Algérie : Un 11 janvier assassin
Il était une fois en Algérie, il y a 20 ans, c’est-à-dire la veille du 11 janvier 1991, un semblant de démocratie sous la garde d’un semblant de Président avec un gouvernement formé de polichinelles. Il y avait un peuple de braves gens qui s’apprêtait pour la première fois, et ce fut la dernière, à prendre le pouvoir qui lui revenait de droit sous un parti politique trop parfait pour une armée encadrée à l’époque par des voyous. Et une junte militaire composée de fripons assassina la république démocratique pour la remplacer par une république bananière ; tout s’écroula ce 11 janvier et depuis, l’Algérie s’enveloppa dans l’urgence, avec en otage un peuple désormais vulnérable qui se familiarisa avec une précarité versatile mais durable. Le heurt de ce maudit 11 janvier assassin fit de l’Algérie une boule d’oublis atteinte de cécité mentale peuplée par des êtres traumatisés ; voilà ce que nous devenons ce 11 janvier 2011 ; un tas de rien, en fait !
Pour autant, les serviteurs de la junte militaire à la veille de ce 20ème anniversaire, ne veut pas oublier ; soupçonnant peut-être une opération de changement en vue, ils mijotent un menu varié en magouilles pour colmater le peu de mémoire qui a échappé à leur vigilance et s’est réfugié dans les têtes de nos jeunes qui justement n’ont pas connu la tragédie du 11 janvier 1991 qu’à travers les soupirs de leurs parents.
Ces soupirs plaintifs ont dû creuser un tunnel de vérité dans les têtes des enfants qui ont cru bon de soulager leurs parents. Mais les fabricants du malheur algérien, en connaisseurs de nos peurs dans lesquelles ces enfants sont nés, connaissant bien notre lâcheté due au traumatisme janvériste ont simplifié leur mission en les attendant au virage ; des émeutes particulièrement violentes ont éclaté secouant plusieurs villes du pays affichant un désespoir meurtrier dans une dimension sociale aux couleurs de la lassitude et de l’injustice ! Les ténors du pouvoir étranger à ce peuple tentent comme d’habitude de réduire à une révolte à cause d’une simple augmentation du prix de l’huile et du sucre qui ne tardera pas à redescendre pour marquer ainsi une vulgaire présence de l’état !
Après quatre jours d’émeutes, on déclare quatre victimes et on qualifie avec la complicité des soi-disant partis politiques et élites que les émeutiers de voyous et de mal éduqués manipulés par les milieux occultes englobant ainsi leurs parents ; ce qui fait comprendre que le peuple est un lâche ! Et le pouvoir s’enfonce encore dans le mépris du peuple en décidant que cette révolte n’a aucune raison d’être et que les prix de l’huile et du sucre réduit pour ainsi dire à ces jeunes que le pouvoir qui a éreinté leurs parents est toujours là pour les briser.
Au lieu de les comprendre et les caresser socialement et politiquement, on leur émit des messages qu’ils arrivent à peine à comprendre !
Mais nous les traumatisés victimes du 11 janvier 2011 nous avons bien compris leurs messages et les nous transmettons « fidèlement » à nos progénitures. Les ténors du pouvoir refusent toute alternative qui pourrait passer les règnes à ceux qui leur reviennent de droit ; c’est-à-dire : ceux qui passent par les urnes et qui ont l’aval du peuple. Nous avons compris mais eux ne veulent pas comprendre que tôt ou tard la justice reviendra ; ce sera notre dernier mot !
En ce 11 janvier 2011, il nous est offert une occasion pour remémorer ce qui fut le début du malheur algérien et nous interpellons tous les Algériens y compris les faiseurs de nos malheurs de penser à un vrai consensus de paix autour d’une table réconciliatrice dans le but de rassembler autour du principe de vivre ensembles dans la différence sur ce bateau appelé Algérie sans que personne n’exclut l’autre.
Qu’on sache que l’ouverture politique est désormais la seule solution pour que renaisse la confiance sans quoi il n’y aura rien de durable.
En fait pourquoi ne pas penser à faire de 2011 l’année du bonheur algérien ?
Laïd DOUANE ;
Bouira le 11 janvier 2011.
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