Bertrand Delanoë remettra-t-il le titre de citoyen d’honneur au Dalaï lama en juin 2009 ?

Cinq jours après l’évocation de la prochaine remise du titre de citoyen d’honneur au Dalaï lama par Bertrand Delanoë, la Chine critique selon des termes mesurés cette cérémonie. La date choisie est aussi celle des élections européennes, où s’engage pour la première fois une femme tibétaine.
Le 1er mai, nous annoncions la visite du Dalaï lama en France les 6 et 7 juin 2009 (cf. article AgoraVox sur la conférence du Dalaï lama), évoquant l’attribution le 21 avril 2008 par le Conseil de Paris du titre de citoyen d’honneur de la Ville au Dalaï lama. Samedi 2 mai, Monsieur Wangpo Bashi, secrétaire général du bureau du Tibet en France, une ambassade du gouvernement tibétain en exil, avait déclaré que le Dalaï lama pourrait recevoir son titre de citoyen d’honneur des mains du maire Bertrand Delanoë lors de cette visite. Après la déclaration officielle et conjointe de la France et de la Chine mettant fin à quatre mois d’une brouille faisant suite à la rencontre en décembre dernier du président Nicolas Sarkozy et du Dalaï lama, la Chine a mis quelques jours à réagir, et ce n’est que le 7 mai qu’elle s’est exprimée sur la remise du titre. Ainsi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu, déclarait : "Il y a un an, le conseil municipal de Paris a adopté une soi-disant résolution décernant le titre de citoyen d’honneur au Dalaï lama, ce qui a soulevé une forte indignation du peuple chinois. Si la municipalité de Paris remet ce titre, cela entraînera de nouveau une forte opposition de la Chine", et d’appeler Paris à "cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures chinoises et à ne plus commettre d’erreurs au sujet du Tibet". On note la phraséologie habituelle des autorités chinoises dans les expressions utilisées. Le délai de la réaction est lui particulièrement long, ce qui suggère qu’un débat s’est produit concernant les termes employés. La conférence publique du Dalaï lama prévue le 7 juin à Bercy et qui a pour thème « éthique et société » n’est, elle, pas évoquée. De même, aucune référence à la visite en France du leader politique tibétain n’est donnée. Nicolas Sarkozy avait nié l’existence d’un accord secret entre Paris et Pékin par lequel il aurait été contraint de renoncer à rencontrer le Dalaï lama dans l’avenir en échange de la reprise de pourparlers diplomatiques de haut niveau avec la Chine.
La Chine ne semble pas comprendre l’intérêt suscité par la philosophie du Dalaï lama, si forte dans les pays occidentaux, et notamment en France. La popularité du leader des Tibétains l’inquiète, et selon certains analystes, le parti communiste chinois parie sur sa mort prochaine, planifiant de nommer un nouveau Dalaï lama au Tibet, tout comme il a nommé un Panchen lama en lieu et place du candidat du Dalaï lama, toujours en résidence surveillée depuis 14 ans. Pourtant de telles mesures n’ont pour effet que l’augmentation de la défiance et des critiques des Tibétains à l’égard du pouvoir chinois actuel et de ses partisans. Ainsi, Kalshang Dolma Rangeard, une Tibétaine née en Inde, réfugiée politique en France et militante de la cause tibétaine, s’est-elle engagée en politique pour les élections européennes de 2009. Première femme tibétaine à se présenter aux élections européennes, elle a rejoint la liste sud-ouest d’Europe écologie de José Bové. Elle a vivement critiqué Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche qui, lors des manifestations au Tibet en 2008 « a défendu le régime chinois sans savoir comment le pouvoir traite son peuple et les Tibétains. » Ainsi, le 7 juin aura une tonalité tibétaine puisque la conférence du Dalaï lama aura lieu le jour des élections européennes. Nul doute que le leader tibétain, qui œuvre depuis des décennies à l’instauration de la démocratie pour le peuple tibétain, aura une pensée et des paroles pour Kalshang Dolma Rangeard, candidate pour l’Union européenne, une forme d’organisation politique qui intéresse au plus haut point le Dalaï lama. Dans son discours au Parlement Européen en 1996, il avait en effet déclaré « En juin 1988, j’ai présenté devant cette distinguée assemblée un ensemble de propositions en vue d’ouvrir des négociations entre les Tibétains et le gouvernement chinois. Inspiré par l’esprit de votre union communautaire, j’ai formellement et publiquement exprimé mon désir d’entrer en pourparlers avec le gouvernement de la République populaire de Chine sur une base qui excluait la séparation et l’indépendance du Tibet. J’ai fait valoir auprès des dirigeants chinois le fait que l’union politique, la cohabitation pacifique et une coopération ne peuvent se réaliser que d’un commun accord, lorsque toutes les parties intéressées y trouvent un avantage. J’ai déclaré que l’union européenne en était une preuve évidente. »
On ne peut que souhaiter que les autorités chinoises, et le peuple chinois, comprendront un jour prochain la sincérité de cette déclaration, et l’intérêt qui est le leur à trouver un accord sur la question du Tibet du vivant d’un des plus grands hommes de Paix de notre temps.
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