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Accueil du site > Actualités > International > Barack Obama : nouvelle alliance ou cheval de Troie ?

Barack Obama : nouvelle alliance ou cheval de Troie ?

Comme jamais dans l’histoire, l’élection du nouveau président des Etats-Unis est apparue comme capitale au monde entier. La raison se trouve certes dans la situation de l’hyperpuissance et les enjeux internationaux actuels, mais aux yeux du plus grand nombre, c’est surtout la personnalité du vainqueur qui enthousiasme tellement elle semble ouvrir une perspective nouvelle pour l’harmonie mondiale.

Le fameux effet Bradley tant redouté des stratèges d’Obama et de leurs alliés médiatiques n’a pas eu lieu, terrassé par la phénoménale machine qu’est la dynamique Obama. L’offensive totale qui a marqué les derniers temps de la campagne aura donc assuré un succès sans appel. L’ensemble des grands médias américains et occidentaux s’est mobilisé pour assurer la victoire du nouveau champion dans une coalition inédite transcendant tous les clivages traditionnels d’obédience politique. En s’appuyant sur la puissance morale de l’opinion mondiale acquise à Barack Obama, les nouveaux soutiens du candidat ont convergé vers un point de ralliement unique dans l’histoire associant l’establishment au « quart-monde ».

Les peuples du monde sont pour Obama…

Si l’essentiel des sondages électoraux s’est porté sur les Etats-Unis et l’Europe, il n’est aucun continent qui n’a été soumis à son enquête d’opinion. Et qu’ont révèlé toutes ces consultations ? Une victoire planétaire sans appel du nouveau champion. Aux dernières enquêtes, Mc Cain n’emportait la préférence du public que dans le seul Israël. L’enthousiasme que provoque l’élection d’Obama est un phénomène absolument inédit à l’échelle historique. Du Golden boy de la City Londonienne au triporteur de Shanghai, de la playmate de Stockholm à la paysanne de Tombouctou, c’est l’union sacrée des individus et des peuples. Obama en un temps extrêmement court, et juste grâce à quelques déclarations souvent extraites de discours et d’images rapportées par les médias, a cristallisé une espérance qui offre à l’humanité un regard commun. Sa biographie telle qu’elle est présentée a bien sûr tout aussi joué un rôle majeur dans ce mouvement fantastique. Parti de pas grand-chose, cet homme, fils d’un Africain noir et d’une Américaine blanche, est né à Hawaï et a grandit en Indonésie avant de se forger le plus fabuleux destin à la force de sa volonté. Si elle a toujours concerné le monde entier, l’élection de « l’homme le plus puissant du monde » est cette fois devenue une affaire des citoyens de tous les continents. Ces électeurs putatifs sans droit ni titre ont pourtant bien tenté de faire entendre leur voix. Il n’est de pays sans son club de fans d’Obama. Les réseaux sociaux virtuels hors USA regorgent de communautés dédiées au nouveau champion constitués de millions de fans. D’où qu’il soit, le fan de Barack Obama se sent un lien personnel avec lui et la légitimité d’intervenir d’une manière ou d’une autre en faveur de son succès. Dans l’imaginaire planétaire, il s’être développé une croyance du type : « Obama est un citoyen du monde qui a en lui quelque chose de chacun de nous ; il apparaît donc évident à tous de lui faire confiance ». 

