A puissance exceptionnelle, responsabilités exceptionnelles
« Il y a d’autres forces permanentes beaucoup plus nobles, celles qui exaltent l’Homme
jusqu’à la pleine conscience de lui-même, celles qui veulent le servir dans son universalité ».
Arthur Conte
Barack Obama a prêteré le serment constitutionnel l’instituant officiellement Président des Etats-Unis d’Amérique.
A ce titre, il présidera aux destinées de son pays, cela va de soi, mais aussi et dans d’énormes proportions, à celles du monde. Et s’il est vrai que l’élection d’un nouveau président américain a toujours suscité un événement mondial, il est d’autant plus vrai que celle de M. Obama intervient dans une conjoncture et un moment exceptionnels.
En effet, le nouveau locataire de la Maison Blanche entreprend son mandat au crépuscule d’une décennie catastrophique et, de ce fait, il aura d’emblée, en tant que président du pays le plus puissant du monde, à mesurer l’impact psychologique que le transfert du pouvoir ne manquera pas d’avoir. Car, sans décrire le moindre tournant dans l’immédiat, un tel transfert constitue néanmoins une échéance virtuelle ô combien symbolique pour une démocratie dans son inexorable continuité dans son comportement et ses engagements vis-à-vis d’elle-même.
Pour ce faire, M. Obama se devrait d’interpeller l’Histoire, celle de la décennie qui tire à sa fin, qui dira avec l’honnêteté candide et la sévère impartialité qui la caractérisent que l’Humanité peut légitimement se prévaloir d’évidentes raisons de se féliciter. Mais que l’Humanité doit aussi et surtout s’avouer de sérieux motifs d’adopter le plus bas des profils. Décennie de toutes les folies, douces et amères, la première du 21ème siècle aura été abondamment jalonnée de nouveaux merveilleux progrès scientifiques, technologiques et autres, comme des pires fléaux, dont des attaques de grande envergure contre des populations civiles, deux grandes guerres, une constellation de conflits locaux et une crise économique mondiale.
Non point que les Américains eussent été seuls bienfaiteurs de l’Humanité ou uniques responsables des malheurs de celle-ci, une décennie durant. Seulement, les voilà qui entament la nouvelle en fortissime maître à bord de la planète, en l’absence de toute rivalité ou de contrepoids.
Et, l’Histoire, toujours là, à la portée de mémoire pour aider M. Obama dans la tentative qu’il serait bien inspiré de faire, de réadapter la politique extérieure américaine, en fonction précisément de sa nouvelle situation de leader mondial incontesté. Elle lui rappellera la tradition qui veut que, de tous temps, une puissance exceptionnelle a eu à assumer des responsabilités exceptionnelles.
Ainsi, Barack Obama aura à tempérer le pragmatisme d’Etat américain, souvent poussé à l’excès par certains de ses prédécesseurs, au détriment de valeurs que l’on croyait religieusement observées par le peuple américain. Le pragmatisme n’est-il pas la négation de toute vérité absolue ?
Cette tâche est d’autant plus urgente et nécessaire que M. Obama aura à adopter une position aussi équitable que neutre à l’égard des problèmes du moment, notamment palestinien et irakien, dans le respect du droit. Le droit que le Président Wilson qualifiait si justement de « plus précieux que la paix ».
Ce ne sera qu’à partir d’une telle position et de toutes autres prises de position dans la stricte observance de la légalité internationale, sans considération aucune pour quelque pression d’où qu’elle vienne, que l’Organisation des Nations Unies pourrait prétendre à un regain de crédibilité, en matière de maintien de la paix et qu’elle pourrait faire plus qu’exprimer inquiétude et préoccupations.
En conclusion, M. Obama ne serait pas sans savoir qu’un peu plus d’un siècle auparavant, en 1901, le républicain Théodore Roosvelt, surnommé « briseur de trusts » était élu Président des Etats-Unis. Comme celui-ci, M. Obama aura en face de lui le plus puissant des trusts, le lobby sioniste en l’occurrence que nul ne lui demandera de briser. Ce sera un vaste programme, comme disait le Général de Gaulle. Mais tout simplement de ne point lui céder.
Ce n’est qu’ainsi que M. Obama pourra figurer sur la liste très réduite des grands présidents des Etats-Unis et, peut-être, comme Théodore Roosvelt, obtiendra le prix Nobel de la paix. Un vrai Nobel pour une vraie paix : juste, durable et universelle.
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