Bachar el-Assad, gouverneur d’un peuple
Bachar el-Assad est-il légitimement gouverneur d'un peuple ?
L'actuel président syrien Bachar el-Assad est confronté depuis mars 2011 à une vague de révolte d'une importance jamais vu sous son régime. Cette manifestation de colère du peuple contre son dirigeant s'inscrit dans la suite des révoltes de Tunisie, d’Égypte, de Libye et de biens d'autres pays arabes par la suite. En Syrie, le peuple aspire à un meilleur respect des droits de l'Homme et à une démocratie plus accomplie. Le nombre de mort est estimé à 5 000 selon une estimation de l'ONU.
Pourtant, il semblerait que lors de la prise de pouvoir de Bachar el-Assad en 2000, le peuple voyait en lui un réformateur. Le pays a bien bénéficié d'une libéralisation par la suite mais elle fût relativement importante, freiné par les conservateur du régime qui craignait une perte des traditions syriennes au profit des coutumes occidentales. Bachar el-assad fait donc arrêter des dizaines d'intellectuels pour la raison qu'ils franchissaient les limites du « réveil arabe » comme on appelait alors la libéralisation nouvelle de ces pays. Tenant son pouvoir de son père, Hafez el-Assad, président syrien de 1970 à 2000, sa légitimité à la tête du pays est déjà critiquable pour ceux qui voient la monarchie comme un modèle de souveraineté dépassé.
Afin de prévenir d'éventuelles tensions contre lui, Bachar el-Assad met en place un référendum présidentiel dont il reçoit 97,6% des voix. Alors deux Hypothèses, soit son peuple l'adorait et l'on ne comprend pas ce changement radical d'attitude cinq ans après, soit il y a anguille sous roche.
La vérité selon une analyse tout à fait objective est qu'il y a bien une anguille ! Et l'animal ne fut pas dur à trouver, Assad étant le seul candidat autorisé a briguer la présidence au référendum ! Et le gouvernement ne manquant pas d'humour de déclarer via le ministre de l'intérieur "Ce grand consensus dénote de la maturité politique de la Syrie et l'éfficacité de notre démocratie ainsi que de notre système de pluripartisme". De pluripartisme...
Notons au passage que Assad appartient au parti Baas qui est au pouvoir depuis presque cinquante ans et qui réprime les partis non rattachés au parti Baas sous le couvert de la loi d’exception.
Le peuple demande plus de démocratie, il ne serait pas aisé d'en demander moins.
Pourtant ces prérogatives n'ont pas empêché Assad de se faire inviter à la cérémonie du 14 Juillet en 2008 par notre cher président à nous. Après lui et Kadhafi, il ne manquait plus que Kim jong-il, mais il vient de mourir. Quand les démocratie tiennent la main des dictatures un événement s'ajoute à la longue liste des tractations commerciales.
Bachar el-Assad continue donc d'exercer le pouvoir, qu'importe si cela va de paire avec des massacres. Par ces massacre on comprend bien sûr, la répression sauvage exercée par le pouvoir sur la population dissidente, qui s'emploie depuis quelques semaines à disperser les manifestations à l'aide de bombes à clous. Une chance que la Syrie ne possède pas la bombe atomique ! Sauf que, contrairement aux révoltes antérieures, un acteur entre en jeux, la ligue arabe.
Bien des soupirs de soulagements on été poussés après la déclaration de la ligue arabe de ne pas cautionner les actes du président syrien. On peut comprendre une population qui ne veut pas recevoir des leçons d'une autre populations à la pensée diamétralement opposée (comme les occidentaux). C'est pourquoi on a longtemps pensé que la position de la ligue arabe pourrait ainsi débloquer la situation. Mais, dés l'arrivée d'observateur de la ligue en Syrie pour une visite très surveillée de plusieurs jours, une quinzaine de manifestants furent tués lors de heurts avec les forces de sécurité selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Et les dits Observateurs de déclarer le lendemain au bastion des émeutiers : "rien d'effrayant jusqu'à présent". Serait-ce que la politesse de ces émirs exige de ne pas contrarier son hôte en n'importe quelle situation ? Il n'existe pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
- Manifestants à Homs
Toujours est-il que, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, quelques 60.000 manifestants chercheraient ces observateurs à Damas, où ils sont censés se trouver. L'encadrement des représentants de la ligue se trouve en apparence très stricte, on se croirait revenu au temps de l'URSS où, quand des officiels étrangers se déplaçaient, leur environnement se trouvait purgé de tout élément critiquable. Ainsi, le chef de l'OSDH a affirmé que les chars de l'armée syrienne disparaissaient des rues le temps du passage des Observateurs de la ligue.
Évidemment, il serait naïf de penser que le pouvoir est cruel et l'opposition angélique. La violence est dans les deux camps, mais les armes les plus destructrices, elles ne sont que dans celui du pouvoir, à lui de faire preuve de plus de prudence que d'agressivité.
Après analyse des positions de l'OTAN qui ne peut se lancer dans un conflit si tôt après son intervention en Libye les pays occidentaux ne devraient pas se lancer dans une nouvelle lutte armée. La Russie n'étant d'ailleurs pas pour une intervention fait peser assez de pression pour ne laisser aucun doute. Et puis, contrairement à Kadhafi dont la raison sembler partir peu à peu, Bachar el-Assad n'a pas encore envoyé ses avions de chasse. De plus, les chiites et les alaouites qui composent le pouvoir sont contre un renversement, les sunnites, en globalité plus aisés ne désirent pas de désordre économique donc pas politique non plus, la population chrétienne n'a pas l'intention de mettre un régime islamiste au pouvoir et les femmes jouissent de plus de libertés que si elles étaient sous le joug de la charia. Donc, sauf réactions importantes des pays arabes eux-même ou l'entrée en action d'un acteur encore inconnu, le président syrien Bachar el-Assad continuera d’asseoir son autorité à outrance.
- Manifestation à Paris des étudiants syriens
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