Algérie (20/09/2019) : Un vendredi historique
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En ce 31ème vendredi de révolution, la mobilisation populaire a déjoué tous les pronostics. La détermination était au rendez-vous malgré les intimidations trop nombreuses du pouvoir en place. A Alger comme dans toutes les villes d’Algérie, le général Gaïd Salah en a pris, au seuil de ses 80 ans, pour son grade. Ses discours enflammés à l’encontre du Hirak ont fini par se retourner contre lui. Le peuple lui a clairement signifié que l’Algérie est bien plus grande qu’une caserne. Largement décriée, sa démarche martiale n’a fait que discréditer le commandement militaire aux yeux de l’opinion publique.
Incapable de séduire, incapable de convaincre, incapable même de faire peur, le général Gaïd Salah vient de recevoir le coup de grâce. Son aventure n’a pas trop duré. Ses prédécesseurs étaient beaucoup plus malins que lui, et surtout beaucoup plus prudents. A force de tirer dans tous les sens, il s’est fait énormément d’ennemis. L’histoire ne retiendra de lui que l’image de celui qui a tenté d’avorter une révolution prometteuse.
Les slogans entonnés à l’occasion de ce vendredi historique rappellent à quel point il est urgent de mettre fin aux agissements liberticides du général. L’exacerbation a atteint le summum. Le 19 juin dernier, il a donné des instructions aux forces de l’ordre pour interpeller toute personne en possession du drapeau amazigh. Le 30 juillet, il a mis en échec le processus de dialogue national après avoir refusé de détendre l’atmosphère par des mesures d’apaisement longtemps réclamées par une grande partie de l’opposition. Le 18 septembre, il a ordonné de fermer les accès d’Alger à tous les véhicules venant des autres localités pour participer aux manifestations du vendredi. Par ces décisions arbitraires, il a réussi à mettre tout le monde d’accord sur la nécessité de son départ.
Le calendrier du peuple devance de trop loin celui du régime. Refuser d’admettre cette réalité relève de l’autisme politique. Des négociations doivent désormais être entreprises par l’institution militaire, l’objectif étant de se mettre au service de la volonté populaire. Le 2 avril dernier, l’Algérie a tourné la page de Bouteflika. Bientôt, elle tournera celle de Gaïd Salah.
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