Barack Obama, le candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine du 4 novembre 2008
Hier, en Virginie occidentale, s’est déroulée une nouvelle primaire pour la désignation du candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine. Ses résultats n’influeront pas le sort qui semble désormais favoriser Barack Obama.
Hillary Clinton a largement remporté les primaires de Virginie occidentale ce 13 mai 2008, avec 67 % des voix (235 857 votes) contre 26 % (90 608 votes) à Barack Obama (résultats sur 99 % des bureaux de vote).
Mais qu’importe…
Fin prochaine du suspense
Depuis les primaires du 6 mai 2008, l’enjeu devient de plus en plus faible puisqu’il est désormais évident que Barack Obama sera le candidat du Parti démocrate à l’élection du président des États-Unis du 4 novembre 2008.
D’ailleurs, depuis quelques jours, Obama a abandonné toute rhétorique contre sa rivale Hillary Clinton et concentre son argumentaire contre son véritable concurrent, John McCain, tant sur la politique économique que sur la sécurité des États-Unis.
Il faut dire que le 10 mai 2008 s’est déroulé un événement discret néanmoins crucial : Barack Obama a converti plus de super-délégués qu’Hillary Clinton.
Je vous le rappelle : il y a 795 super-délégués pour un total de 4 049 délégués pour le Parti démocrate. Il en faut donc 2 025 pour obtenir l’investiture démocrate.
Un super-délégué, c’est un apparatchik, un grand élu désigné d’office du Parti démocrate. Un notable en quelque sorte.
Or, aujourd’hui, aucun des deux rivaux (Obama et Clinton) ne sera en mesure d’obtenir les 2 025 délégués nécessaires à la fin du processus électoral. Il reste encore 189 délégués à désigner jusqu’au 3 juin 2008, et il reste encore 239 super-délégués à ne pas avoir donné de préférence. Ce seront bien ces super-délégués qui vont déterminer l’issue définitive du scrutin.
Scores actuels (susceptibles d’évoluer)
À ce jour, 7 mai 2008, Barack Obama a obtenu 1 882 délégués (dont 284 super-délégués) et Hillary Clinton 1 714 (dont 272 super-délégués). Chaque jour, des super-délégués décident de rejoindre la candidature Obama pour la simple raison qu’Hillary Clinton a désormais un retard impossible à rattraper (le mode de scrutin est à la proportionnelle), et que la grande majorité des membres du Parti démocrate considèrent déjà qu’Obama sera leur candidat.
Barack Obama a remporté 27 États et Hillary Clinton seulement 17. En nombre de voix remportées dans ces primaires depuis janvier 2008, Obama a déjà obtenu 16 261 716 (49,7 %) et Clinton 15 439 337 (47,1 %), les voix de Virginie occidentale non comprises.
Hillary Clinton a encore quelques espoirs sur la décision du Parti démocrate rendue le 31 mai 2008 : le Comité national démocrate dira s’il faut ou pas réintégrer les délégués élus en Floride et dans le Michigan (ils avaient été exclus pour raison de vice de procédure) où Hillary Clinton avaient remporté une forte majorité. Dans le cas positif, le nombre nécessaire de délégués passerait à 2 209 (au lieu de 2 025), mais Obama garderait son avance avec une centaine de délégués supplémentaires.
Dans les sondages nationaux, Hillary Clinton ne jouit plus que d’une moyenne de 42,9 % contre 48,0 % en faveur de Barack Obama.
Démocrates entre primaires et vraie élection
Le troisième candidat démocrate, John Edwards, est en position difficile : il refuse d’être l’arbitre artificiel de la désignation (il a quand même une cinquantaine de délégués), mais il pencherait pour Obama, alors que son épouse, très malade (sans beaucoup d’espoir) croit beaucoup au système de santé proposé par Hillary Clinton.
Confiant dans le sort final que le Parti démocrate lui réservera, Barack Obama a décidé de quitter l’arène interne et les primaires pour se consacrer à l’élection nationale. Il ne reste plus que cinq États : l’Oregon (52 délégués), le Kentucky (51 délégués), Porto Rico (55 délégués), le Montana (16 délégués) et le Dakota du Sud (15 délégués).