…l’establishment aussi

Si les peuples du monde se sont unis derrière Barack Obama, ils n’auront pas été ses seuls soutiens et surtout peut-être pas les plus déterminants. Depuis que le nouveau champion a réussi à battre Hillary Clinton lors des primaires du parti démocrate, on a pu assister au sein des faiseurs d’opinion à un ralliement aussi inédit que celui des peuples. Cette tendance s’est cristallisée à la suite du déclenchement de la crise économique actuelle. Même dans les milliers financiers les plus obtus, Barack Obama a raflé largement la mise à son rival John Mc Cain devenu dans le même temps aphone sur les ondes. De nombreux lobbies se sont raccrochés aux wagons et l’ensemble de la presse occidentale à l’exception de la chaîne de télévision Fox et relativement de sa consœur ABC aux USA, ont pris fait et cause pour lui de manière ostantatoire au point de surprendre certains de leurs clients. A titre d’anecdote, nombre de lecteurs du Figaro en France ont été ulcéré par la position de leur journal qui encensait Obama. Le matraquage médiatique n’a pas cessé de monter en puissance à l’approche des élections avec un avantage toujours accru pour Barack Obama. Ce parti pris était tellement manifeste qu’il aurait pu gêner des scrutateurs froids de la scène politique. Même parmi les ténors du parti républicain, ils s’en est trouvé pour ne soutenir Mac Cain qu’à demi-mots et reconnaître ostensiblement les qualités de son adversaire. Cette situation inédite ne peut que susciter des doutes chez tout observateur attentif. Si on y rajoute les déclarations de la deuxième partie de campagne d’Obama extrêmement pro-israélienne faite devant l’Apaic et lors de sa visite dans l’état hébreux, les menaces envers l’Iran et le Pakistan, le laisser faire sur la détention d’armes à feu, son recul devant les exploitants pétroliers, l’approbation presque entière du plan Paulson et la molesse de sa condamnation des spéculateurs financiers, on pourrait douter de la pertinence des espoirs placés en lui par les peuples. Il serait même tentant de penser comme certains que le nouveau champion planétaire est en fait un magnifique cheval de Troie trouvé pour berner le peuple américain, l’opinion mondiale et les dirigeants des pays concurrents afin de maintenir le statu-quo par ces temps périlleux. La crise économique que nous vivons n’est que le révélateur d’un système extrêmement fragilisé qui a vu parallèlement la montée en puissance de nouveaux rivaux des Etats-Unis et de l’Occident plus globalement. L’hyperpuissance n’ayant plus qu’un seul atout objectif majeur qui est sa capacité de nuisance planétaire, il ne lui resterait plus qu’une marge de manœuvre sur le terrain de l’émotion pour maintenir sa place vacillante. Cette coalition de l’establishment US et occidental, dont il est depuis longtemps démontré que les intérêts sont antagonistes à ceux des peuples, en faveur d’Obama ne préparerait-elle pas l’un plus beau tour de passe-passe jamais imaginé ?

Saisir l’opportunité pour forcer le destin

L’hypothèse de ce scénario tragique nous oblige à interrompre un instant l’enthousiasme général pour reconstruire notre raisonnement. Mais qui est donc Barack Obama ? Que pense-t-il vraiment ? Et quelle sera sa présidence ? Ces trois questions restent sans réponse satisfaisante malgré près de deux annnées de campagne électorale. Nous avons en revanche quelques éléments qui permettent de poser des balises. Barack Obama est un authentique citoyen du monde par son expérience vécue. C’est ensuite un jeune homme qui a construit son parcours par une immersion dans les milieux qu’il souhaitait connaître. Il sera tour à tour sympathisant gauchiste, animateur social dans les quartiers populaires de Chicago, avant de d’intégrer Harvard et de devenir le rédacteur en chef de la Harvard Law Review. Ce passage par la prestigieuse université lui aura permis de gagner un prestige intellectuel fort utile pour la suite. Même son engagement religieux est une action pensée. La politique n’apparaît alors dans cette perspective que comme l’aboutissement d’une visée patiemment étoffée et son engagement un projet de vie. Dans la première moitié de sa campagne, Obama a annoncé clairement la couleur par sa volonté inédite de transcender les clivages politiques pour résoudre les questions de fond sur la couverture médicale et le chômage. Il a également promis une ouverture sans précédent vers les adversaires des Etats-Unis. En cela sa philosophie ressemble à s’y méprendre à celle actuelle de Jimmy Carter. Une fois posées ces bases sur sa personnalité et sa pensée, on peut se pencher sur sa capacité à conserver son indépendance. Et pour cela quatre points majeurs se dégagent. Il apparait en premier lieu sa position rare et farouche contre la guerre en Irak. Arrive ensuite son très célèbre et puissant discours sur les races aux Etats-Unis, prononcé totalement à contre-courant de l’opinion médiatique qui le sommait de renier son passé. Nous aurons plus tard son refus ferme de retenir Hillary Clinton comme colistière alors qu’objectivement à l’époque cela apparaissait comme la symbiose électoralement gagnante. Et pour conclure, il faut préciser que le soutien franc des nombreux lobbies et des grands médias n’est apparut qu’après la défaite de Madame Clinton et le déclenchement de la crise financière. On peut ainsi imaginer qu’il a négocié leur ralliement en relative position de force. Concernant ses déclarations conservatrices sur les sujets de conflits lourds, cette posture de deuxième partie de campagne semble purement opportuniste à l’observateur attentif tellement elle est surjouée.

