Connaissez-vous Mélanie Heard, originaire de Thiais dans le val de Marne ? Avez-vous déjà croisé Peter Elvinger en faisant vos courses à Nation ? Les visages de David Bernard Lapierre ou d’Eric Rassineux vous rappellent-ils quelqu’un ? Regardez-les bien. Ce sont nos quatre « compatriotes » impliqués dans l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, chef militaire du Hamas. A l’heure actuelle ils sont fichés et recherchés par Interpol.
Petit rappel des faits :
Le 15 février dernier, la police de Dubaï présente à la Presse réunie au grand complet les résultats d’une enquête restée très secrète. Si au lendemain de la découverte du cadavre du chef du Hamas, on a pu croire à une mort naturelle, la Police possède maintenant toutes les preuves que le
Mossad a fait le coup. Grâce aux caméras de vidéosurveillance dont sont truffés les Emirats Arabes Unis, les enquêteurs ont réussi à reconstituer dans ses moindres détails le déroulement de l’assassinat : arrivée du chef du Hamas, filature, déguisements des espions, montée des tueurs jusqu’à la chambre de la victime, exfiltration des agents vers l’Etranger. (Voir
ici des extraits de la vidéo récapitulative) Onze individus sont alors directement impliqués dans l’assassinat. Les caméras de l’aéroport ont permis à la police de retracer l’arrivée à Dubaï de chaque agent et, par la même occasion, de retrouver la copie du passeport scanné à l’arrivée sur le territoire. Six sont entrés avec un passeport britannique, trois avec un passeport irlandais, un agent avait un passeport allemand et un autre un passeport français. Ce dernier, portant le nom de Peter Elvinger est présenté comme le cerveau du complot. Le 25 février, la liste des agents du
Mossad impliqués dans l’assassinat s’allonge. 15 nouveaux noms sont donnés à la presse. Trois agents sont détenteurs de passeports français, six autres possèdent des passeports britanniques, trois australiens et trois autres irlandais.
On remarquera au passage que pas un seul espion ne possède de passeport américain bien que la majeure partie, comme le montrera l’enquête, sont détenteurs d’une carte de crédit issue de la Metabank, une banque américaine et que deux d’entre eux seront exfiltrés vers les Etats-Unis.
Dès le 15 février, à Dublin, Londres et Berlin c’est le tollé général (du moins en apparence). On convoque immédiatement les ambassadeurs israéliens sommés de s’expliquer sur ce qu’on appelle déjà le « Dubaïgate ». Les portraits des agents du Mossad sont diffusés dans toute la presse et Londres dépêche des enquêteurs à Dubaï et en Israël. Les britanniques s’aperçoivent très rapidement que les noms et numéros de passeports appartiennent à de véritables citoyens qui possèdent la double nationalité et vivent en Israël. Toute la question est aujourd’hui de savoir si ces identités ont été usurpées et si oui, de quelle manière ?
En France, on ne s’affole pas… Une puissance étrangère commet un assassinat ciblé en utilisant des identités françaises et le quai d’Orsay met trois jours à réagir. Ce n’est que le jeudi 18 février qu’on convoque l’ambassadeur d’Israël qui d’ailleurs n’est pas là. C’est son second qui se déplacera pour signifier, bien entendu, qu’il n’est au courant de rien. A l’Elysée on condamne benoitement l’utilisation jugée frauduleuse de passeports français et on déclare attendre « les avancées de l’enquête » menée à Dubaï.
Le plus étrange est le comportement de la presse française. A l’heure qu’il est, pas un journaliste n’a enquêté sur ces quatre « français » recherchés par Interpol. Leurs photographies sont très rarement publiées. Quand on les aperçoit, ce n’est pas nommément et isolément mais dans
le trombinoscope des suspects diffusé par Interpol.
Les journalistes français ont pourtant toutes les informations à leur disposition. Ecœurée par les méthodes israéliennes, la police de Dubaï a livré lors des conférences de presse une foule de détails sur l’opération : parcours des agents, téléphones utilisés, cartes de crédits et, bien sûr, copies des passeports des suspects. On n’en retrouve la trace dans aucun journal français. Motus et bouches cousues. Seul Renaud Girard, dans Le Figaro du 9 mars donnera le numéro de celui d’Elvinger : 04FB624817, établi par la préfecture de police de Paris le 7 juillet 2004.
Le Quai d’Orsay affirme que le passeport est un faux. La police de Dubaï a une autre version des faits : les passeports utilisés par les agents du Mossad ne sont pas des contrefaçons, pour la majeure partie ils semblent avoir été établis par des organismes dûment habilités. Si les photos sont fausses, les immatriculations semblent dûment enregistrées…
Pas un journaliste n’a vérifié si le numéro du passeport d’Elvinger ou celui de Melanie Heard (n°01DA84462, établi par la préfecture de Seine Saint-Denis le 24 mai 2002) correspondait à une immatriculation réelle. Il suffisait pourtant de demander à un petit copain flic de jeter un coup d’œil au fichier national… Quand il s’agit d’aller fouiner dans les casiers judiciaires de semi-délinquants, nos journaleux sont plus rapides…
Les numéros de passeports appartiennent-ils à d’innocents Français ? Sont-ils ceux de citoyens israéliens à la double nationalité dont on aurait usurpé l’identité comme cela s’avère le cas dans cette affaire pour quatorze individus dont les états-civils ont été volés par les agents du Mossad ?
Les services secrets français ont-ils indirectement participé à l’exécution du chef du Hamas en livrant des passeports aux espions du Mossad ? C’est une question qu’on peut se poser.
Le 9 mars, le jour même où le chef de la police de Dubaï accuse Israël de se livrer à une opération à vaste échelle de falsification de passeports occidentaux, Libération, en Une, ironise sur l’explosion des candidatures au Mossad. Suite à l’assassinat du chef du Hamas, on se battrait en Israël pour participer à des opérations secrètes anti-arabes…
Eternelle collabo, la presse française glousse haut et fort dans l’espoir de cacher qu’elle a fait dans son froc.
Nota : j’ai récupéré les copies des passeports de Melanie Heard et Peter Elvinger grâce aux informations diffusées par les télés et la presse étrangères. Je n’ai pas, pour le moment, trouvé ceux d’Eric Rassineux et David Bernard Lapierre mais les journalistes accrédités aux conférences de presse y ont eu, eux, accès.