Aide alimentaire mondiale : les États-Unis privilégient toujours leurs producteurs agricoles
Les États-Unis ont fourni plus de la moitié de l’aide alimentaire mondiale en 2006. La presque totalité de cette aide l’a été sous forme de transferts directs de céréales, d’huile alimentaire et de légumineuses provenant de producteurs américains. À peine 1,4 % ont été achetés dans les pays qui recevaient l’aide, moins de 0,4 % dans les pays avoisinant. C’est ce que révèlent les chiffres pour l’année 2006 dévoilés le 5 juin dernier par le Programme d’aide alimentaire mondial (PAM ).
Il y a deux mondes dans le domaine de l’aide alimentaire : celui des Américains et celui des autres pays donateurs. Plus de 83 % de l’aide alimentaire achetée dans les pays donateurs en 2006 provenaient des États-Unis. A contrario, plus de 80 % de l’aide alimentaire fournie par les autres pays donateurs ont été achetés de producteurs agricoles des pays aidés ou de pays voisins de ceux-ci (ce que le PAM appelle l’aide triangulaire).
Le PAM a préféré passer sous silence l’attitude américaine en dévoilant les chiffres de 2006, et plutôt souligner que la part de l’aide alimentaire achetée de producteurs agricoles des pays dits en développement va en s’accroissant. Il est vrai qu’en 2006, plus de 40 % ou 2,6 millions de tonnes d’aide alimentaire ont été achetées localement, tandis que ce pourcentage était de 31 % en 2005.
Après les États-Unis, le plus généreux donateur du PAM est la Communauté européenne, avec 11,3 % de l’aide alimentaire, dont plus de 96 % a servi à des achats auprès de producteurs locaux, ou de producteurs dans les pays voisins.
Si on ajoute l’aide du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède et de la Grande-Bretagne, le total de l’aide alimentaire européenne monte à 21 %, dont plus de 97 % a servi à faire des achats auprès de producteurs locaux ou régionaux.
La Suède est un pays exemplaire, puisque la totalité de son aide a servi à acheter des produits alimentaires à l’extérieur de son territoire national.
Sur le site du Programme européen d’Aide et de sécurité alimentaire, on peut lire que la Communauté européenne a entrepris depuis quelques années de dissocier l’aide alimentaire de la gestion des excédents agricoles européens, et ce « en développant progressivement les achats triangulaires et locaux et en renforçant la coordination entre les donateurs. »
Outre les États-Unis, des pays comme la Corée (près de 100 % d’aide directe), la Chine (98 %), le Canada (67 %) et le Japon (60 %), auraient intérêt à s’inspirer de l’exemple européen.
Notons que l’aide fournie à l’Afrique subsaharienne équivaut à plus de 60 % de l’aide alimentaire totale. Une proportion équivalente de l’aide gérée par le PAM (62 %) était une aide d’urgence. La plupart des observateurs s’entendent pour dire qu’il faut encourager les producteurs locaux, parmi les solutions qui permettront de régler à moyen et long terme les problèmes à l’origine de l’aide alimentaire.
The International Food Aid Information System,
Annual Issue Food Aid Monitor : Food Aid Flows 2006 - May 2007
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