Aider la promesse à s’accomplir

Barack Obama apparait comme un homme ayant un franc recul sur les évènements et un sens poussé de la stratégie. Après avoir annoncé ses intentions dans un premier temps, il a manifestement décidé de ne pas compromettre l’atteinte de son but pour des raisons stratégiques. En revanche, son élection ne sera que le début d’un combat long et tout azimut contre les ordres établis dans lequel ses nombreux supporteurs ne sauraient rester passifs pour espérer la victoire du changement annoncé. Se poser dès aujourd’hui en pessimiste ou même en attentiste face au risque d’échec ne saurait être productif. C’est bien pourtant une tendance qui s’observe chez de nombreuses personnes qui prédisent une désillusion à la hauteur de l’espérance suscitée avant même la moindre initiative du nouveau président. La moralité des intentions des uns et des autres reste évidemment à distinguer. Parallèlement, jouer sur le registre du dithyrambe dévot n’est pas non plus une solution efficace. Ce serait offrir un chèque en blanc non pas vraiment à Obama, mais à l’establishment planqué derrière lui. Le nouveau locataire de la Maison blanche sera un homme étroitement encadré pour les pessimistes et très isolé pour ceux qui le croient authentique et profond. Il est donc indispensable pour les uns et les autres d’essayer de profiter du début du mandat pour fourbir les moyens de peser sur sa future politique afin de tenter de prévenir le carcan qui ne tardera pas à se refermer sur lui. Et pour cela aucune idée ou les initiatives ne sauraient être de trop. La campagne de Barack Obama a ouvert une voie inédite en réalisant à elle seule le plus formidable réseau social virtuel et réel jamais constitué : huit millions de bénévoles donateurs ont été engagés pour mobiliser 180 millions de donateurs et votants potentiels. Ce fantastique système a pour l’heure été descendant partant d’Obama vers ses cibles. Maintenant que son efficacité et son fonctionnement son connues, pourquoi ne pas l’imaginer ascendant, partant des 180 millions vers le président Obama pour visualiser ses perspectives ? Autre illustration sur les idées, Agoravox fait partie des initiatives à fort impact et aujourd’hui il ne viendrait à l’esprit de personne de sain de juger son existence farfelue. N’en déplaise aux Cassandre improvisés, à deux mois de sa prise de fonction officielle, aucun analyste sérieux ne se risquerait à prédire le succès ou l’échec de Barack Obama. Mettant à profit la dynamique actuelle, les supporters du changement ne devront pas attendre que le vent tourne pour s’engager à aider la promesse portée par Obama à s’accomplir.


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10 réactions à cet article    


  • Act 11 novembre 2008 18:30

    La question se pose au moins pour les millions de donateurs et tout autant pour ceux qui aujourd’hui y croient aux Us et dans le monde entier. Pour l’heure Obama c’est un tout qui va de la colombe au faucon plus ou moins repenti


  • Act 11 novembre 2008 18:47

    C’est votre droit Cassandre. Laissez aux autres qui sont juste quelques milliards leur liberté


  • François M. 11 novembre 2008 15:07

    Wow, si j’étais vous, comme je disais ailleur sur Agoravox, je ne ferais pas trop d’illusions.

    Attendez de voir la douleur que les Américains vont avoir en réalisant que leur rêve américain n’était que ça : du rêve. C’est pathétique.

    Je vous recommande ce billet :

    Obama : le vrai changement ?


    • Act 12 novembre 2008 11:40

      Vous êtes sympa de me mettre en garde François, mais votre post est bien trop lapidaire pour y trouver autre chose que de la propagande pour votre papier fortement complotiste (c’est bien la première fois que j’utilise ce terme). Vous en faites d’ailleurs la publicité sur d’autres articles d’Agoravox tentant sans vergogne de détourner les lecteurs vers votre site. J’ai toutefois pris la peine de le lire pour découvrir des extraits choisis hors de tout contexte et des affirmations rigoureusement gratuites. Il y a même dans votre espace Internet un papier sur l’usurpation de nationalité d’Obama. Quel sérieux ! on dirait une secte votre machin.

