AUKUS : les Anglo-Saxons amènent la guerre dans le Pacifique
L'accord entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, connu sous le nom d'AUKUS, prétend contrer un ennemi à 5 500 kilomètres de Canberra : la Chine. L'Australie est, en fait, la tête de pont des préparatifs de guerre américains dans le Pacifique. Hillary Clinton l'avait dit : l’avenir de l’Amérique se joue en Asie. L'objectif anglo-saxon est donc de prendre de force le contrôle de la région économique la plus dynamique au monde
Les tensions en mer de Chine méridionale sont alimentées par Washington, utilisant les revendications du Vietnam, des Philippines, de la Malaisie, de l'Indonésie ou du sultanat de Brunei sur les îles et les atolls de la région, tels que les îles Paracels et les îles Spratley. La mer de Chine méridionale est, surtout, une zone d'importance stratégique, en raison de son dynamisme économique, pour Washington. Le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et l'Indonésie luttent avec la Chine pour mettre la main sur des réserves de pétrole et de gaz dans des zones légalement mal définies.
Évidemment, les États-Unis, l'Inde et le Japon soutiennent systématiquement ceux qui s'opposent à leur challenger chinois. Les États-Unis ont, depuis le gouvernement Obama, réorienté leur stratégie économique et militaire vers l'Asie où ils veulent prendre une part du gâteau. L'accès au détroit de Malacca est crucial pour eux, comme pour Pékin et tous les autres.
Malgré les tensions, l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-est) soutiendrait plutôt une résolution pacifique des conflits en mer de Chine méridionale. Washington préfère jeter de l'huile sur le feu pour légitimer son intervention militaire.
L'histoire de l'émigration chinoise à travers le monde remonte à l'ouverture de la route maritime de la soie. Au fil des siècles, les Chinois ont émigré en masse en Asie du Sud-est et en Océanie. L'émigration chinoise vers l'Asie du Sud-est a débuté au 16e siècle, notamment à la demande des puissances coloniales européennes qui avaient besoin de main d'œuvre.
Après la Seconde Guerre mondiale, la République populaire de Chine a mis fin aux activités migratoires à grande échelle. Avec l'essor économique de la Chine, depuis les années 1980, et l'expansion de ses relations commerciales, de plus en plus de migrants chinois s'installent de nouveau dans les pays de la région.
En plus de l’ancienneté de ces flux migratoires chinois, la Chine aide généreusement au développement de ses partenaires. Le savoir-faire chinois en matière de construction d’infrastructures n'est plus à démontrer. Ainsi, l’archipel des îles Salomon exporte plus de 60 % de ses biens, essentiellement du bois et de l’or, vers la Chine, qui accorde des prêts de plus en plus généreux via la China Exim Bank pour la réalisation de grands travaux en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les énormes réserves en gaz naturel, en or, en nickel, en cobalt ou en cuivre de la Papouasie attisent toutes les convoitises. Une société chinoise développe, à Ramu, la cinquième plus grande mine de nickel au monde. La Chine est devenue un partenaire essentiel de tout le Pacifique Sud. Malgré les émeutes antichinoises de 2006 dans les îles Salomon et l’exode de plusieurs centaines de familles chinoises du Tonga, chassées par des violences xénophobes, la présence chinoise dans le Pacifique reste plus consensuelle que la politique des canonnières à laquelle ont habitué les Anglo-saxons.
Depuis sa création, le 15 septembre 2021, l'AUKUS (acronyme d'Australia, United Kingdom et United States) vise à contrer "l'expansionnisme chinois" dans la région indo-pacifique. Bien qu'il ne soit pas formellement une alliance militaire, cet accord tripartite entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni est bien un outil de guerre. Les Anglo-saxons entendent bien conserver leur empire maritime.
Dans le dos de leurs populations – sans aucun vote aux parlements ni au Congrès – les trois gouvernements ont placé l’Australie en première ligne dans cette nouvelle guerre américaine contre la Chine.
Pour la première fois, le gouvernement australien a explicitement désigné la Chine, pourtant son principal pays partenaire économique, comme la cible de cette initiative militaire. La population d’origine chinoise représente 4 % de la population australienne. Les étudiants de Chine populaire constituent aujourd’hui la première population estudiantine étrangère en Nouvelle-Zélande et en Australie. L’Australie et la Nouvelle-Zélande accueillent respectivement 24 et 10 instituts Confucius. Le parti pris de Canberra est difficilement conciliable avec ses intérêts économiques. Mais, peut-être, l'intérêt américain prévaut-il à l'intérêt national, comme en Europe, parmi les politiciens australiens.
