Afrique : l’humanitaire, un secours pour les plus démunis
Présentées par une certaine opinion comme un vaste marché pour les multinationales agroalimentaires et pharmaceutiques, les organisations humanitaires présentes en Afrique, constituent, pour la plupart des Africains, le dernier recours en faveur des personnes démunies sans appui des pouvoirs publics et les informations relayées en provenance des zones en conflits, jouissent d’une grande crédibilité auprès de l’opinion internationale, surtout que la société civile africaine jouit de peu d’espace démocratique pour faire passer ses messages à travers le monde.
Sans l’appui matériel et financier des organisations humanitaires auprès de la société civile du Kivu pour dénoncer l’invasion du pays par les armées étrangères, les habitants de cette région font savoir que la RD Congo serait découpée et le Kivu, sous la tutelle du Rwanda. De même pendant la fuite des réfugiés rwandais, vieillards, femmes et enfants compris, vers le Congo en 1994, l’appui des humanitaires fut d’une grande importance à plus de quatre millions de personnes qui ont fui leurs maisons et laissant derrière elles tous leurs biens. L’eau et nourriture distribuées dans les camps de réfugiés furent d’un grand bien pour les familles ayant parcouru de centaines de kilomètres en fuyant les combats, sous le soleil et le froid.
Si l’organisation américaine International Rescue Commettee (IRC) n’avait pas annoncé le nombre des morts évalués à plus de deux millions pendant les conflits en RD Congo, personne ne le dirait surtout que les parties en conflits n’avaient aucun intérêt à en parler. L’appui de Médecin sans frontières (MSF) aux associations locales fut aussi bénéfique aux populations de la Province orientale du Nord et Sud Kivu pour dénoncer à la face du monde les viols perpétrés par les groupes armées auprès des filles mineures durant l’année 2007.
Sans les humanitaires, notamment Médecins sans frontières et Save the Children, plusieurs centres de santé à travers le Burundi ne seraient pas fonctionnels pour accueillir des femmes et enfants victimes de malnutrition dans certaines provinces de ce pays. Ces humanitaires financent une grande partie des dispensaires répartis dans les zones reculées de ce pays où les soins élémentaires de base sont prodigués aux indigents.
Le Programme des Nations unies pour le développement (UNDP) et d’autres humanitaires furent beaucoup engagés dans la réforme judiciaire en RD Congo, Rwanda, Burundi afin de désengorger les prisons pleines des personnes, souvent accusées par défaut et qui attendent pendant plusieurs années en prison sans être jugées.
Au nord de l’Ouganda, la présence des humanitaires fut importante pour dénoncer l’utilisation des enfants soldats, les enlèvements des jeunes filles pour servir d’esclaves sexuelles et les pratiques de cannibalisme du groupe armée « Armée du Seigneur ».
Au Zimbabwe, la présence des humanitaires reste bénéfique pour assurer les soins aux personnes atteintes par le virus du VIH/sida et distribuer de la nourriture à de milliers des Zimbabwéens, malgré l’embargo des pays occidentaux.
En Afrique du Sud, malgré les ravages du sida au sein de la population noire, le gouvernement du président Thabo Mbeki n’avait cessé de mettre en doute les causes de l’origine du sida, avant de se rétracter sur pression des humanitaires et accepter que les anti-rétroviraux soient distribués aux populations ravagées par cette maladie.
Le Mali, l’un des plus grands producteurs de l’or en Afrique, ne cesse d’être accusé par les organisations humanitaires, notamment Human Rights Watch, de fermer les yeux sur la destruction de l’environnement, commise par les multinationales occidentales présentes dans les régions de production où plusieurs personnes développent les maladies comme la bronchite.
L’exploitation des enfants mineurs dans les champs de cacao ivoirien ne serait toujours pas connue si certains humanitaires ne l’avaient dénoncée aux yeux du monde.
Le Darfour est une parfaite illustration de l’apport des humanitaires qui n’ont jamais cessé de dénoncer les exactions commises par les parties en conflits à l’égard de la population civile.
La présence des humanitaires en Afrique a contribué à nouer des partenariats avec des associations locales sans ressources pour mener les actions en faveur des populations vulnérables. Leur présence s’avère comme un miroir des personnes persécutées par les pouvoirs. Pour les Africains, victimes de maladies et de famines, les humanitaires constituent leur seul rempart pour assurer leur survie. La journaliste suisse Laure Zugravu avait posé la problématique de la présence des humanitaires en Afrique, poussés par le souci de soulager leur conscience en distribuant l’aide en nourriture plutôt que de mettre en place une politique d’octroi des micro-crédits. Cependant, les victimes de grandes pandémies et des déplacés de guerre n’ont rien à attendre de leurs gouvernements. Ce sont les humanitaires qui constituent leur dernier recours avant de pouvoir penser à autre chose.
Source : Kilosho Barthélémy
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