Ainsi, le 6 mai 2008, il s’est rendu dans le Missouri puis, ce 7 mai 2008, il est attendu dans le Michigan et enfin en Floride du 21 au 23 mai 2008. Ce deux derniers États sont parmi les États cruciaux pour remporter l’élection du 4 novembre 2008 (on se souvient de l’importance de la Floride en 2000).
Hillary fait de la résistance
De son côté, Hillary Clinton a fait une téléconférence le 10 mai 2008 avec les super-délégués qui la soutenaient encore pour leur demander de conserver leur soutien à sa candidature et essayer de les convaincre que tout n’était pas encore joué.
Il faut dire qu’elle a 20 millions de dollars de dettes avec cette campagne et a participé pour plus de 6 millions de dollars de sa propre poche.
Pourquoi Hillary Clinton s’accroche-t-elle donc autant alors qu’elle n’a plus aucune chance d’être la candidate démocrate, au risque d’accroître les divisions entre les supporters des deux rivaux démocrates ?
Beaucoup d’arguments peuvent expliquer son maintien dans la course.
Le premier est l’entêtement tenace dont Hillary Clinton a fait preuve depuis cinq mois, jouant des coups bas, de la mauvaise foi et du marketing politique au ras des pâquerettes contre Obama, aidée en cela de son époux, Bill (et même de leur charmante fille).
Et elle croit encore qu’Obama est capable de faire une (nouvelle) gaffe qui la remettrait en piste. Une polémique ou une maladresse en défaveur du favori permettrait d’insister sur son inexpérience (le contre-argument d’Obama est relativement facile à comprendre : il s’agit de rappeler que le gouvernement de George W. Bush est composé d’hommes de très grande expérience qui ont pourtant mené la guerre en Irak dans la plus grande des impasses).
Un autre élément à prendre en compte est son endettement massif : son maintien dans la course lui permet donc de continuer à collecter des fonds pour renflouer les déficits.
Une troisième explication reprendrait celle qui a fait maintenir dans la course plus longtemps que raison le candidat républicain Mike Huckabee contre John McCain, à savoir, avoir un meilleur rapport de forces pour sa position politique au sein de son parti. Par exemple, prendre des responsabilités importantes dans une commission au Sénat ou ailleurs.
C’est aussi un moyen médiatique de continuer à exister politiquement et, surtout, d’adoucir cette campagne plutôt violente pour finir avec un aspect plus consensuel.
Un ticket Barack Obama – Hillary Clinton ?
D’autres évoquent aussi la possibilité d’être dans le ticket d’Obama comme candidate vice-présidente. Cela avait été déjà envisagé en mars 2008, mais dans l’autre sens, Obama vice-président d’Hillary Clinton.
Cela me paraît pourtant peu vraisemblable aujourd’hui même si la compétence d’Hillary Clinton est incontestable et largement reconnue par Obama (qui n’a pas exclu l’hypothèse) car ce dernier a misé sur le changement (« we can believe ») et Hillary Clinton démentirait le thème dominant de sa campagne. Par ailleurs, Hillary Clinton avait déjà pris beaucoup de poids politique lorsque son époux était à la Maison-Blanche et sa présence près du bureau ovale (ainsi que celle de son mari) pourrait faire de l’ombre à l’action d’Obama.
Ce serait pourtant sans doute le meilleur moyen qu’auraient les démocrates pour oublier leurs profondes divisions même si aujourd’hui, que ce soit face à Hillary Clinton ou face à Barack Obama, John McCain accuserait un retard moyen de 4,5 % dans les sondages. Tout peut évoluer très vite en fonction des incidents de campagne de part et d’autre.
Tout se décidera au plus tard à la Convention démocrate qui aura lieu du 25 au 28 août 2008 à Denver dans le Colorado.
Après Hillary Clinton, John McCain à affronter
Dans tous les cas, Barack Obama est maintenant dans la cour des grands, voire des très grands.
La partie est loin d’être gagnée pour lui. John McCain a lui aussi l’attention de l’électorat dit "centriste", celui qui n’est pas fidèle à un parti et parfois abstentionniste, dont le vote a toutes les chances d’être la clé du scrutin de novembre.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (14 mai 2008)
(Sources : dépêches de presse)
Pour aller plus loin :
Situation en temps réel des primaires démocrates.
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