L'accord AUKUS prévoit l'acquisition par la marine australienne d'au moins huit sous-marins nucléaires américains d'attaque de la classe Virginia, surnommés les "plus puissants prédateurs de la mer"... Puis les membres de l'AUKUS développeront une nouvelle génération de sous-marins, baptisée SSN-AUKUS. L'idée n'est donc pas de se défendre, mais bien de mener une guerre d'ampleur aux Chinois. Une guerre totale avec la Chine est l'option retenue par les Anglo-Saxons pour imposer leur hégémonie impérialiste dans la région indo-pacifique. La campagne de propagande menée dans plusieurs journaux australiens, tel le Sydney Morning Herald ou le Age, en mars 2023, visait à préparer l'opinion australienne à accepter la présence d'armes nucléaires américaines dans le nord de l'Australie et la mobilisation, à terme, des jeunes Australiens pour mener cette guerre de l'empire américain contre les Chinois. En bref, une partie de l'élite politique australienne est prête à tout sacrifier pour le compte de Washington.
Ainsi, les sous-marins et les armes américaines seront financés par des coupes dans les dépenses de santé, des restrictions sur les soins apportés aux personnes âgées et d'autres coupes budgétaires concernant d'autres services sociaux essentiels. Cette restriction budgétaire est le résultat des achats d'armement à l'Amérique : 368 milliards de dollars pour les seuls sous-marins, soit 15 000 dollars pour chaque citoyen australien.
L'empire américain en Australie
Des avions et des sous-marins d'attaque américains, ainsi que des navires de guerre, sont stationnés en Australie sur une base semi-permanente, achevant la transformation du pays en un gigantesque porte-avions américain.
L'extension des bases militaires américaines en Australie est, effectivement, un élément clé des préparatifs de guerre des États-Unis dans le Pacifique. Suite à l'annonce de l'alliance AUKUS. Le gouvernement australien s'est engagé à accueillir des troupes, des bombardiers, des avions de chasse et des navires de guerre américains "en cas de conflit militaire avec des puissances nucléaires". Cela comprend le déploiement par rotation d'avions américains de tout type en Australie, le renforcement de la coopération maritime avec des capacités logistiques et de soutien accrues des navires de surface et des sous-marins américains, et une coopération terrestre renforcée.
L'installation de l'armée américaine en Australie s'explique par son redéploiement militaire, après le retrait des troupes américaines du Moyen-Orient. Avec la fin de la guerre en Irak et le retrait d'Afghanistan, les États-Unis cherchent à réorienter leurs ressources militaires et leur énergie belliqueuse vers d'autres régions. L'Australie est un emplacement stratégique pour contrer l'influence croissante de la Chine dans la région de mer de Chine méridionale. La mer de Chine est un point de passage crucial pour le commerce maritime et renferme d'importantes réserves d'hydrocarbures. Les États-Unis veulent imposer leur tutelle sur cette région où se joue l'avenir du monde.
L'installation de l'armée américaine en Australie s'inscrit donc dans un changement géostratégique des États-Unis vers le Pacifique, afin de s'approprier les opportunités économiques de la région.
Il ne faut pas négliger le rôle et les motivations des milieux militaires britanniques dans cette folie guerrière. À son accession au trône, en 1952, Elizabeth II régnait sur un empire de 600 millions d’âmes. Le soleil ne se couchait jamais sur l’empire britannique. Le reflux avait certes déjà commencé avec l’indépendance de l’Inde en 1947, mais une partie de l'opinion britannique, derrière Winston Churchill, était bien décidé à s’accrocher à l'aventure impériale. Le Brexit pourrait bien être l'opportunité de ces nostalgiques de repartir, avec l'aide de Washington certes, dans l'aventure impériale. Dans son ouvrage intitulé "L'Empire en marche. Des peuples sans qualités, de Vienne à Ottawa", le juriste Marc Chevrier soutient que le Royaume-Uni, malgré la perte de ses colonies, est resté fondamentalement un empire, plus qu'un État-nation.
Après la victoire des conservateurs de Boris Johnson aux élections de décembre 2019, le Royaume-Uni a quitté une Union européenne qui ne le menait nulle part pour redevenir un empire sans frontières clairement définies, comme les financiers apatrides qui contrôlent la City ou Wall Street. L'empire britannique, qui était autrefois le plus grand empire de l'histoire de l'humanité, n'a pas entièrement disparu. Chevrier suggère que certains partisans du Brexit réactivent en ce moment les réseaux de l'Empire britannique, renforçant les relations économiques avec les anciennes colonies de sa majesté. Après tout, le Royaume-Uni a inoculé à l'Amérique, une de ses anciennes colonies, le virus des empires maritimes.
L'AUKUS est une menace pour la paix dans le Pacifique. La stabilité mondiale est, encore une fois, remise en cause par cette nouvelle initiative belligérante de Washington en Asie.
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