Belgique : la fin du roi Albert ?
Le royaume se déchire depuis bientôt six mois et le roi, détenteur du pouvoir exécutif, semble impuissant. La riche Flandre, néerlandophone, veut faire sécession. Elle ne veut plus verser de pension alimentaire à la Wallonie, francophone. Alors, quel que soit, au fond, ce qui oppose ces deux fratries pourtant si pragmatiques qu’elles avaient pu survivre à de très nombreuses crises, le regard se porte désormais sur le roi. Pourquoi ?
D’abord, il faut dire que la ligne de partage entre Flandre et Wallonie n’est pas nouvelle. Elle date du IVe siècle à l’époque où les Francs, mérovingiens, fondent, au nord, la Flandre et, au sud d’une ligne Mouscron / Visé, la Wallonie. Des deux côtés, on parle déjà une langue différente. Puis, les siècles passent. Chahutée de part et d’autre, la Belgique demeure tant bien que mal. Même après 39- 45.
En mai 1993, le problème semble se régler. La nouvelle Constitution institue le fédéralisme avec trois régions : Bruxelles - capitale, au sud du pays flamand, la Flandre et la Wallonie. Mais la Belgique demeure fragile. Secoué par la crise économique, le ciment unitaire du royaume sera entre les mains d’Albert II, suite au décès du grand roi Baudouin 1er, le 31 juillet de cette même année.
Cependant, Albert n’est pas Baudouin et le XXIe siècle n’est pas non plus comme le précédent.
L’autorité royale n’est plus un don qu’on reçoit de Dieu. Désormais, elle se mérite et ne se décrète plus. Alors, pour les rois et les reines d’aujourd’hui, il est devenu fort agréable d’être détenteur d’une once d’autorité, pourvu, Dieu soit loué, qu’on n’ait jamais à l’exercer.
Malheureusement, c’est sur le bon roi Albert que cela tombe ! Il va devoir l’exercer cette fameuse autorité qu’il a reçue, un peu malgré lui, lors de son couronnement. De plus, comble de malchance, son royaume, c’est la Belgique. Petite par la superficie, mais grande en termes de pragmatisme. Tous les consultants internationaux le disent. Il est bon de faire des missions de consulting dans le royaume. On sait toujours où l’on va et, le donneur d’ordre n’hésite pas à vous le rappeler.
Alors, quid d’Albert II et du pragmatisme de son peuple ?
Eh bien, s’il n’arrive pas à garder son royaume entier, il perdra sa couronne. Et, il entraînera dans sa chute les autres royautés d’Europe. D’abord l’anglaise, puis l’espagnole... Tout cela, au nom du pragmatisme d’aujourd’hui. C’est-à-dire de la recherche d’efficacité en tout genre. Pourquoi embarrasser les finances publiques d’un pays par des charges royales importantes, si elles n’ont jamais aucun ROI (retour sur investissement) ?
Citoyen Albert, Majesté du royaume de Belgique, prenez votre courage à deux mains et frappez du poing sur la table. Vous avez non seulement le destin de dix millions de Flamands et de Wallons entre vos mains, mais aussi celui d’Elizabeth II, de Juan Carlos 1er, de Béatrix Ière, de Marguerite II, de Charles XVI Gustave et d’Olav V. Tous comptent sur vous !
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