jonas 16 avril 2016 08:07

             Merci pour cet article. 

            Oui, je l’ai écrit a plusieurs reprises sur ce site que Habib Bourguiba était un visionnaire , un homme courageux qui sans violence et par des actes , voulait sortir la Tunisie et le monde arabe de sa torpeur. 

            Je mets de côté , ce que vous écrivez , sur les combats politiques internes qui existent et existeront dans tous les pays. En politique , il y a un trop plein d’hommes ambitieux , mais un si petit nombre capables. 

            Pour moi, Habib , Bourguiba est l’égal d’un Mandela et d’un Haclav Havel. Des hommes d’Etat , pragmatiques qui épousent le réel et jettent les illusions et les utopies par dessus-bord.
            Oui, je l’affirme , Habib Bourguiba a été un grand homme , les femmes tunisiennes doivent s’en souvenir dans ces temps d’obscurité. 
            Je ne suis ni tunisien , ni arabe ni musulman. 


            • Hichem Sellini Hichem Sellini 16 avril 2016 14:04

              @Jonas Paris aussi, n’est pas pas une ville tunisienne, mais a érigé une statue pour le leader Bourguiba à l’esplanade qui porte son nom au cœur de la capitale française (y)


              • Jonas 16 avril 2016 16:12

                @Hichem Sellini 

                Absolument , c’est un honneur pour la France d’honorer la mémoire de Habib Bourguiba par une statue dans sa capitale. Homme de grande valeur , universitaire , au patriotisme incontestable et incontesté , pourtant , sans haine ni ressentiment. 

              • George V (---.---.201.70) 17 avril 2016 08:12


                Bonjour,

                Arf nous on as eu le général, je comprend... Un témoignage solide sur la teneur du roman national tunisien et une biographie plutôt détaillé du leader.

                Méme si je trouve l’hommage trop centré sur les temps forts et les généralité géopolitques, peu sur la pensé politique et l’impact légal et institutionnel de son règne.

                Merci pour les événements de l’histoire tunisienne contemporaine a approfondir. Il manque les 90 liens sources en bas de l’article.

                A relire smiley

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