      Cet article appelle à la réflexion face à l’enthousiasme légitime que suscite l’élection d’Obama. Comme dit clairement plus haut, pour l’heure personne de sérieux ne peut présager du succès ou de l’échec de son mandat. Monter une clique anti-tout pour égarer les désenchantés ne me semble pas très louable. Les choses ne font que commencer et inciter les uns et les autres à participer ou à s’engager me parait autrement plus intelligent


    • Bois-Guisbert 11 novembre 2008 16:04

      Mettant à profit la dynamique actuelle, les supporters du changement ne devront pas attendre...

      Vous vous illusionnez complètement. Leur engagement est hautement superficiel et pour 99,9 % d’entre eux, il sera sans suite même à court terme.

      Cet engouement passager est de même nature que celui qui a jeté dix millions de personnes dans les rues contre la guerre en Irak, le 15 février 2003, ou 400’000 personnes contre Haider, le 19 février 2000.

      La suite montre à chaque fois, que la "dynamique" chute de 90 % par tranche de quatre semaines, ce qui fait qu’au bout de vingt semaines, il n’y a plus personne. A Vienne, il restait une cinquantaine d’irréductibles que les passants ne regardaient même plus, ou alors comme des bêtes curieuses.

      Les militants de l’obamisme – je ne parle même pas des 180 millions de donateurs, de donateurs prétendus, tant ce chiffre fouette l’intox - connaîtront exactement le même déclin, puisqu’ils ne seront plus portés par l’exaltation de la proximité de la victoire... On peut donc prévoir la démobilisation des derniers éléments de l’arrière-garde vers la mi-mars 2009.

      Et ce sera vraisemblablement pire que dans les exemples précédents, puisque après avoir cru qu’ils l’avaient emporté, les supporters d’Obama constateront, trivialement, au jour le jour, qu’ils n’ont rien gagné du tout... Cela pour ceux qui n’auront pas déjà - une large majorité - été complètement déconnectés du mouvement par leurs préoccupations et problèmes personnels.

      Il ne leur restera plus alors que le souvenir d’une toquade qui les aura distraits de la banalité de leur vie quotidienne pendant quelques semaines... Ainsi va la vie.

      Désolé, si j’ai dégonflé vos illusions, mais c’est, de toute manière, ce qui vous attendait au cours des mois à venir…

      P.S. – Vous ne pensez tout de même pas qu’Obama serait capable de susciter et d’entretenir une mobilisation populaire permanente, à coups de « batailles » successives et de défis toujours renouvelés, de type bolchevik, fasciste ou national-socialiste ?
       


      • Act 12 novembre 2008 11:44

        Comment pouvez-vous prédire de manière si certaine l’avenir ? Ce n’est pas à Obama d’entretenir la flamme. Il a déjà mobilisé pour être élu. C’est à ceux qui ont été mobilisés ou qui se sentent d’une manière ou d’une autre concernés par cette élection de se mobiliser dans l’autre sens pour peser sur les prochaines décisions de la nouvelle administration US.


      • John Lloyds John Lloyds 11 novembre 2008 20:18

        Décidement l’Obamania fait encore illusion après la nomination de l’ultra-radical Rahm Emanuel, c’est dire à quel point le show-business fut efficace, à moins que ce ne soit la population qui n’ait besoin de s’accrocher indéfiniment à un rêve.


        • Act 12 novembre 2008 11:46

          La clique anti-obama primaire a encore frappé


        • canardQuantique 11 novembre 2008 23:28

          Un peu de distraction, que diable !

          http://vioxx.labrute.fr


          • TimeLord Wetz25 12 novembre 2008 08:11

            Mio j’en connais qui vont vraiment être déçus lorsqu’ils se rendront compte qu’Obama ne fait rien de plus que les autres. Ils tomberont de haut, moi je vous le garantis ! On nous bassine avec la soit-disant "rupture de la barrière raciale" mais ce n’est rien que du vent ! Ils n’ont fait qu’élire un nouveau Président, certains y fondant leurs espoirs, mais c’est tout ! Ne jamais trop éspeter d’un politique, sauf s’il s’agit de vous, lol...et encore^^

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