Affaire Snowden : guerre d’espions digne de la Guerre Froide ?
L’ex-agent de la CIA Edward Snowden, inculpé d’espionnage pour avoir dévoilé les programmes de surveillance de la NSA, éveille les tensions entre les Etats-Unis et ses adversaires politiques
Edward Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA, fait trembler la planète Diplomatie en cherchant refuge dans des pays qui n’ont pas d’accords d’extradition avec les Etats-Unis. L’affaire du jeune informaticien révélant à la presse les systèmes de surveillance téléphoniques américains dans le monde se mue en affaire d’espionnage international rappelant celles de la Guerre Froide.
Libérateur ou idéaliste ?
Les Etats-Unis sont les premiers à faire les frais du jeune informaticien de 29 ans. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. La génération Internet voit l’avènement de jeunes surdoués de l’informatique qui se sont donnés pour mission de faire régner la transparence entre les Etats et ses populations. Edward Snowden fait partie de ces chevaliers idéalistes, bravant les risques d’emprisonnement pour dénoncer les agissements d’Etats qui outrepassent leurs droits au nom de la sécurité nationale. Il succède au fondateur de Wikileaks Julian Assange ou encore à Bradley Manning qui est aujourd’hui devant un tribunal militaire pour avoir divulgué des informations sur les guerres en Irak et en Afghanistan. Ces trois hommes ont en commun l’image controversée de petits génies de l’informatique enfermés nuit et jour devant leur ordinateur se forgeant leur opinion au travers du monde déformé qu’est Internet. En mai 2013, Ed Snowden commence à révéler des informations sur les programmes de surveillance américains au Guardian et au Washington Post alors qu’il est en poste pour un sous-traitant de la NSA, Booz Allen & Hamilton. Le 20 mai, il quitte son domicile d’Hawaï pour Hong Kong, emportant avec lui des données confidentielles
Jeux d’espion entre pays rivaux
Aujourd’hui, Edward Snowden ne se retrouve pas seulement au cœur d’une affaire de piratage mais au milieu d’intrigues internationales entre des pays adversaires. Les Etats-Unis n’hésitent pas à pointer du doigt la Chine et la Russie pour l’aide qu’ils accordent au « traître », notamment la décision d’Hong Kong de laisser Snowden partir pour la Russie sans visa, le 23 juin. La Chine a répliqué en déclarant que cet incident aurait des répercussions sur les relations diplomatiques entre les deux pays. Lundi 24 juin, Edward Snowden devait quitter la Russie. Il ne s’est jamais présenté dans l’avion. Le président russe Vladimr Poutine a déclaré que l’ancien consultant de la NSA se trouvait dans la zone internationale de l’aéroport de Moscou, qualifiant l’attitude de Washington de « délire et de sornettes ». Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry a tout de suite brandi la menace de « conséquences » sur les relations russo-américaines, déjà altérées par le dossier syrien. Olga Denisova, journaliste pour la radio La voix de la Russie a confié à ses confrères de l’AFP : « J’ai le sentiment que nous participons tous à un grandiose complot d’espions ». L’intervention de Julian Assange pour procurer au fugitif des papiers équatoriens a assombri un peu plus le tableau, permettant au président de l’Equateur, Rafael Correa de passer pour le nouveau Hugo Chavez, ex leader de la gauche latino-américaine, fervent opposant des Etats-Unis.
« L’Affaire Snowden est passé d’une affaire de fuite à une affaire de haute politique entre les puissances majeures du monde » résume l’analyste Bruce Riedel, ancien de la CIA, aujourd’hui chercheur à la Brookings Institution. Certains analystes vont même jusqu’à dire que le jeune informaticien a bénéficié de la complicité de la Chine et de la Russie depuis le début dans le but de le manipuler pour obtenir des informations.
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